Huit cent quarante-quatre espèces d’animaux et de végétaux disparues depuis l’an 1500 ont été recensées par l’Union mondiale pour la nature (IUCN). Depuis 1963, cette organisation internationale, qui regroupe scientifiques, gouvernements et organisations non gouvernementales, dresse une « liste rouge » des espèces menacées d’extinction. En 2006, elles étaient 16 000, classées en espèces « vulnérables », « en danger » ou « en danger critique ».
Après le grand pingouin (1844), la perruche de Tahiti (1844), le renard des Falklands (1876) ou le tigre de Java (1980), le dauphin du Yangzi [1] va sans doute attendre quelque temps avant de rejoindre la liste des espèces disparues. Craig Hilton-Taylor, responsable de la liste rouge de l’IUCN, précise en effet que « déclarer une espèce éteinte peut prendre plusieurs années ».
Les extinctions de familles de mammifères sont rarissimes. Les dernières recensées étaient celles de la musaraigne des Caraïbes, vers l’an 1500, des lémuriens géants de Madagascar, vers 1650, et du tigre de Tasmanie, dont le dernier représentant est mort en captivité en 1936.
Concernant le territoire français, cinquante espèces de vertébrés ont disparu de l’Hexagone depuis la fin de la dernière période glaciaire, voilà 11 000 ans. Parmi elles, le lynx pardelle, l’hydrontin, l’élan, le phoque moine de Méditerranée, la grande grue des cavernes, le pélican frisé, l’ibis chauve, le canard siffleur, l’aigle criard, la siciste des bouleaux ou la tortue caouanne... Treize de ces espèces se sont définitivement éteintes et n’existent plus sur aucun continent.
Certaines de ces extinctions, comme celles du lagopède des saules ou de plusieurs variétés de campagnols, sont dues au réchauffement climatique. Mais la plupart sont imputables à l’homme, qui, pour se nourrir ou se vêtir, a exterminé l’aurochs, le bison d’Europe, le cheval sauvage, le grand pingouin, le phoque gris ou - avant sa réintroduction - le lynx boréal.
Ce sont ensuite l’urbanisation et l’agriculture intensive qui ont détruit les milieux naturels. Le rythme des disparitions s’est ainsi accéléré, passant de moins de une par siècle jusqu’au Moyen Age à plus de dix par siècle depuis l’ère industrielle.
Mais, simultanément, 89 espèces nouvelles sont apparues sur le territoire métropolitain, introduites accidentellement - comme la grenouille taureau, originaire de Floride - ou volontairement : c’est le cas du vison d’Amérique, importé en France dans les années 1920 pour l’industrie de la pelleterie.
Souvent, ces espèces invasives sont entrées en concurrence avec leurs homologues autochtones, qu’elles ont supplantées. « Les invasions biologiques peuvent avoir un impact désastreux sur la biodiversité, commente Michel Pascal, de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA). On assiste ainsi, à l’échelle du globe, à une banalisation des faunes. »