Débuté en juillet, ce procès — qui pourrait aboutir à un allongement des peines de 2020 — est entré dans le dur, avec fin septembre les provocations des soutiens aux inculpés dans la salle d’audience (saluts nazis sans intervention de la police).
Le danger fasciste demeure
Bien sûr, le danger de reconstitution de Chryssi Avgi n’est pas pour demain, ne serait-ce que parce que, depuis deux ans, ses dirigeants se sont classiquement divisés, entre un Kassidiaris, ancien dirigeant des groupes d’assaut ayant fondé son groupuscule, un Lagos, député européen comptant parmi les responsables du meurtre en 2013 du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, et un Michaloliakos, le führer actuellement moins provocateur que les deux autres.
Mais il est clair que le danger fasciste demeure, et Kassidiaris tente de faire du procès une tribune en vue d’« exprimer la voix de [ses] concitoyens avec un parti fort, comme ceux qui dominent maintenant dans toute l’Europe ». Or, le terreau reste fertile en Grèce pour la constitution d’un parti d’extrême droite qui pourrait un jour regrouper les tueurs nazis et les fascistes peu à peu recyclés en passant par le parti d’extrême droite Laos qui gouverna avec la droite et le Pasok en 2011 puis par la Nouvelle Démocratie, où ils poussent à une ligne d’État policier en occupant des postes clés : ministère de l’Intérieur, du Développement...
Un cas symbolique est celui du ministre de la Santé, l’avocat Thanos Plevris, un des « recyclés », fils de l’idéologue nazi grec Kostas Plevris, sinistre admirateur d’Hitler et auteur de livres pronazis et antisémites, avec des passages comme celui-ci : « Juif et être humain sont deux notions contradictoires, l’une exclut l’autre. » Pour de tels écrits, le père Plevris était passé en procès, défendu alors par son fils, qui n’hésitait pas encore en 2009 à protester contre la tentative d’empêcher de prêcher le national-socialisme. Aussi ne le croit-on pas un instant aujourd’hui quand il parle d’attitude « bestiale » de son père, lui-même avocat défenseur de Lagos et qui, face à la mère de Fyssas, lui a fait en plein tribunal le salut nazi…
Dans la rue contre la peste brune
Face à tout cela, certains exigent l’interdiction pour des groupes ou des personnes relevant de condamnations criminelles de pouvoir se présenter aux élections. Il faut surtout se battre contre la politique de droite extrême du Premier ministre Mitsotakis, entre emploi systématique de la violence policière et flicage de la société, et ses ponts recherchés avec l’extrême droite. Un rassemblement de quelques centaines d’antifascistes a eu lieu le 7 octobre devant le tribunal, en soutien à Magda Fyssas qui témoignait ce jour-là et a rappelé à la présidente : « Mon fils n’est pas mort, il a été assassiné »… Pour Pavlos, pour Loukman, pour les pêcheurs égyptiens et pour les autres victimes, et contre le danger persistant, le combat antifasciste continue !
À Athènes,
A. Sartzekis