Il est né en 1943 à Rouen. Son père était ouvrier dans la métallurgie, sa mère « au foyer ».
Son frère, de 15 ans son ainé, avait dû renoncer au métier d’instituteur en raison d’une condamnation, l’excluant de la fonction publique, pour atteinte à la sureté intérieure de l’ Etat, pour avoir collé des affiches contre la guerre d’ Indochine. Elles étaient du PCI, parti communiste internationaliste, petite organisation trotskyste.
Lycéen, Gérard s’intéressa à l’histoire de ce courant et sollicita documents et renseignements auprès d’un vieux militant, le cheminot Charles Marie. C’était l’époque des attentats de l’OAS en fin de guerre d’ Algérie, il participa à la création du Collectif lycéen antifasciste. Charles Marie ne tarda pas à le recruter tandis qu’il entamait des études à l’école de chimie de Rouen. Nous sommes en 1962. Il poursuit ses études de technicien chimiste à Angers où il devient vice-président de l’UNEF et secrétaire de l’ Union des étudiants communistes, car son organisation envoie des militant.e.s « entristes » dans le PCF pour y promouvoir une ligne révolutionnaire.
Après son service militaire, il est embauché à l’usine d’ engrais Péchiney-Saint Gobain de Grand-Quevilly, où il est bientôt élu délégué du personnel suppléant CGT. Sa compagne Paulo et lui ont une première fille en 1964, la seconde voit le jour l’année suivante. Ils militent tous deux dans la cellule du PCF de Petit-Couronne. Parallèlement, il participe discrètement aux réunions de la cellule Rouen-Vallée de Seine du PCI qui comptait entre autres dans ses rangs des anciens du soutien au FLN algérien, des journalistes de Paris-Normandie gagnés au PSU par Charles Marie, puis des jeunes animateurs de la JCR et les futurs constructeurs de la Ligue communiste, tels que Gérard de Verbizier ( responsable du suivi des entristes), Jean-Claude Laumonier, Denis Marx, Gérard Filoche. Et parfois, venu de Vernon, l’ouvrier Jack Houdet, secrétaire de la CGT du LRBA..

Fin mai 1968, il est embauché au Centre de recherche de la Shell proche de la raffinerie de Petit-Couronne.
Gérard démissionne du PCF en 1968 après l invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques, et annonce son adhésion à la Ligue communiste. Les responsables du PCF organisent la mise au ban du couple et de leurs filles, une rupture qui leur fut difficile à vivre. Paulo, employée à la Caisse primaire de la Sécurité sociale, va militer un temps à la Ligue dans la cellule d’entreprise.
Les années qui suivent seront marquées par l’activisme, de la construction d’une cellule chimie à la structuration d’une « commission ouvrière ». Même si à Rouen la jeune Ligue comptait dans ses rangs des militants ouvriers déjà expérimentés (Papeteries de la Chapelle, Renault Cléon, PTT, cheminots...), le rythme des activités était imprimé par la composition sociale majoritairement étudiante de l’organisation.
Le militantisme syndical occupe une part de plus en plus importante de son temps. Membre du bureau du syndicat CFDT chimie, il participe également aux activités de l’Union locale de l’agglomération rouennaise.
Du fait de la politique de « recentrage », se met en place un regroupement des structures opposées à cette orientation, dite « gauche syndicale » ( Ptt, cheminots, Sgen, santé, chimie...). Les années suivantes sont marquées par l’exclusion des syndicats PTT, la création de SUD en 1988, les départs successifs des structures oppositionnelles. A Shell Recherche, Gérard et une partie de l’équipe qui anime la CFDT créent la CGT en 1991, bientôt majoritaire aux élections professionnelles.
En 1995, dans le cadre d’un plan « social », il quitte la société Shell au titre d’un congé de fin de carrière. Sollicité par l’ UD CGT 76 il anime quelques temps la structure Ugict (ingénieurs, techniciens, cadres).
Au début des années 90, il devient trésorier de la section rouennaise de la LCR et responsable du service d’ordre local. La naissance du réseau « Ras l’front » lui ouvre un nouveau champ d activités, il devient le porte-parole du collectif de Rouen en 1997 et participe aux activités de la coordination nationale jusqu’à sa mise en sommeil autour de 2002.
Engagé dans le lancement du NPA , il le quitte en 2012 pour rejoindre la Gauche anticapitaliste en raison du refus de rejoindre le Front de gauche puis la campagne Mélenchon.
Il est aujourd’hui militant à la Gauche Anticapitaliste et membre de la Quatrième Internationale.
Pierre Vandevoorde
Sources :
– Pierre Vandevoorde, notice Maitron.
– Entretiens avec l’auteur.
– Paule Masson, coord., Syndicalistes ! De la CFDT à la CGT, Syllepse, 2008.
– Jean-Paul Salles, « De la LCR au NPA : l’impossible mutation ? », in Pascal Delwit, éditeur, Les partis politiques en France, Editions de l’université de Bruxelles, 2014.