En 1907, le journal syndicaliste révolutionnaire vaudois la Voix ouvrière publie en feuilleton la brochure intitulée La grève générale politique, parue une année auparavant en allemand.
L’auteur du texte est Robert Grimm (1881-1958). Né dans une zone tôt industrialisée du canton de Zurich, Grimm connaît enfant la violence des conditions faites aux ouvrières et ouvriers du textile. Il apprend le métier de typographe. Comme le voulait la tradition de ce métier, il termine son apprentissage par un tour de compagnon dans plusieurs pays d’Europe. De retour en Suisse, il s’engage dans le mouvement syndical et socialiste au sein duquel il exerce rapidement des responsabilités. Il épouse, en 1908, Rosa Reichesberg (1875-1955), militante socialiste d’origine russe qui correspond avec Rosa Luxemburg et fréquente Lénine et Karl Radek.
Robert Grimm prononçant un discours
En 1906, Grimm devient secrétaire ouvrier à Bâle, c’est-à-dire qu’il est salarié de la Fédération ouvrière de ce canton. Les fédérations ouvrières sont parmi les premières organisations ouvrières d’ampleur nationale en Suisse. Elles bénéficient de subventions de la Confédération pour accomplir des tâches relevant à la fois de l’étude statistique du monde ouvrier et de la préparation de lois sociales. Les secrétaires ouvriers sont surtout chargés de jouer les médiateurs en cas de conflit du travail et d’assumer de multiples fonctions de représentation. Grimm assume très rapidement, en plus du secrétariat ouvrier, des fonctions politiques : législatif cantonal de Bâle-Ville (1907-1909), législatif municipal puis cantonal de Berne ; enfin, de 1911 à 1955, Grimm est élu au parlement fédéral pour le Parti socialiste.
Robert Grimm joue un rôle central dans la grève générale de 1918 en tant que membre du Comité d’Olten qui dirige la grève. Il est également un des organisateurs du Congrès de Zimmerwald (1914), dernière tentative de rassembler un mouvement ouvrier internationaliste que l’éclatement de la Première Guerre mondiale vient de réduire en miettes.
La publication de cette brochure par la Voix ouvrière étonne, car ce journal est l’organe du syndicalisme révolutionnaire Suisse romand, un mouvement qui rejette les tendances parlementaristes qui s’affirment au sein du mouvement ouvrier suisse, tendances dont Robert Grimm est parmi les plus remarquables représentants.
Le traducteur, qui est selon toutes vraisemblances l’anarchiste James Guillaume (1844-1916), justifie cette publication dans un texte que nous donnons à la suite de celui de Grimm. La rédaction du journal quant à elle souligne en préambule que :
Malgré une différence de point de vue qui sépare Grimm des théories syndicalistes révolutionnaires exposées dans la Voix du Peuple, sa brochure renferme des pages excellentes où l’auteur montre la nécessité qui s’impose aux ouvriers suisses d’user de la grève générale comme du seul moyen de battre en brèche l’Etat qui opprime le prolétariat en Suisse comme ailleurs.
Nous partageons ce point de vue, il nous semble même que ce texte revêt, pas loin de 120 ans après sa publication, un certain caractère d’actualité. C’est pourquoi nous avons souhaité proposer ce texte accompagné d’un avant-propos.
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