A tent camp of Palestinian refugees in the central Gaza Strip, on Sunday.Credit : AFP/BASHAR TALEB
Dalal, mère de dix enfants qui vit sous une tente dans la zone humanitaire d’Al-Mawasi près de la ville de Khan Younis au sud de Gaza, fait de son mieux pour mettre ses enfants à l’abri des trombes de pluie. Tout lui est essentiel, d’une tente imperméable à des chaussures pour ses enfants.
La famille déambule pieds nus sous la pluie froide alors que la boue se répand autour d’eux. « Nous ne pouvons rien trouver », dit-elle en larmes. « Nous n’avons pas d’argent pour acheter des chaussures. J’essaie d’improviser avec des bouts de tissu, ou bien nous partageons la même chaussure pendant plusieurs jours en espérant que la pluie ne dure pas trop longtemps. »
Ailleurs à Gaza, près du front de mer, se tient une femme désespérée. Le vent a déchiré sa tente. « Il ne me reste plus rien, même ma tente improvisée est détruite », dit-elle. « Que devrais-je faire dans cette situation ? Je regarde mes enfants, m’adresse au ciel et dis, ‘Bon, ça suffit. Il vaut mieux mourir d’un tir de missile.’ »
La météo récente s’est ajoutée à la détresse dans la Bande, les tentes étant inondées par l’eau de pluie ou les eaux usées à cause de l’infrastructure détruite. A cette époque-ci l’année dernière, de nombreux reportages ont fait état de la détresse causée par la pluie qui s’infiltrait dans les maisons et les tentes. Mais ce n’était qu’aux premiers jours de la guerre et le nombre de Palestiniens déplacés était beaucoup moins important.
La situation cette année est bien pire, la détresse croissant dans la population. Plus de dix millions de Palestiniens dans l’ensemble de Gaza vivent maintenant dans des logements détruits ou sous des tentes qui n’offrent pas de réel abri aux réfugiés déplacés.
Dimanche, les services de secours de Gaza ont appelé les organisations d’aide et la communauté internationale à une aide immédiate, dont une demande de tentes et de mobile homes pour des centaines parmi plusieurs milliers de réfugiés. Cet appel faisait remarquer que l’inondation cause de lourds dommages, détruisant les biens personnels et la literie.
D’après l’appel, Gaza fait face à une catastrophe humanitaire si les Palestiniens déplacés continuent de vivre dans ces conditions extrêmes, particulièrement dans les camps de tentes surpeuplés. Les tentes fournies au début de la guerre ne suffisent plus pour mettre à l’abri de la météo qui s’aggrave un nombre croissant de personnes, a-t-il ajouté.Le porte-parole de la municipalité de Gaza, Asim Al-Nabih, a également émis un communiqué dans lequel il a listé l’échelle des dommages et le besoin urgent d’une réponse au sujet des infrastructures dévastées et des dommages sur les systèmes de drainage des eaux usées et de la pluie dans la ville de Gaza.
D’après Al-Nabih, plus de 175.000 mètres de canalisations d’égouts, et 105.000 mètres de canalisations d’eau ont été détruits depuis le début de la guerre. La situation est vraisemblablement encore pire dans d’autres zones de la Bande.
Al-Nabih a souligné le besoin urgent de canalisations et de maintenance des outils pour réparer le système de drainage de la ville de Gaza. Cependant, la municipalité de Gaza et d’autres conseils municipaux qui fonctionnent partiellement reconnaissent que la réparation des infrastructures est vaine alors que la guerre continue. On ne voit toujours pas qui pourra prendre en charge cette crise grandissante.
« Nous sommes dans une situation chaotique majeure », a dit à Haaretz un résident qui travaillait précédemment dans une organisation de défense des droits de l’homme dans la Bande.
« Un régime de milices et de clans est en train de naître à Gaza. Le Hamas est encore présent dans quelques endroits, mais aucun de ces groupes ne peut faire entrer aucun équipement à Gaza, sans parler de l’avancement d’un projet d’infrastructures tant que le souverain est l’armée israélienne », a-t-il dit.
« Nous n’avons aucune idée de ce qui va se passer. La seule chose que nous voyons, c’est la destruction et la dévastation, la maladie et la mort, et maintenant, nous devons également affronter l’hiver et la pluie. On peut résumer la situation en deux mots : désespoir et catastrophe. »
Jack Khoury | Haaretz