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Sous sa présidence (1946-1955), le pays est organisé autour de l’idée de la justice sociale : le « justicialisme ». Ainsi, en même temps qu’il favorise le développement d’une bourgeoisie nationale et affirme son anticommunisme, il impulse des politiques progressistes basées sur le mouvement ouvrier, légalisant (et contrôlant « par en haut ») les syndicats, le droit de grève, le vote des femmes, développant la santé, l’éducation et un ensemble de politiques sociales.
Le péronisme entre maintien de l’ordre et justicialisme
Ceci a impliqué de s’attaquer (partiellement) aux intérêts de l’impérialisme, d’un secteur de la bourgeoisie agraire et commerçante, créant une forte dualité politique entre péronistes et antipéronistes. Ces derniers, à l’origine du coup d’État de 1955, sont animés d’une véritable haine à l’égard de Perón, alors que l’attachement populaire à sa personne et à ses mythes (particulièrement incarnés par la figure d’Evita Perón) ne cesse, lui, de croître.
Avec l’épuisement du modèle économique basé sur l’industrialisation par substitution d’importations, dans les années 1970, le péronisme n’arrive plus à tenir les deux bouts entre maintien de l’ordre bourgeois et justice sociale, matinée de clientélisme. Émergent alors de forte divisions internes entre des courants politico-militaires anti-impérialistes (comme les Montoneros), mais aussi une aile réactionnaire et fasciste (autour de l’Alliance anticommuniste argentine). Cette crise du modèle de coalition de classe péroniste a ouvert la voie à la pire des dictatures civilo-militaires que le pays ait connues (de 1976 à 1983).
Le péronisme gestionnaire et l’extrême droite de Milei
À partir des années 1990, cette dualité justice sociale / maintien de l’ordre prend d’autres formes. D’abord, sous les présidences de Carlos Menem (1989-1999) qui incarne une voie péroniste radicalement néolibérale, tandis que Nestor Kirchner, élu en 2003, répond aux grandes mobilisations de 2001 et réaffirme un progressisme (modéré) tout en rouvrant les procès contre les militaires responsables de l’immense répression des années 1980. À la suite de l’élection d’Alberto Fernández en 2019 (après un mandat dominé par la droite) et la crise économique post-covid, le péronisme apparaît aux yeux du plus grand nombre comme un gestionnaire du capitalisme austéritaire et de la dette contractée auprès du FMI. Cette situation explosive (avec plus de 40 % de pauvreté dans le pays) ouvre la porte à l’extrême droite « libertarienne » de Javier Milei, qui affirme ouvertement que la source des problèmes du pays est l’État, le justicialisme et les « mafias syndicale ».
Commission Amérique latine du NPA