Kyriákos Mitsotákis. Crédit Photo. DTRocks. Wikimedia Commons
Malgré la casse du droit du travail, les diplômes universitaires gardent leur importance, d’autant que l’entrée en fac s’organise autour d’examens nationaux, les « panhelliniès », où une note élevée permet d’obtenir la section et le lieu des études choisis en priorité.
Marchandisation et exclusion
Système sélectif sévère, bachoté souvent dans de petites boîtes privées, mais ayant permis à un grand nombre de jeunes l’accès à des études sinon gratuites, en tout cas moins chères que dans bien des pays européens. Cela est fortement remis en cause depuis plusieurs années par un processus de marchandisation de l’enseignement avec l’existence de boîtes « supérieures » privées donc payantes, les « collèges », liées à des facs étrangères (environ 18 000 élèves). L’ex-ministre de l’Éducation a instauré l’équivalence professionnelle de leurs diplômes avec ceux de l’enseignement public. Avec l’instauration depuis trois ans d’une note minimum pour l’admission en fac. Ce système a déjà écarté 38 000 jeunes de la fac avec comme choix soit les « collèges » s’ils sont riches, soit la recherche d’emploi (précarité). Et aussi, l’affaiblissement continu des facs : baisse des financements (de 2008 à 2021, moins 18 %) et du nombre de personnels dans les facs (même période, moins 33 %). Le nombre moyen d’étudiantEs par enseignantE est de 47 (la moyenne en Europe est de 13).
Mitsotakis pense donc que le fruit est mûr et qu’il peut tenter de contourner l’article 16. Il se base aussi sur des sondages (59 % de la population ne serait pas contre les facs privées…) et sur une opposition réformiste pas prête à une lutte centrale.
Un début de mobilisation étudiante prometteur
Les étudiantEs ont eux et elles très bien compris le projet : une attaque frontale contre la fac publique et gratuite, une mise en cause de leurs diplômes et de la possibilité de faire des études ! Loin de la propagande sur « la fac privée aidera la fac publique à s’améliorer », ils refusent la fac privée comme accélérateur de la casse du public (moins de financements, fermeture de départements…). Et après infos et discussions en AG, 120 sections syndicales (dans chaque département d’université, 1 section) dans tout le pays ont appelé à une première mobilisation nationale. Le jeudi 11, des milliers de jeunes étaient dans la rue, dont au moins 5 000 à Athènes avec des dizaines d’enseignantEs et des centaines de lycéenNEs conscients de la menace. Preuve de la peur du pouvoir, une pesante présence policière qui n’a pu empêcher le succès général de l’action. Le mouvement va chercher à s’étendre avec AG, occupations, liens aux syndicats ouvriers et une prochaine mobilisation le jeudi 18 janvier. Une réjouissante détermination qui a besoin d’une forte solidarité !
Athènes, le 14 janvier 2024
A. Sartzekis