TaPaGeS a participé, pour la troisième année
consécutive, le samedi 16 juin à la Marche de la
Visibilité de Strasbourg dont le mot d’ordre était «
Prévention, Égalité : maintenant des actes ! »
Le tract de TaPaGeS peut être consulté à l’adresse :
http://tapages67.org/_pages/actions...
Un stammtisch (repas convivial) organisé par TaPaGeS
aura lieu le samedi 23 juin à 20h30 au restaurant
Cappadoce (15 rue Kuhn à Strasbourg).
Rencontrons-nous ! Discutons ! Inventons nos futurs
complots et nos imminentes échappées...
Tract diffusé lors de la Marche :
Tu es si belle et heureuse
S’agit d’être heureux/-se ! Et de le dire ! L’heure
n’est ni à la plainte ni à la revendication.
D’ailleurs, que dire d’autre à part notre bonheur ?
Têtu, la Pravda de la bourgeoisie LGBT, nous l’a dit :
« on a gagné ». Prière de communier dans l’allégresse,
la jouissance en bandoulière. Et pourtant, ce bonheur
qu’ils nous offrent, promettent, préparent n’est pas
le nôtre. Rabougri, individualiste, morne et normé, il
nous terrifie. Il est fait de tant d’abandons, de tant
de compromis... Tout pour sa gueule dans un joli
placard doré.
Un bonheur bien français : la tendance est à l’«
identité nationale ». Le bonheur ne s’exporte pas.
Comme le nuage de Tchernobyl, il s’arrête aux
frontières. Nos sœurs sont tabassées par les
fascistes, inquiétées par les flics, discriminées par
les hiérarchies religieuses. C’est ballot, mais
n’avaient qu’à naître Françaises. L’étranger, c’est
pour le tourisme. Pas pour la solidarité politique.
C’est pas qu’on soit égoïste : on est super
généreux/-se même. On donne chaque année pour le
Sidaction, on est contre les tsunamis et la misère.
Mais voilà, c’est comme ça, c’est pas d’bol. Y a des
pédés qui sont Français et d’autres qui sont
Polonais... Et pourtant, question droits-de-l’homme,
on est irréprochable. C’est même notre label.
Questions droits de la femme c’est pas terrible,
certes. Mais on a failli avoir une femme présidente...
C’est dire si on est évolués. Donc : on est super
fort(e)s sur les droits-de-l’homme.
D’ailleurs, nos commissariats sont impeccables
vis-à-vis de la jeunesse des quartiers populaires. Nos
préfectures sont admirables vis-à-vis des immigré(e)s.
Certes, nos amantEs sans papierEs sont expulsé(e)s -
leurs ami(e)s aussi - par la police de Sarkozy ; les
putes et les toxicos sont pourchassé(e)s, les militant(e)s
pénaliséEs, criminaliséEs. De ceux/celles-là il est
recommandé de s’en foutre. De passer son chemin. Une
vie est, paraît-il, solitaire : elle se construit dans
l’indifférence, avec son clan, ceux/celles qui nous
ressemblent. Le bonheur, d’accord, mais toutE seulE,
dans son coin. Et surtout sans politique. La politique
c’est pas bien. C’est du conflit, des rapports de
force, des contradictions, des oppositions. La
politique, c’est refuser la fatalité. Refuser de vivre
comme on vit. Croire que ce n’est pas naturel. Et
inchangeable. Faire de la politique, dans ces
conditions, c’est refuser de souscrire à ce monde ;
c’est considérer Vanneste, Benoît XVI, Boutin,
Pécresse et Ollier etc. comme des ennemis ; c’est
s’échapper de la logique mièvre de la tolérance, du «
à chacun-ses-opinions » pour lui opposer celle de
notre émancipation.
Mais pour être vraiment heureux/-se, il ne s’agit pas
d’en rester là, nationaliste, solitaire et neutre. Il
faut aussi être re-co-nnai-ssant(e). On t’accorde des
sous-droits ; la Loi, elle-même, te dit que tu ne
vaudras jamais un(e) hétéro ; on psychiatrise les trans’
; on ignore toute prévention de l’homo/bi/transphobie
: eh bien tu es prié(e) de dire merci. Car c’est la
grandeur de la République : elle est mère de tous les
citoyens (du moins ceux qui sont hommes, blancs,
hétéros, cadres, chrétiens ou apparentés, en bonne
santé). Et s’agit pas de demander plus. Un jour
peut-être tu auras le droit au mariage. C’est énorme,
non ? Ton côté trans/pédé/gouine est comblé. Jouis de
ce bonheur à venir. Et oublie, un temps, que tu es
précaire, chomeur/-se, salarié(e), retraité(e). Car ce
bonheur ne connaît pas la lutte des classes. Faut
savoir sacrifier ses minima sociaux, renoncer au droit
à la santé pour relancer la croissance (et dieu sait
que rien au monde ne te tient plus à cœur que de
relancer la croissance !) Le bonheur est inséparable
du bonheur du Capital. Celui-ci parfois est un peu
barbare, comme en Afrique, qui crève du cynisme de
l’industrie pharmaceutique (et de la haine papale).
Les excès ce n’est pas bien : le bonheur exige de la
modération.
Comme dans ta vie, d’ailleurs : la plus transparente
possible. Bien dans les clous. Une vie de
transpédégouines consommateur/trice : tu n’as plus de
désirs ? On t’en crée. De bien beaux, marchandisés.
Comme ça tu as les mêmes que ton/ta voisin(e). « Nous
sommes deux sœurs jumelles, nées sous le signe »... Un
bonheur capitalisable de petitE-épargnantE ou de
petit(e)-propriétaire. Un(e) bon(ne) transpédégouine est un(e)
transpédégouine qui ressemble à un(e) hétéro qui
lui/elle-même ressemble... Ne crie pas, ne mords pas,
n’exige rien. Sois heureuse et trouve-toi belle dans
ton miroir.
... Quand tu es en colère
De ce bonheur concédé, nous ne voulons pas !
Nous voulons plus. Nous voulons autre chose. Nous
voulons tout.
Nous sommes acariâtres et malpoli.e.s.
Aigri.e.s : nous n’avons qu’une vie et celle-ci ne nous
plaît pas.
Nous sommes en colère. Ce n’est pas très esthétique.
De toute manière nous ne sommes pas esthétiques : trop
grosses, trop maigres, trop grandes, trop petites,
trop poilues, trop glabres, trop jeunes, trop
vieilles, trop masculines, trop féminines...
Des fois, bien sûr, nous sommes heureux/-ses. Nous
découvrons l’intensité du bonheur dans nos luttes,
dans nos plans cul, dans l’affection de nos amant(e)s.
Lorsque nous sommes ensemble, graves, insouciantes,
grotesques et intraitables.
Mais ça ne nous suffit pas : nous sommes insatiables.
À TaPaGeS, nous essayons, même si c’est dur, de
construire collectivement le bonheur, le bonheur
en-deçà duquel nous resterons toujours insatisfaites
et coléreuses. Parce que c’est cela qui nous rend
belles aux yeux de nos amant(e)s.
Ce bonheur nous n’en avons pas le mode d’emploi, tout
juste quelques intuitions. Et quelques certitudes
quant à nos combats : ce que nous obtenons n’est que
le résultat de nos luttes.
Des luttes internationalistes, anti-patriarcales,
anti-capitalistes, égalitaristes et universalistes.
Rencontrons-nous ! Discutons ! Inventons nos futurs
complots et nos imminentes échappées...
STAMMTISCH TaPaGeS : le samedi 23 juin à 20h30 au
restaurant Cappadoce, 15 rue Kuhn à Strasbourg
TaPaGeS - TransPédéGouines de Strasbourg
www.tapages67.org
contact : tapages67 yahoo.com