Chaque semaine, Ruby scrute les réseaux sociaux à la recherche d’histoires amusantes et de ragots. Elle en fait des captures d’écran et les imprime sur des feuilles de format A5 pour les envoyer à des compatriotes détenus pour leur implication dans les manifestations de 2019. Cette infirmière de 32 ans partage aussi les lettres qu’elle envoie sur Instagram pour fournir un modèle à ceux qui souhaitent faire de même.
Comme Ruby, ils sont nombreux à vouloir offrir de la compagnie aux manifestants qui se sont retrouvés derrière les barreaux. Fin 2022, plus de 500 personnes étaient encore emprisonnées, rappelle le média en ligne Rest of World.
Un long processus
Une autre initiative est organisée via le compte Instagram “Fung1seon3zi2” – un mot cantonais qui signifie à la fois “lettre sous enveloppe” et “hyacinthe” –, qui met en relation des détenus et des correspondants qui ont des intérêts communs comme la randonnée, le café ou le club de football anglais Arsenal, et les aident à échanger des lettres. Des informations telles que les anniversaires sont publiées, ou encore les livres que souhaitent lire les prisonniers.
Le processus est long. Lorsque la personne derrière le compte Instagram “Fung1seon3zi2” reçoit une lettre de la prison, une photo de ce message est partagée via Telegram ou Signal afin que le correspondant volontaire puisse commencer à écrire la réponse dès que possible.
L’échange se fait par le biais du compte Instagram, car ces correspondants volontaires “craignent que leur adresse personnelle ne soit repérée par les autorités ou que les lettres soient remarquées par un membre de leur famille aux opinions politiques différentes”. Ensuite, les réponses sont imprimées et envoyées par la poste.
Selon Rest of World, le compte a vu passer environ 15 000 lettres depuis sa création en septembre 2021.
Une activité risquée
Comme les détenus n’ont pas le droit d’utiliser Internet, des soutiens comme Ruby les informent des dernières actualités en leur envoyant par la poste des extraits de la presse, des mèmes, des retranscriptions de vidéos sur YouTube mais aussi des photos de femmes en bikini.
Ils envoient également des articles de première nécessité tels que des brosses à dents et des sous-vêtements en utilisant des commerces en ligne. Ils partagent également, sur les réseaux sociaux, des lettres écrites à la main par les prisonniers, pour faire connaître leurs conditions de vie au public.
Pourtant, soutenir les détenus comporte des risques. “Depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale de 2020, des dizaines de partis politiques favorables à la démocratie, de syndicats et de groupes religieux se sont dissous pour éviter des poursuites”, poursuit le média spécialisé dans les nouvelles technologies.
Malgré les obstacles et la charge de travail, les correspondants n’abandonnent pas. “Si le simple fait d’écrire une lettre et de montrer qu’on se soucie de quelqu’un vous envoie en prison à Hong Kong, déclare Ruby, on n’a pas d’autre choix que d’aller en prison.”
Courrier International
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