Près d’un mois après que l’élection présidentielle en Turquie a livré son verdict, “l’escalade militaire” turque “a repris dans le nord de la Syrie” contre les Kurdes, titre le média syrien d’opposition Enab Baladi.
À sa frontière sud avec la Syrie, la Turquie, qui a fait planer depuis longtemps la menace d’une offensive en Syrie, souhaite créer ce qu’elle appelle une “zone de sécurité”, vidée des Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde, accusée par Ankara d’être une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu’elle considère comme une organisation terroriste.
Les YPG constituent également le plus gros contingent des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui administrent le nord-est de la Syrie et ont combattu les djihadistes du groupe État islamique (EI) avec le soutien des États-Unis.
Les Kurdes à nouveau dans le viseur
“L’escalade” a débuté à la mi-juin après une série de bombardements de l’armée turque qui ont fait plusieurs dizaines de morts dans les rangs des combattants kurdes dans le Nord syrien. Ce qui a poussé le PKK, qui mène une guérilla sur le sol turc depuis 1984, à rompre le cessez-le-feu unilatéral qu’il avait décrété dans la foulée du séisme dévastateur du 6 février.
Comme l’explique le quotidien panarabe Al-Araby Al-Jadid, “avec la fin des élections et la formation du nouveau gouvernement en Turquie, les frappes aériennes armées de drones [turcs] se sont intensifiées aussi bien dans le nord-est de la Syrie que dans le Kurdistan irakien”.
Cette escalade, qui a débuté avant les dernières discussions à Astana, au Kazakhstan – à l’issue desquelles l’Iran, la Russie, la Turquie et le régime syrien se sont notamment accordés sur la nécessité de poursuivre la normalisation entre Damas et Ankara –, se poursuit à bas bruit.
Damas en reconquête
Mais c’est dans le Nord-Ouest que les choses commencent aussi à bouger. Le régime de Bachar El-Assad est-il en train de préparer une “offensive militaire d’envergure” dans la région d’Idlib, contrôlée par les rebelles et les islamistes ? s’interroge le quotidien libanais L’Orient-Le Jour.
À la frontière nord-est de la province d’Idlib, écrit le site Al-Modon, “les forces du régime syrien ont intensifié leurs bombardements d’artillerie et de missiles” ces derniers jours, provoquant “le déplacement de dizaines de familles des environs des lignes de front”. Des attaques de l’armée de Damas qui ont lieu quelques jours après des bombardements de l’aviation russe aux abords de la ville d’Idlib.
Comme le rappelle L’Orient-Le Jour, cette zone avait fait l’objet d’un accord de désescalade négocié en mars 2020 entre le parrain russe de Damas et Ankara, censé mettre fin à l’escalade militaire dans cette enclave, la dernière ouvertement hostile à Assad.
Mais depuis quelques jours, poursuit le journal francophone, des vidéos des convois militaires apparemment en route pour le nord de la province d’Alep circulent sur les réseaux sociaux, faisant craindre une nouvelle offensive de grande envergure menée par les forces pro-Assad.
Après douze ans d’une guerre dévastatrice, le régime syrien, soutenu militairement par la Russie et l’Iran, n’a pas réussi encore à reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire. Il en contrôle les deux tiers, tandis que le tiers restant est sous le contrôle des Kurdes, qui aspirent à une autonomie politique, des rebelles et des islamistes.
Courrier International
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