L’agence des Nations unies enquête également sur plusieurs cas de bateaux portés disparus, où il n’y a aucune trace de survivantEs, ni débris et où aucune opération de recherche et de sauvetage n’a été menée.
Cimetière méditerranéen
Ces chiffres effrayants tombent et deviennent banals, « habituels ». Qui se souvient de ces 250 personnes retrouvées sur une plage en Calabre le dimanche 26 février dernier ? Ils et elles avaient un nom, une famille, une terre d’origine. Mais pour certainEs d’entre elles et eux, dont le corps ne sera jamais retrouvé et les proches jamais informéEs, l’histoire et l’identité ont disparu, en ce dimanche de février, dans l’anonymat des eaux agitées de la Méditerranée engloutissant leur rêve d’une vie meilleure en Europe.
Les réfugiéEs utilisant cette route meurtrière du cimetière méditerranéen sont originaires le plus souvent de Côte d’Ivoire, de Guinée et du Pakistan et une proportion croissante de TunisienEs, faisant parfois la traversée en famille. La crise économique profonde, qui s’est doublée d’une crise politique depuis le coup d’État du président Kaïs Saïed en 2021, a poussé de nombreux TunisienEs à quitter leur pays par n’importe quel moyen. À cela s’ajoute les discours xénophobes du président Saïed à l’encontre des ressortissantEs d’Afrique subsaharienne qui ont déclenché une vague d’expulsions.
Durcissement de la loi en Italie
Pour l’OIM, le retard dans les opérations de recherche et de sauvetage est en cause dans le cas de 127 des 441 mortEs en mer. Depuis des années, les ONG de sauvetage en mer déplorent à la fois le manque de moyens européens et les obstacles grandissants que leur imposent certains pays, dont l’Italie. Le Parlement italien a voté une loi comportant un décret, signé le 2 janvier 2023, qui oblige les navires humanitaires à effectuer un seul sauvetage à la fois, et à rallier ensuite immédiatement un port de débarquement qui se situe souvent loin de la zone de sauvetage. Quelques jours après l’adoption de cette loi, le 7 janvier, le navire humanitaire Geo Barents a ainsi été immobilisé pendant 20 jours dans un port sicilien et obligé de gagner le port d’Ancône en Italie, éloigné d’environ 1 500 km, après n’avoir effectué qu’un seul sauvetage.
Les ONG comme SOS Méditerranée et Médecins sans frontières dénoncent ce décret contraire au principe d’aide à toute personne en détresse en mer. Mais les gouvernements de l’UE ainsi que les institutions européennes ne tentent rien pour empêcher la politique criminelle de la Première ministre italienne ; comme ils ne font rien pour mettre les moyens pour secourir et accueillir les migrantEs en danger de mort.
Dominique Pierre