La décision du président de la République de promouvoir la candidature de Dominique Strauss-Kahn s’inscrit dans sa logique de débauchage des personnalités de gauche. Mais un tel épisode va bien au-delà de ces manœuvres de basse politique. Deux ans après la désignation d’un autre « socialiste », Pascal Lamy, à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’arrivée éventuelle de Dominique Strauss-Kahn au FMI éclaire d’une lumière particulièrement crue l’adhésion des sociaux-libéraux aux pires aspects de la mondialisation capitaliste.
Comme l’OMC ou la Banque mondiale, le FMI est l’une des institutions internationales chargées d’organiser le pillage des pays du Sud au profit des grandes entreprises multinationales du Nord. Il s’est rendu tristement célèbre par ses fameux « plans d’ajustement structurel » imposés aux pays pauvres et endettés. Le dispositif est à peu près toujours le même : en échange d’un rééchelonnement de la dette, le FMI prescrit un cocktail de mesures dont les conséquences immédiates sont invariablement l’accroissement de la misère des populations et le renforcement de la domination impérialiste. La dévaluation de la monnaie permet d’abaisser le coût des produits exportés et, donc, d’accroître le volume des ventes. Mais les devises ainsi récupérées ne servent pas à satisfaire les besoins vitaux des habitants : elles sont immédiatement détournées pour assurer le paiement des intérêts de la dette.
Imposée au nom de la bonne « gouvernance », la réduction des dépenses publiques entraîne inexorablement un démantèlement des services publics au détriment des populations locales. Sous prétexte de lutter contre l’inflation, le blocage des salaires vient parachever la paupérisation des plus pauvres, provoquant de véritables catastrophes sociales, voire humanitaires. Enfin, la déréglementation et les privatisations massives permettent aux multinationales occidentales de mettre la main sur l’économie locale, ses ressources naturelles et sa main-d’œuvre bon marché. Assez logiquement, le FMI est devenu, depuis longtemps, la cible des mobilisations altermondialistes, au même titre, aujourd’hui, que la Banque mondiale ou l’OMC.
En postulant à sa direction, Dominique Strauss-Kahn, un temps porte-parole de la « refondation » social-démocrate du PS, montre clairement dans quel camp il se situe. Qu’il ait obtenu si facilement le soutien des principaux gouvernements de l’Union européenne montre seulement que ses offres de service, pour la sauvegarde d’un ordre économique proprement criminel, sont appréciées à leur juste valeur par les puissants de ce monde.