L’alliance Macri-Milei se traduit par l’octroi de postes clés à la droite traditionnelle, récompensée de son soutien à l’outsider : l’Économie à l’ancien ministre de Macri, Luis Caputo, et la Sécurité intérieure à la candidate défaite à la présidence, Patricia Bullrich. Tous deux ont montré tout le potentiel de cette alliance en incarnant les premières attaques du gouvernement cette semaine : blanc-seing à l’austérité et à la répression.
@Dr.
Plan lance-flammes
Les annonces de Caputo ? Un « shock » économique plus violent encore que prévu : forte dévaluation, absence de contrôle des prix, mais maintien des salaires, retraites et budgets de l’État. Il ne s’agit plus de faire payer à la « caste politique » le prix de l’austérité mais de diminuer les dépenses... grâce à l’inflation.
Le « plan lance-flammes » remplace le « plan tronçonneuse » : une politique de la terre brûlée grâce à laquelle celleux qui survivront profiteraient du calme après la tempête... Si le plan fonctionne !
Selon les projections du ministre, qui espère résoudre la crise sous 18 à 24 mois, son aggravation et la stagflation seraient inévitables pour de meilleurs lendemains. À la « vérité des chiffres » (inflation estimée à 3 700 %, à raison de + 1 % par jour) répond la « thérapie intensive ».
« Ordre et Progrès », la liberté selon Milei et Bullrich
Seconde salve : l’annonce par l’abjecte Bullrich de son programme de maintien de l’ordre dans un communiqué sobrement intitulé « Sans liberté, ni ordre ni progrès ». Le Protocole Bullrich détaille la réponse du gouvernement à la contestation.
Devant l’annonce par les forces de gauche et les syndicats d’une première manif le 20 décembre, date anniversaire des journées des 19 et 20 décembre 2001 qui répondaient aux mêmes mesures de shock et antidémocratiques, le décret éclaircit la ligne Milei-Bullrich en matière de dialogue démocratique : intervention extra-judiciaire des forces fédérales sur tout blocage de voies sans distinction, avec à la clé identification et fichage des organisations et individus « auteurs, complices et instigateurs », transmission des antécédents aux autorités et au juge en cas de dommages environnementaux (incendies de pneus), imputation aux organisations et auteurs du coût des opérations y compris répressives. Ni plus ni moins que l’application d’une législation antiterroriste aux « ennemis intérieurs » et autres « preneurs d’otages » sociaux, qui plus est prise par décret.
Autre indicateur : la prise à partie par un député Avanza Libertad de députés de gauche. L’épisode serait anecdotique si, au tweet de la leader du FIT-U Myriam Bregman contre l’inconstitutionnalité des mesures répressives et en défense du droit de manifester que « rien ne peut empêcher », le député mileiste s’était abstenu de répondre par la menace ouverte et un appel à la violence à peine voilé : « [Si] : la prison ou une balle ».
Faire face aux extrêmes droites
Milei confirme bien des craintes soulevées par ses détracteurs. Quelle doit être l’amertume de celleux qui, préférant se positionner contre le « faux dilemme Massa-Milei » au premier tour, ont opté mezza voce pour la résistance passive et l’abstention le 20 novembre.
L’heure est à l’unité et la construction de fronts de résistance. Au-delà des dangers immédiats pour notre camp social, une défaite plus catastrophique encore se dessinerait si la sidération l’emportait. Comment faire face aux offensives multiples et entrer en résistance tout en affrontant une crise qui n’en finit pas, a fortiori sous la menace de criminalisation et de répression aux précédents encore vivaces dans la mémoire collective ? Les mobilisations des prochains jours ne peuvent être lues sans en tenir compte.
Il nous faut construire des solidarités concrètes avec nos camarades argentinEs et tirer les leçons à mettre à profit pour faire face à nos extrêmes droites.
Lola Z.