Les partisans de longue date de l’orientation de Bachar al-Assad ont été tout aussi prompts à réagir. Rania Khalek, commentatrice sur des médias pro-Assad et aussi liés à l’Etat russe, a tweeté : « La Syrie doit faire face à cette horrible catastrophe alors qu’elle est soumise à des sanctions états-uniennes qui ont ruiné son secteur médical et sa capacité à réagir, ces sanctions sont criminelles. »
Pendant ce temps, le régime a menacé de bloquer toute assistance aux zones du nord-ouest de la Syrie tenues par l’opposition. Son ambassadeur auprès des Nations unies, Bassam Sabbagh, a insisté sur le fait que Damas doit contrôler toutes les fournitures et prestations en Syrie.
Le coordinateur résident de l’ONU pour la Syrie, El-Mostafa Benlamlih, a lancé un appel : « Mettez la politique de côté et laissez-nous faire notre travail humanitaire. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre et de négocier. Le temps que nous négociions, c’est foutu, c’est achevé. »
La manipulation des sanctions par Assad
Les sanctions sur la répression meurtrière du régime depuis 12 ans contre ses citoyens et citoyennes datent du 29 avril 2011 [en fait, les « forces de l’ordre » répriment massivement depuis le 15 mars à Damas – réd.], six semaines après que les autorités ont détenu et maltraité des adolescents ayant fait des graffitis à Daraa, dans le sud de la Syrie, ce qui a stimulé le soulèvement populaire. Le président des Etats-Unis de l’époque, Barack Obama, a ordonné le gel des biens des personnes impliquées dans les violations des droits de l’homme.
L’Union européenne (UE) et le Canada lui ont emboîté le pas en mai, en interdisant les déplacements et en gelant les avoirs de certains individus, ainsi qu’en interdisant l’exportation en Syrie de biens et de technologies susceptibles d’être utilisés par les forces armées du régime. En août 2011, Washington a étendu les sanctions au secteur pétrolier et a interdit toute exportation de biens des Etats-Unis vers la Syrie.
Les Etats-Unis ont inscrit sur une liste noire des personnalités du régime liées au programme d’armes chimiques d’Assad, après des attaques au sarin et au chlore qui ont tué ou blessé des milliers de civils [1]
L’économiste Karam Shaar, du Middle East Institute, le 9 février sur Twitter, a ramassé la tragédie en une formule : « Les gémissements des milliers de personnes piégées sous les décombres ont cessé au cours des dernières heures. Pourquoi l’ONU n’a-t-elle pas largué d’aide ? Parce qu’ils ont besoin de la permission de Damas : le même Damas qui les a bombardés jour et nuit. »
Pendant ce temps, alors que le nombre de morts augmente dans les zones de Syrie contrôlées par Assad et par l’opposition, le tambour politique de Damas continue de battre. Le ministre des Affaires étrangères du régime, Feisal Mikdad, rencontrant jeudi un haut fonctionnaire de l’ONU, a proclamé sans ironie apparente : « La politisation occidentale de l’aide humanitaire est inacceptable. »
Scott Lucas, professeur auprès de l’Institut Clinton, University College Dublin