L’année 2003 aura été caractérisée par un phénomène inédit : c’est, bien évidemment, cette vague de chaleur “ abracadabrantesque ”, fort intense, certes, mais observée, en moyenne, tous les 25-30 ans (je me souviens de l’été 1976 ; mon père m’a raconté ses souvenirs de l’été 1950 ; lui même tient de ses parents la mémoire de l’été 1924, et ainsi de suite...)
Qu’en est-il résulté, sur l’entomofaune du parc des Beaumonts ?
Le bilan est plutôt positif, du point de vue de l’observateur – même si une trop grande répétition de ce type d’été n’est pas souhaitable :
* Tout d’abord, la prolifération de la Belle-Dame (Cynthia cardui) entre fin juin et mi-juillet (le 9 juillet, j’en ai compté 30 sur un Buddleia !). La précédente migration remonte à l’été 1996, qui fut chaud, mais sans excès.
Dans les deux cas, j’ai observé des spécimens très frais, probablement nés en région parisienne (alors que la poignée de sp. que l’on rencontre les années ordinaires est, en général, assez frottée...)
* Moins spectaculaire, la présence du Souci (Colias crocea), autre migrateur, notablement commun, les 9 août et 20 septembre.
* J’ai pu observer la présence d’insectes jusque là non observés dans le parc :
– la Piéride de la Moutarde (Leptidea sinapis) : 1 spécimen le 29 juin
– le Cuivré (Lycaena phlaeas) : 1 spécimen le 20 septembre 2003 ; un autre le 18 mai 2004.
– La Mante religieuse (Mantis religiosa) : 1 spécimen le 20 septembre 2003.
– Une colonie de Notonectes dans la petite mare de l’ancienne carrière.
* En outre, le Parc héberge des espèces non menacées, certes, au plan national, mais qu’il est assez rare de rencontrer en zone urbaine :
– le Machaon (Papilio machaon), toujours par individus isolés, mais bien acclimaté et régulier ;
– le Demi deuil (Melanargia galathea), qui forme de belles colonies dans la “ Savane ” ;
– Zygaena ephialtes (Zygène de la Coronille) [et non la Zygène de la filipendule (Zygaena filipendulae) comme initialement indiqué], est également présente, sans être très commune , depuis 2002 ;
– l’Aeschne bleue (Aeschna cyanea) et la Libellule déprimée (Libellula depressa), présente, depuis 2002, dans les deux points d’eau.
La présence de ces espèces, exigeantes écologiquement, (et l’arrivée –bienvenue- de nouvelles !) constitue, pour le Parc des Beaumonts, le meilleur “ certificat de qualité ” de ses biotopes.
Le bilan entomologique est, d’autant plus encourageant que, tout comme pour les oiseaux, les insectes suscitent – j’en suis le témoin à chacun de mes passages - un vif intérêt de la part du public : cela allait de soi de la part des “ anciens ” (les plus de 35 ans...) ; mais il est agréable, pour l’avenir, de constater que les plus jeunes (8 à 15 ans...) ne sont pas en reste pour poser des questions, chercher à découvrir, à connaître, et, partant, aimer et protéger cette faune encore mal connue de bien des gens. D’autant plus que, si l’abondance en espèces n’a rien à voir avec celles des régions non urbanisées et non intensivement cultivées, il est possible, pour peu que l’on soit observateur, d’observer suffisamment d’espèces “ spectaculaires ”, promptes à susciter des vocations d’entomologistes amateur ,ou, pourquoi pas (sous réserve de s’expatrier , les crédits accordés à la recherche entomologique française étant dérisoires) professionnels ...