Une offensive concertée pour accélérer l’annexion de la Cisjordanie, dirigée par un colon messianique (Bezalel Smotrich) ; encore plus d’impunité pour les soldats israéliens qui agressent ou tuent des Palestiniens ; le refus de services médicaux aux personnes LGBT ; une Cour suprême malmenée ; un retour en politique pour les terroristes juifs précédemment interdits : toutes ces propositions politiques ont été discutées dans les médias israéliens au cours des dernières semaines, alors que la nouvelle coalition du Premier ministre Benyamin Netanyahou, issue d’intenses négociations et qui a prêté serment jeudi 29 décembre, se mettait en place.
La moitié des ministres ouvertement d’extrême droite
Suivant la trajectoire de ces dernières décennies, le nouveau gouvernement est le plus à droite du pays, à ce jour, donnant à Netanyahou un cabinet relativement homogène sur le plan idéologique, tout en accordant un pouvoir sans précédent à des personnalités extrémistes qui, jusqu’à récemment, étaient perçues comme destinées à rester en marge de la vie politique.
Il reste à voir quelle marge de manœuvre Netanyahou et le Likoud donneront à leurs partenaires de coalition pour mettre en œuvre leur vision fondamentaliste du pays. Mais la faiblesse du Premier ministre, de retour au gouvernement, face à la menace permanente de procès, ainsi que le pouvoir et les postes qu’il a déjà confiés aux membres du Parti sioniste religieux, d’Otzma Yehudit et de Noam, tous d’extrême droite, sont de mauvais augure. L’insistance de Benyamin Netanyahou auprès de la population sur le fait qu’il ne permettra pas aux extrémistes religieux de son gouvernement de se déchaîner — en se présentant, selon la tradition bien connue de l’extrême droite israélienne, comme un rempart contre ceux qui sont encore plus à droite — est démentie par la complaisance dont il a fait preuve tout au long des négociations de ces dernières semaines.
Menaces contre les militantEs
Avant même que la nouvelle coalition ne prête serment, le traitement déjà répressif de l’État d’Israël à l’égard des militantEs, des journalistes et des groupes de la société civile s’était déjà détérioré. Ces dernières semaines, des soldats ont agressé des militantEs de gauche en Cisjordanie tout en se félicitant du rôle que Ben Gvir [nouveau ministre de la Sécurité nationale] aura sur leur mission. Un journaliste a été arrêté pour provocation après avoir félicité un Palestinien de Cisjordanie d’avoir cherché à attaquer les forces de sécurité israéliennes plutôt que des civils. Et un député du Likoud a appelé à « emprisonner » le chef de Breaking the Silence [organisation israélienne de soldats et d’anciens soldats], Avner Gvaryahu.
La nouvelle coalition semble prête à criminaliser, persécuter et entraver davantage les acteurs des droits humains et civils, ainsi que les journalistes, des deux côtés de la Ligne verte. Bezalel Smotrich [du Parti sioniste religieux] a appelé à cibler davantage les groupes de défense des droits humains sur le plan « juridique et sécuritaire » — les qualifiant de « menace existentielle pour l’État d’Israël » — et des plans sont en cours pour taxer les dons des gouvernements étrangers aux ONG de gauche. Une initiative vieille de plusieurs années visant à criminaliser le fait de filmer des soldats israéliens en service est en train d’être réactualisée, tandis que le Likoud fait ressurgir les menaces de fermeture de la branche information du radiodiffuseur public israélien, que Netanyahou a déjà jugé trop à gauche.
Natasha Roth-Rowland
Version intégrale (en anglais) sur 972mag.com.
• Hebdo L’Anticapitaliste - 644 (12/01/2023). Publié le Vendredi 13 janvier 2023 à 18h00 :
https://lanticapitaliste.org/actualite/international/israel-lextreme-droite-au-pouvoir
231 PalestinienEs tués en 2022
L’année 2022 a été la plus meurtrière depuis des décennies pour les PalestinienEs vivant sous occupation israélienne. En Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est spécifiquement, cette année a marqué le plus grand nombre de meurtres de Palestiniens dans les territoires depuis que l’ONU a commencé à enregistrer les décès en 2005.
Les meurtres ont commencé dès le début de l’année, avec deux Palestiniens tués au cours de la première semaine de janvier 2022 — l’un par un soldat israélien, l’autre par un colon israélien. À partir de ce moment, les meurtres n’ont plus cessé.
Jénine et Naplouse particulièrement ciblées
Le nombre total de Palestiniens tués en 2022 s’élève à 231. Ce nombre comprend également 53 personnes tuées à Gaza, dont 49 lors de l’opération « Breaking Dawn » en août, et cinq Palestiniens de citoyenneté israélienne tués à l’intérieur du territoire de l’État d’Israël. La grande majorité des décès de cette année provient toutefois de la Cisjordanie occupée, avec 173 Palestiniens tués.
Cette liste ne comprend pas seulement les Palestiniens qui ont été abattus par des soldats israéliens ou écrasés par des voitures de colons israéliens. Elle inclut également les prisonniers politiques palestiniens qui sont morts dans les prisons israéliennes à la suite d’une « négligence médicale directe », ou ceux qui sont morts en résistant à l’apartheid et au colonialisme israéliens, et qui sont donc considérés comme des « martyrs » — ceux qui sont morts pour la cause — par le public palestinien.
Parmi les 173 personnes tuées en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, on compte 39 enfants âgés de moins de 17 ans, ce qui représente près de 27 % du nombre total de morts sur le territoire.
En Cisjordanie, le plus grand nombre de victimes se trouve dans deux régions spécifiques : Naplouse et Jénine, représentant respectivement 19 % et 34 % du total des victimes. Le nombre particulièrement élevé de décès dans les deux régions du nord de la Cisjordanie peut être attribué à la résurgence de la résistance armée observée dans ces deux régions, que l’armée israélienne s’est efforcée de réprimer cette année.
Mensonges de l’armée
À la fin de l’année 2021, l’armée israélienne a modifié sa réglementation déjà peu contraignante en matière de tirs en Cisjordanie occupée, autorisant officiellement les troupes à tirer sur les Palestiniens qui avaient jeté des pierres ou des cocktails Molotov sur des véhicules civils, même si le Palestinien ne représentait plus une menace immédiate.
Le porte-parole de l’armée a affirmé que le règlement modifié ne s’applique que lorsque des pierres ou des bombes incendiaires sont lancées vers des véhicules civils, et non lorsque de tels objets sont lancés vers les forces armées lors de raids militaires, et que les soldats doivent suivre un protocole dans lequel l’usage de la force meurtrière est un dernier recours. La nature des meurtres de cette année, cependant, raconte une histoire différente.
Selon la documentation recueillie par Mondoweiss, la grande majorité des personnes tuées ont été abattues par la police israélienne, la police des frontières et l’armée lors de confrontations avec les forces israéliennes. Si les affrontements armés entre Palestiniens et forces armées israéliennes ont augmenté de manière significative cette année, nombre des personnes tuées ont été abattues alors qu’elles n’étaient pas armées, ou alors qu’elles lançaient des pierres ou des cocktails Molotov en direction de véhicules de l’armée israélienne et de soldats armés.
Yumna Patel
• Traduction J.S.
Version intégrale (en anglais) sur mondoweiss.net.
• Hebdo L’Anticapitaliste - 643 (05/01/2023). Publié le Vendredi 6 janvier 2023 à 09h00 :
https://lanticapitaliste.org/actualite/international/231-palestinienes-tues-en-2022