Du 6 au 10 mars derniers, des représentants de la République islamique d’Iran et du royaume saoudien se sont rencontrés en Chine. De cette rencontre est né un accord entre ces deux pays et leur hôte, annonçant une détente irano-saoudienne. Cela signifiait notamment la réouverture des ambassades entre Iran et Arabie Saoudite, ainsi que le retour à des relations diplomatiques normales, d’ici deux mois. Ces relations avaient été rompues en janvier 2016, quand des manifestants iraniens avaient envahi l’ambassade saoudienne à Téhéran, en réponse à la mise à mort du cheikh al-Nimr, un religieux chiite saoudien. Les deux pays ont également affirmé la nécessité d’une non-interférence dans les affaires internes de l’autre, de ne plus s’attaquer, même via des intermédiaires, ou, de façon plus rhétorique, par médias interposés. Deux accords bilatéraux, signés en 1998 et 2001, sont de nouveau d’actualité grâce à cet accord : le premier devait stimuler les relations commerciales et économiques ; le second, particulièrement important dans la lutte contre le djihadisme qui concerne également la Chine, facilitait la coopération entre services de renseignement et contre-terroristes iraniens et saoudiens. Plus concret encore sur le court terme : l’Iran a accepté d’arrêter d’envoyer des armes à ses alliés houthis au Yémen. Cela pourrait être le premier pas vers une paix de compromis dans ce pays. L’importance de cet accord est incontestable. Comment a-t-il pu voir le jour, et qu’est-ce que cela signifie pour l’influence chinoise au Moyen-Orient, comme pour la région elle-même ?
IRAN-ARABIE SAOUDITE : COMMENT LA NORMALISATION DES RELATIONS EST DEVENUE POSSIBLE
Il est d’abord important de rappeler que la Chine n’est pas, à elle seule, responsable de l’apaisement possible des relations entre les deux grands rivaux moyen-orientaux. Le processus qui s’accomplit aujourd’hui est d’abord la conséquence d’un travail de médiation irakien, qui a commencé en 2020. Bagdad était alors le messager officieux entre les deux pays. Puis en avril 2021, un travail de médiation a été mené, en Irak et à Oman, dans le cadre de six rencontres directes entre officiels iraniens et saoudiens. La Chine s’est associée aux efforts menés par le passé plutôt que d’agir en grande puissance imposant son propre processus. Ce qui ne veut pas dire que l’influence chinoise a été secondaire. Au contraire, elle a sauvé la détente irano-saoudienne. Le dialogue commençait clairement à s’essouffler dans le courant de l’année 2022, faisant craindre que des frustrations de part et d’autre fasse échouer l’initiative. C’est lors de la présence de Xi Jinping à Riyad pour le premier sommet sino-arabe, début décembre 2022, que l’implication chinoise a été décidée. Selon certains, le président chinois aurait offert l’aide de Pékin, pour d’autres, ce sont les Saoudiens qui auraient demandé l’implication chinoise afin de sauver leur dialogue avec les Iraniens. Quoi qu’il en soit, c’est parce que le président Xi s’est impliqué dans le processus qu’il a abouti aujourd’hui.
Contrairement à Washington, qui, naturellement, domine ses interlocuteurs locaux, l’approche chinoise relève de la « diplomatie de quasi-médiation ». C’est une politique étrangère n’hésitant pas à s’associer aux efforts menés par d’autres, visant à suivre, reprendre ou amender plutôt qu’à prendre le leadership. Il s’agit moins de résoudre les conflits que, plus modestement, et plus rationnellement, de les apaiser. Cette diplomatie a l’avantage de mettre les acteurs locaux et régionaux face à leurs responsabilités, en ne faisant pas peser tous les efforts, et toutes les responsabilités, sur la grande puissance extérieure. D’ailleurs, la détente n’a été possible que parce qu’elle allait dans le sens des intérêts des trois principaux acteurs associés à cet événement.
C’est sans doute Liu Zhongmin, professeur à l’Institut du Moyen-Orient de l’Université d’études internationales de Shanghai, qui a le mieux exprimé le consensus intellectuel sur cette détente dans la région : la tendance, au Moyen-Orient, et de la part des Iraniens et des Saoudiens en particulier, est à « rechercher le développement à l’intérieur, rechercher l’apaisement à l’extérieur » (内求发展、外求缓和). Et cela, d’abord parce que l’opposition à outrance entre les deux pays n’a rien donné, qu’une victoire décisive de l’un des deux États contre l’autre apparaît de plus en plus improbable, à une période où les deux régimes ont besoin de conditions plus propices à une plus grande prospérité et stabilité à l’intérieur de leurs frontières.
Pour l’Arabie Saoudite, l’accord est la conséquence d’une prise de conscience. Celle que le président Donald Trump avait tué la « doctrine Carter » sans que cela provoque de réelles oppositions à Washington. Cette doctrine affirmait que les Américains agiraient militairement pour défendre l’approvisionnement pétrolier venant du Golfe. Or des attaques contre l’infrastructure pétrolière saoudienne en 2019 ont stoppé temporairement 50 % de la production pétrolière du royaume. La logique « America first » a brisé une approche qui, vu de Riyad, était au cœur de la relation américano-saoudienne. À défaut d’une armée américaine prête à protéger le royaume y compris par la guerre, le choix de l’apaisement des tensions régionales est devenu la seule alternative possible. Surtout dans le cadre de « Vision 2030 », qui cherche à diversifier l’économie saoudienne. Mais une telle diversification, au-delà du pétrole, demande d’attirer des investisseurs étrangers, encore frileux face à une zone qui apparaît comme peu stable. En bonne partie à cause de la rivalité avec l’Iran.
Plus largement, il s’agit pour le prince héritier Mohammed Ben Salman d’adapter la diplomatie de son pays aux évolutions de ces dernières années. Le monde multipolaire devient clairement une réalité, une politique étrangère saoudienne qui en resterait à la logique du passé – alignée sur Washington en échange de la protection américaine – n’a plus grand sens aujourd’hui. La Chine est l’un des marchés les plus importants pour le pétrole saoudien, l’adhésion à l’Organisation de Coopération de Shanghai tente le royaume ; et surtout, dans ce monde de plus en plus multipolaire, Pékin est un partenaire beaucoup plus rassurant et prévisible que Washington, où des changements de majorité au Congrès, et une polarisation politique forte, peut avoir des conséquences désobligeantes pour la monarchie saoudienne. Il ne s’agit en aucun cas d’abandonner la relation traditionnelle avec Washington, mais de développer des liens avec Pékin, comme avec Moscou, afin de maximiser la défense des intérêts nationaux. Ainsi, par cet accord, les Saoudiens peuvent espérer ne pas être prisonniers d’une lutte constante et difficile avec une autre puissance régionale, tout en renforçant leur image d’acteur moyen-oriental incontournable et indépendant. C’est ce qui fait d’eux, sans doute, les premiers bénéficiaires de l’accord.
Pour l’Iran, c’est aussi un accord important, parce qu’il assure qu’un front israélo-arabe ne se consolide pas totalement dans une logique anti-iranienne. Et il assure un changement d’attitude de la part d’un royaume saoudien qui, il n’y a pas si longtemps, souhaitait déstabiliser le régime en place à Téhéran. En échange d’une participation aux négociations qui ont abouti à l’accord, les Iraniens ont obtenus des Chinois la promesse d’un soutien à leur monnaie nationale, une plus grande implication de Pékin dans les discussions autour de la question nucléaire, et de futurs investissements. L’objectif des Iraniens serait également une détente avec d’autres pays arabes : le Bahreïn bien sûr, mais surtout l’Égypte, un pays avec lequel de bonnes relations étaient déjà possibles, mais limitées à cause des liens égypto-saoudiens.
C’est sans surprise qu’une semaine après l’accord tripartite, le négociateur en chef de l’accord du côté iranien, Ali Shamkhani, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l’Iran, visitait les Émirats arabes unis, à la tête d’une délégation d’officiels associés aux questions sécuritaires et financières. À noter qu’Ali Shamkhani est de la minorité arabe d’Iran, et parle parfaitement arabe : une façon, pour Téhéran, de montrer concrètement à ses voisins que l’idée d’une opposition radicale entre monde persan et monde arabe est sans fondement. Le Conseil suprême de sécurité nationale étant sous la direction directe du Guide de la Révolution, Ali Khamenei, les pays arabes qui l’ont ou qui vont le recevoir savent qu’il parle avec toute l’autorité pour prendre en compte leurs intérêts. Pour l’Iran également, donc, la détente actuelle est à associer à une stratégie longuement réfléchie qui vise à défendre au mieux les intérêts du pays. La force, directe ou indirecte, n’a pas marché, et a même entraîné un rapprochement entre certains pays arabes et Israël. La République islamique n’a pas d’autres choix que d’apaiser ses relations avec son voisinage proche-oriental, et le soutien chinois lui en donne l’occasion.
Pour la Chine elle-même, un engagement significatif au Moyen-Orient était nécessaire. Les Chinois ont intérêt à une plus grande stabilité dans une région importante pour eux d’un point de vue énergétique. Depuis plus d’une dizaine d’années, le pétrole et le gaz des pays du Golfe sont vendus en bien plus grandes quantités à l’Asie (en premier lieu à la Chine) qu’à l’Occident. L’Iran et l’Arabie Saoudite sont également d’une grande importance dans le cadre des « Nouvelles Routes de la Soie ». Améliorer le dialogue entre les deux rivaux est la meilleure façon d’arriver à un tel résultat. Et en fait, depuis l’accord de coopération économique sur 25 ans associant Chine et Iran, Pékin est la seule capitale capable d’influencer Téhéran et Riyad.
UN TOURNANT POUR LA CHINE, ET POUR LE MOYEN-ORIENT
L’évolution vers une normalisation des relations irano-saoudiennes est significative pour la Chine et pour l’ensemble de la région, au-delà de l’effet d’annonce. C’est d’abord la confirmation que le Moyen-Orient n’est plus le pré-carré américain qu’il a pu être, surtout depuis la fin de la Guerre froide. Sur ces trente dernières années, Washington régnait sans partage sur les destinées régionales. Les Américains ont affaibli leur capacité d’influence dans le temps, notamment avec les guerres mal gérées d’Afghanistan et d’Irak. En parallèle, surtout pendant la « guerre contre le terrorisme », ils sont apparus de moins en moins crédibles à cause d’une politique oscillant entre une affirmation idéologique agaçante pour certains pays et leaders locaux, et une approche sélective des droits de l’homme. C’est sans doute ce qui explique que le discours « moral » autour de l’Ukraine soit aujourd’hui difficilement audible au Moyen-Orient. Par ailleurs, le choix d’un retrait de la région au sens large, au nom de la compétition avec la Chine, affaiblit le sentiment de protection associé à un alignement sur les États-Unis pour des pays traditionnellement pro-occidentaux.
Certes, l’implication russe en Syrie a pu donner le sentiment que le Moyen-Orient n’était déjà plus un pré-carré américain depuis quelques années. Mais Moscou n’a pas les moyens financiers, diplomatiques, et aujourd’hui, même militaires, de peser de façon significative dans la région. Par ailleurs, pour le Kremlin, le Moyen-Orient a toujours été secondaire par rapport à son « étranger proche » : l’espace post-soviétique. À bien des égards, jusqu’à la guerre en Ukraine, les questions liées au Moyen-Orient, comme l’Iran, ont d’abord été utilisées par le Kremlin comme des atouts pour peser dans la confrontation aux Américains. Alors que la Russie pourrait être définie, comme la France, comme une puissance moyenne aux aspirations globales, la Chine est aujourd’hui, incontestablement, une grande puissance digne de ce nom, la seule qui pourrait éventuellement entrer en compétition avec les États-Unis dans un avenir proche.
L’Empire du Milieu a non seulement les moyens de ses ambitions, mais il offre, de façon bien plus convaincante que le Kremlin, une alternative à l’approche américaine et occidentale au Moyen-Orient. En effet, cette dernière se fonde d’abord sur des relations régionales privilégiées, soutenant certains États, et en ostracisant d’autres. Une approche qui nourrit plus encore la situation conflictuelle au Moyen-Orient : les accords d’Abraham peuvent être vues moins comme un processus de paix israélo-arabe que comme l’émergence d’un front commun contre l’Iran. Les Chinois, quant à eux, sont également capables de parler à tout le monde, des Israéliens aux Iraniens, en passant par les Turcs. Aucun jugement de valeurs n’est émis sur la gestion des affaires intérieures de chaque pays. Ils ne font pas mystère de chercher à défendre leurs intérêts nationaux, mais en cela, ils ne sont pas différents des États-Unis et de la Russie. Et Pékin a le grand avantage, pour les régimes locaux comme pour leurs populations, de chercher à défendre ses intérêts sans mener de croisades militaires, que ce soit au nom de la démocratie (Américains en Irak, en Afghanistan) ou de la lutte contre le djihadisme (Russes en Syrie). Au Moyen-Orient, la Chine n’est ni révisionniste, ni idéologique. Face aux souffrances des populations en Irak et en Syrie, l’accord saoudo-iranien permet de se présenter, dans la région, comme un État soutenant paix et stabilité dans la région, contrairement à d’autres puissances étrangères. Et cela rend la puissance asiatique particulièrement attractive pour les pays de la zone.
La détente irano-saoudienne est donc une victoire régionale pour Pékin, même si elle ne se concrétise pas sur le plus long terme. L’alternative offerte par la Chine (pas de jugements de valeur sur les régimes en place, pas de logique militaire prédominante, politique visant à la défense d’un apaisement de la région parce que cela sert les intérêts économiques et nationaux chinois) restera assez séduisante, et constante dans la durée. Elle sera particulièrement attractive face à une Russie qui aura de moins en moins les moyens de ses ambitions dans la région, et à une Amérique dont la logique diplomatique risque d’être prise en otage par les évolutions politiques intérieures. Et comme les Chinois mènent une « diplomatie de quasi-médiation », bien différente de l’approche révisionniste préférée en Occident, un échec dans la relation irano-saoudienne sera facilement mise sur le compte de Riyad, de Téhéran, ou de forces extérieures refusant cet apaisement. Contrairement au processus de paix israélo-palestinien ou plus encore de la stabilité de l’Irak après l’invasion américaine, la grande puissance étrangère, ici, ne s’est pas engagée au point d’être vue comme directement responsable. Quoi qu’il arrive dans les mois à venir, les conséquences de l’accord entre Iraniens et Saoudiens seront positives pour Pékin.
Si la détente devient une réalité sur le plus long terme, bien entendu, cela aura des conséquences non négligeables pour la stabilité régionale, dont la diplomatie chinoise pourra s’attribuer la responsabilité. Au Liban, en Syrie, au Yémen, on pourrait constater, avec le temps, des évolutions notables. Riyad et Téhéran ne deviendront pas forcément des partenaires : mais leur rivalité ne signifiera plus forcément nourrir et attiser des tensions locales au nom de leur « guerre froide » régionale. Ce serait particulièrement bienvenu dans une région où les tensions politiques, mais aussi le danger représenté par le changement climatique, rendent précaire la possibilité d’une stabilisation durable.
Si l’accord résiste au temps, on pourrait même imaginer la possibilité d’un apaisement entre Israël et l’Iran. Certes, une telle évolution peut apparaître utopique, à une époque où on parle plus d’une guerre que d’un dialogue possible entre ces deux pays. Pourtant, l’accord irano-saoudien permet d’imaginer une telle évolution à l’avenir.
L’administration Trump avait offert à l’État hébreu la possibilité d’une réconciliation avec un certain nombre d’États arabes sans avoir à prendre en compte la question palestinienne, dans le cadre des Accords d’Abraham. La détente obtenue par la Chine brise l’élan de ce qui était, de fait, un bloc d’États unis dans leur opposition radicale à la République islamique d’Iran. Par ailleurs, quelques heures avant l’annonce de l’accord tripartite, on a appris quel était le prix d’une normalisation des relations entre Israël et Arabie Saoudite : des assurances sécuritaires américaines, moins de restrictions américaines sur la vente d’armes au royaume, une aide pour le développement d’un programme nucléaire civil. Des concessions importantes, que Washington pourrait être bien en peine de satisfaire, surtout avec la disparition, de fait, de la doctrine Carter.
Le rêve d’une entente cordiale entre Riyad et Jérusalem semble donc compromis. Et cela alors que des sources israéliennes disent s’inquiéter qu’un soutien chinois à l’Iran rende ce pays moins vulnérable à une possible attaque de l’État hébreu pour empêcher Téhéran de produire une bombe nucléaire. Ajoutons à cela le fait que les priorités américaines et occidentales sont d’abord en Europe de l’Est, face à la Russie, et en Asie, face à la Chine, l’idée d’un bloc anti-iranien régional soutenu par des puissances extérieures, aidant Israël dans son opposition à l’influence iranienne, semble compromis. Comme le royaume saoudien, l’État hébreu pourrait donc être amené à repenser sa stratégie régionale. C’est ce qui explique le conseil d’un ancien chef du Mossad, Efraim Halevy, appelant à tenter des actions pouvant déboucher, à terme, sur une certaine détente, même limitée.
Certes, l’importance de la question palestinienne, la rivalité des deux pays en Syrie et au Liban, et, tout simplement, la logique conflictuelle entre deux puissances régionales, rend la réconciliation impossible entre Iran et Israël. Mais un débat existe aujourd’hui, en Israël comme aux États-Unis, autour du danger que représente vraiment l’Iran pour Israël. Pour le professeur Jonathan Leslie, qui a récemment publié un ouvrage sur la question, ledit danger a été largement exagéré pour des raisons politiciennes. Les deux pays ne partagent pas de frontières en commun, sont d’abord dans un conflit classique entre puissances régionales, et ont, dans les deux cas, un intérêt à se concentrer sur la stabilisation de leur situation intérieure. Israël a la possibilité de faire monter la pression, militairement, sur l’Iran, avec les risques de dérapages que cela implique. Mais il pourrait préférer, à une aventure dont bien des aspects sont imprévisibles, la recherche d’un début de dialogue. Et ici, le pays qui serait capable d’assurer un dialogue résistant à l’épreuve du temps serait la Chine.
La grande puissance asiatique pourrait même associer à ce dialogue israélo-iranien un renouveau du processus israélo-palestinien. Après tout, le président Xi lui-même a proposé d’aider un dialogue entre Israéliens et Palestiniens il y a cinq ans ; et quatre séminaires associant des universitaires et des politiciens des deux peuples avaient été organisés à Pékin. Comme dans le cas irano-saoudien, l’Empire du Milieu a des liens avec tous, sans avoir de favoris, et avec pour principal objectif le désir d’apaiser les tensions, sans prétendre les faire disparaître par ses seules actions. L’évolution d’une détente irano-saoudienne vers une détente régionale au Moyen-Orient ne sera pas facile, mais la Chine a les cartes nécessaires pour transformer cette utopie en réalité.
Bien sûr, avant d’en arriver à une telle possibilité, il va falloir que l’accord résiste à l’épreuve du temps. Et que les États régionaux, mais aussi les grandes puissances, notamment les Occidentaux, acceptent que la géopolitique moyen-orientale soit un jeu autrement plus subtil que les guerres totales ou idéologiques du passé. Les rivalités irano-saoudienne ou israélo-iranienne ne vont pas disparaître, même dans le meilleur des scénarios. Et quoi qu’il arrive, Américains, Russes et Chinois continueront à s’opposer dans cette région comme ailleurs. Mais l’action chinoise donne l’opportunité d’une évolution vers une rivalité plus contrôlée, capable d’éviter le pire. Une évolution particulièrement importante pour des populations du Moyen-Orient, qui auraient tout à perdre à redevenir les pions d’un « Nouveau Grand Jeu », ou d’une « Nouvelle Guerre Froide », entre grandes puissances.
Didier Chaudet