TOKYO CORRESPONDANT
La chancelière allemande Angela Merkel, en visite à Tokyo, a pu mesurer, mercredi 29 août, la détermination du chef de l’opposition, Ichiro Ozawa, à refuser la prolongation de la mission d’appui logistique apporté par la marine japonaise dans l’océan Indien aux forces américaines et internationales engagées en Afghanistan. A moins d’être reconduite par un vote au
Parlement - dont la Chambre haute est désormais contrôlée par le Parti démocrate -, cette mission prend fin le 1er novembre.
Après avoir éconduit il y a deux semaines l’ambassadeur américain, Thomas Schieffer, qui le pressait de reconsidérer sa position, M. Ozawa a réitéré son refus de reconduire cette mission au cours d’un entretien avec Mme Merkel, qui faisait valoir l’importance de celle-ci pour les navires allemands dans la région.
M. Ozawa, qui est opposé au déploiement des troupes de l’OTAN en Afghanistan, a déclaré ne pas être hostile à la participation des forces japonaises à des missions à l’étranger, à condition que celles-ci aient été autorisées par les Nations unies. « Rien de vous oblige à suivre le point de vue unilatéral des Etats-Unis », a-t-il lancé à Mme Merkel, qui doit faire face dans son pays à une opposition à la présence des troupes allemandes en Afghanistan.
« GUERRE AMÉRICAINE »
Selon M. Ozawa, le Japon n’a pas à participer à une « guerre américaine ». Cette guerre a été déclenchée par les Etats-Unis seuls, sans concertation avec la communauté internationale et elle n’a aucune relation directe avec la paix et la sécurité du Japon, fait-il valoir.
Selon un sondage du quotidien de droite Sankei, 54 % des Japonais sont opposés à la prolongation de la mission de leur marine dans l’océan Indien.
En dépit de l’écrasante majorité dont dispose le parti gouvernemental à la Chambre basse, il est peu probable que la reconduction de cette mission, décidée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, pourra être votée avant le 1er novembre, si l’opposition, majoritaire au Sénat, fait obstruction.
La détermination de M. Ozawa sur cette question, qui n’est pas partagée par la droite de son parti, va conduire au premier affrontement au Parlement - en session à partir du 31 août - entre une opposition revigorée et le nouveau cabinet Abe. Ce dernier s’est engagé auprès de Washington à prolonger la mission de la marine nippone. Mais il devra vraisemblablement composer. M. Ozawa doit présenter à la Diète une contre-proposition accroissant l’aide civile à l’Afghanistan et excluant une participation du Japon à la guerre contre les talibans.
La non-reconduction par Tokyo de la mission de sa marine dans l’océan Indien risque d’avoir un « impact négatif certain » sur les relations entre les deux pays, a mis en garde l’ambassadeur américain.