Les noms des trois candidats à l’élection présidentielle à Singapour du 1er septembre ont été dévoilés mardi 22 août. Il s’agit de l’ancien vice-Premier ministre Tharman Shanmugaratnam, de l’ancien directeur des investissements du fonds souverain GIC, Ng Kok Song, et de l’ancien directeur d’une compagnie d’assurances, Tan Kin Lian. Le vainqueur sera élu pour un mandat de six ans.
Si le poste de président de la cité-État est symbolique et ne confère aucun véritable pouvoir, cette année, “les résultats seront suivis de près afin d’évaluer la perception qu’ont les Singapouriens du parti au pouvoir, avant les élections générales, qui doivent être organisées d’ici à 2025”, écrit Time Magazine. Le People’s Action Party (PAP), au pouvoir depuis soixante-quatre ans et “éclaboussé ces dernières semaines par une série de scandales qui mettent sa réputation à l’épreuve”, va subir un test, poursuit le magazine.
En juillet, le ministre des Transports, S. Iswaran, a été arrêté par l’agence anticorruption, puis libéré sous caution. L’affaire serait liée au fait qu’Iswaran aurait reçu des cadeaux du milliardaire Ong Beng Seng, promoteur du Grand Prix de Formule 1 à Singapour.
Un impact sur le scrutin de 2025 ?
Peu après l’arrestation d’Iswaran, Tan Chuan-Jin, ancien membre du gouvernement et considéré comme un élément clé de la prochaine génération de dirigeants du parti, a démissionné de son poste de président du Parlement et a quitté le PAP à la suite d’une liaison extraconjugale avec une autre membre du parti.
La révélation de telles affaires, rare à Singapour, a suscité des inquiétudes, alors que le pays se trouve à une période charnière. “La récente série de scandales risque de nuire aux chances du PAP lors des élections législatives, prévues d’ici à la fin de l’année 2025”, écrit ainsi Asia Times.
Bien plus importantes que l’élection présidentielle, les législatives de 2025 sont particulièrement cruciales pour le PAP, car elles devraient coïncider avec un projet de succession soigneusement élaboré par le Premier ministre, Lee Hsien Loong.
Arrivé au pouvoir en 2004, il a “réussi à sortir de l’ombre de son père Lee Kuan Yew, le fondateur du Singapour moderne”, souligne Malay Mail, en laissant un solide héritage. Lee Hsien Long entend céder sa place après les élections de 2025 au vice-Premier ministre Lawrence Wong, de la “quatrième génération” du PAP, surnommée “4G”.
Face aux scandales, relate Nikkei Asia, Lee a tenté de rassurer lors de son discours solennel à la nation, le 20 août :
“Permettez-moi de vous assurer que ces incidents ne retarderont pas le calendrier de renouvellement. Nous sommes sur la bonne voie.”
Un parti affaibli
Le PAP détenant près de 90 % des sièges, un changement de gouvernement est très peu probable lors des prochaines élections. Toutefois, en 2020, l’opposition avait remporté un nombre record de dix sièges, ce qui témoigne de la perte de confiance des électeurs à l’égard du parti au pouvoir.
Dans un autre article, Nikkei Asia remarque que le développement du pays et son image de marque sont à mettre au crédit du PAP, qui règne depuis près de six décennies sur ce petit territoire. Mais le ralentissement de l’économie ainsi que d’autres défis, notamment le vieillissement de la population et les tensions géopolitiques, ternissent son bilan. “L’effondrement de son image de marque serait un coup dur.”
“Les Singapouriens n’ont pas l’impression d’aller de l’avant sur le plan économique ou social, et ce depuis au moins dix ans”, explique à Nikkei Asia Michael Barr, professeur associé à l’université australienne Flinders. “L’image d’un gouvernement de qualité, stable et efficace, dirigé par des gens compétents, est maintenant sérieusement remise en question.”
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