Pourquoi avoir fondé ce nouveau site ? Que veut-il apporter de plus que d’autres sites de gauche ukrainien existant comme Commons par exemple ?
L’Institut Mazepa a été créé avant tout pour restaurer la confiance du public dans la gauche démocratique ukrainienne en tant qu’alternative intellectuelle et politique viable au statu quo actuel. La gauche ukrainienne a cruellement besoin de se reconstruire et de renouer avec le public ukrainien. Notre idée est de favoriser un espace progressiste plein d’idées et d’outils pour ceux qui recherchent une Ukraine plus égalitaire et plus juste.
Quel sens a pour vous le choix du nom d’Isaac Mazepa ?
Isaac Mazepa a été Premier ministre de la République populaire ukrainienne pendant les périodes les plus difficiles du pays, adhérant fermement à ses opinions démocratiques et socialistes. Il était un défenseur des droits et libertés des citoyens ordinaires, incarnant les valeurs que nous cherchons à promouvoir : la liberté, la solidarité et la justice. En exil, il a maintenu la tradition intellectuelle démocratique, devenant finalement l’un des membres fondateurs du Parti socialiste ukrainien. Nous honorons son héritage et la mémoire de tous ceux qui ont consacré leur vie à obtenir la liberté et les droits des Ukrainiens.
Vous souhaitez publier des documents sur la culture, la politique, l’économie, l’histoire et la philosophie. Pouvez-vous nous en dire plus ?
À l’heure actuelle, l’essentiel de notre travail consiste à créer des documents originaux et traduits pour peser sur un débat public déséquilibré en promouvant diverses perspectives progressistes dans ces discussions thématiques. Comme indiqué, notre objectif est de revigorer le paysage intellectuel de la gauche ukrainienne – nous prévoyons d’apporter aux lecteurs les meilleurs documents écrits sur une variété de sujets tout en recherchant des moyens d’élargir la portée de notre travail, en offrant une gamme plus large de ressources qui soutiennent notre objectif commun.
Un des premiers articles que vous avez publié est consacré à l’expérience des entreprises récupérées par les travailleurs en Italie. À ce propos vous dites que ces entreprises « sont remises en activité par leurs anciens salariés sur la base de l’autogestion » et que « les travailleurs se sont tournés vers les coopératives pour résoudre des besoins sociaux non satisfaits. » Pouvez-vous nous dire plus sur la question de l’autogestion et des coopératives dans la construction d’un socialisme démocratique ?
Nous essayons de construire un espace de discussion large et pluriel, afin de ne pas adopter une voie unique et « correcte ». Dans la société ukrainienne du 20e siècle, les coopératives étaient la principale force luttant pour la création de la République populaire [d’Ukraine], la recherche de relations des unes avec les autres était l’un des objectifs principaux des coopératives car elles se pensaient comme un instrument « d’autodéfense économique ». La démocratisation progressive des entreprises permettrait de renforcer les liens communautaires, la démocratie et les droits humains, ainsi que la défense sociale. Nous espérons que les entreprises deviendront des « petites républiques », des écoles d’autogestion et de vertu citoyenne. Dans notre société idéale, les coopératives auraient une influence majeure sur l’économie aux côtés de la propriété individuelle et étatique.
Le site propose une partie en anglais. Pourquoi et que voulez-vous y publier ?
Nous proposons une section en anglais sur notre site pour garantir l’accessibilité et maximiser l’impact de notre voix sur la scène mondiale. Nous voulons dialoguer avec un public international, faire preuve de solidarité et raconter nos histoires. Notre objectif est d’informer et d’autonomiser les lecteurs internationaux en permettant aux Ukrainiens de devenir des participants actifs dans le discours progressiste international.
Pensez-vous développer des relations avec d’autres sites hors d’Ukraine ?
Nous pensons qu’il est crucial que les progressistes entretiennent des relations, car ce n’est qu’en échangeant des idées et des expériences que nous pourrons tous réussir davantage à façonner nos sociétés pour qu’elles deviennent plus égalitaires, plus justes et plus démocratiques. L’injustice, où qu’elle soit, constitue une menace pour la justice partout dans le monde. C’est pourquoi il est nécessaire d’entretenir des relations de travail avec d’autres groupes. Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous pourrons nous efforcer de créer un monde meilleur pour nous tous.
Patrick Le Tréhondat
Vladyslav Starodubtsev
Les Yakovyshyn
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