A Agadir, Ksar el Kébir, Taza, Séfrou, Er-Rachidia, Tiznit…, sur tout le territoire marocain, le défilé du 1er mai a subi une sévère répression : matraquage, tabassages, arrestations… Près d’une dizaine de militants syndicalistes ou membres d’associations [1] ont été rapidement et lourdement condamnés – jusqu’à 3 ans de prison ferme et 10 000 dihrams d’amende – pour « atteinte aux valeurs sacrées du royaume », au terme d’interrogatoires durant lesquels ils disent avoir subi tortures et menaces de viol. D’autres sont poursuivis, pour avoir organisé des initiatives de solidarité avec ces détenus, comme à Beni Mellal : parmi eux notamment, Mohamed Yousfi, secrétaire général de la section locale d’Attac Maroc et deux de ses camarades.
A l’initiative de plusieurs associations, de syndicats et d’organisations politiques, une « Instance nationale pour la solidarité avec les détenus du 1er mai 2007 » (INSAD-1er mai) s’est aussitôt constituée pour exiger la libération de tous les prisonniers politiques, l’annulation des poursuites judiciaires en cours et le respect des droits fondamentaux que sont le droit de grève, de manifestation et de liberté d’expression.
Le 15 juin dernier, alors qu’elle appelait à une journée nationale d’action en solidarité, elle fut la cible d’une violente répression, notamment à Rabat, où devait se tenir un sit-in de solidarité devant le Parlement. Les forces de l’ordre ont ainsi chargé, sans sommation, la foule des manifestants, usant de la matraque sans épargner la tête, frappant à coups de brodequins, traînant par terre de nombreuses personnes. Parmi elles, les responsables de l’AMDH (Association marocaine de défense des droits humains), sa toute nouvelle présidente Khadija Ryadi et ses deux vice-présidents. Battues, piétinées, plus d’une trentaine de personnes ont dû être hospitalisées, au terme de près de deux heures d’affrontements.
Attac France s’associe aux nombreuses organisations qui, au Maroc, comme partout dans le monde, dénonce cette escalade de la répression, exige la libération de tous les détenus politiques et l’annulation des poursuites judiciaires contre les manifestants. Elle s’indigne de la multiplication des atteintes aux droits fondamentaux de l’homme dans un pays par ailleurs souvent salué pour sa « bonne gouvernance ». Elle s’inquiète de ces démonstrations de force qui rappellent les années dites de plomb, du régime d’Hassan II. Elle soutient le combat de l’Instance nationale pour la solidarité avec les détenus du 1er mai 2007 et celui de l’AMDH pour la constitution d’un réel Etat de droit au Maroc.
Contact : Anne Marchand 06 72 35 77 85