Le 29 juin, l’Agence fédérale de l’énergie atomique russe (Rosatom) a annoncé la signature d’un accord de collaboration à long terme avec la Bolivie pour la production de lithium, métal indispensable à la confection de batteries pour les véhicules électriques. Il s’agit d’un projet d’investissement de 578 millions de dollars validé par la compagnie nationale bolivienne YLB (Yacimientos de Litio Bolivianos) et l’entreprise russe Uranium One appartenant à Rosatom, explique l’hebdomadaire économique russe Expert.
C’est le premier investissement massif à l’étranger dans ce secteur pour Rosatom. L’accord-cadre prévoit la construction, dans le département de Potosí, dans le sud-ouest de la république latino-américaine, d’un complexe industriel pour l’extraction et la transformation du carbonate de lithium d’une capacité de production de 25 000 tonnes par an. La production pourrait être lancée dès la fin de l’année 2024.
Le titre rappelle que les réserves de lithium en Bolivie sont estimées à 21 millions de tonnes, soit environ 21 % des réserves mondiales. Or, elles ne sont pour l’heure pas exploitées à l’échelle industrielle. La compagnie YLB a donc lancé un appel d’offres auprès d’investisseurs étrangers proposant les technologies adéquates. Rosatom a remporté l’appel d’offres pour l’exploitation du site de la lagune salée Pastos Grandes grâce à sa technologie dite “de sorption”, qui permet d’extraire plus de 90 % de lithium du sel, explique le quotidien Kommersant.
Le président bolivien a aussi annoncé un investissement de 857 millions de dollars de l’entreprise chinoise Citic Guoan pour la construction d’une autre usine, dans le salar d’Uyuni.
Diversification
L’entreprise russe Uranium One compte parmi les plus grosses compagnies du monde dans le domaine de l’extraction d’uranium. Sa diversification tournée vers le lithium lui ouvre “de grandes perspectives”, affirme Expert. La Russie n’exploite pas de lithium sur son sol et en importe à hauteur de 9 000 tonnes par an d’Amérique latine.
Le président bolivien, Luis Arce, a déclaré, toujours selon le titre russe, que son pays ambitionnait d’assurer 40 % des besoins mondiaux en lithium d’ici à 2030. Aujourd’hui, les plus gros producteurs sont l’Australie (55 %), le Chili (26 %), la Chine (14 %) et l’Argentine (6 %).
“La Russie veut pouvoir diversifier ses importations pour ne pas dépendre, par exemple, des batteries belges, mais aussi accélérer le développement de la branche des véhicules électriques qui nécessitent des accumulateurs lithium”, a commenté le président du comité de la Douma chargé des questions de propriété, Sergueï Gavrilov, auprès de l’hebdomadaire russe Argoumenty i Fakty.
La technologie des accumulateurs est, pour Rosatom, un moyen de diversifier ses activités, poursuit-il. “Les investissements en Bolivie ne doivent pas souffrir des sanctions en tous genres imposées par les pays inamicaux : en cent vingt-cinq ans de relations diplomatiques avec la Bolivie, ont été établies des relations excellentes et fiables.”
Laurence Habay
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