Les commentateurs zélés du sarkozysme ne tarissent pas d’éloges après la privatisation éclair de Gaz de France (GDF), fusionné avec Suez Énergie, alors que le mariage s’embourbait, en partie du fait de Sarkozy lui-même. Privatisation de GDF, mais renationalisation de Suez, claironnent certains, puisque l’État garderait 35 % du nouveau groupe.
La Bourse semble bouder l’opération, car le dividende exceptionnel espéré par les actionnaires de Suez est moins juteux que dans le projet initial. Sarkozy a évité que son coup politique ne soit entaché par un coup de Bourse immédiat pour ses amis actionnaires (par exemple, le financier Albert Frère, qui a poussé Suez au compromis). Mais tout ceci n’est que partie remise : la partie « eau-déchets » de Suez étant convoitée, de grandes manœuvres vont redémarrer, et les salariés de Suez Environnement ont tout à craindre pour l’avenir. De même, le monopoly mondial de l’énergie va se redéployer, puisque GDF-Suez devient le quatrième géant, directement concurrentiel d’EDF, lequel pourrait être contraint à se lancer dans... le gaz ! Les 50 000 salariés communs à EDF-GDF (distribution) sont sur la sellette. Les centaines de milliards d’euros inutiles injectés dans la guerre énergétique [1], du fait de la libéralisation imposée par la Commission européenne et les États, ne font que produire des monopoles privés, maîtres des prix (en Allemagne, ils s’entendent même pour racketter leurs clients), qui vont exiger l’annulation des tarifs réglementés au nom de la concurrence non faussée. La hausse, déjà concédée, de 35 % du prix du gaz va, à terme, s’envoler, et le prix de l’électricité va rejoindre tôt ou tard le prix « libre ». Au total, ce sera donc la guerre de tous contre tous, l’emploi détruit, les consommateurs bernés et le service public explosé, avec les menaces sur l’environnement ou des pannes géantes.
L’affaire sera bouclée en 2008. Pour riposter, il convient d’associer (par exemple, à travers la Convergence des services publics) usagers, salariés GDF et EDF, partis politiques, associations de défense de l’environnement, dans une perspective de renationalisation totale d’EDF-GDF, mais aussi de Suez, seul moyen d’une maîtrise démocratique de l’énergie, mais aussi de l’eau, dont la nécessité revient au premier plan.