Le débat sur la transformation du mouvement qui a propulsé notre candidat à la présidentielle à près de 22% est lancé. Dans un entretien à Regards (1), Manuel Bompard en évoque le sens, que je partage totalement : la France Insoumise, « fer de lance de la Nupes », doit constituer « une force politique organisée capable de mener la bataille idéologique, de soutenir les mobilisations de la société, de favoriser les dynamiques d’auto-organisation populaire et de former les générations militantes de demain ».
Au vu de ses scores électoraux en 2022, la FI a une responsabilité particulière dans l’animation de la Nupes pour qu’elle se pérennise et se renforce. Elle doit développer sa stature en vue de gouverner, sur la base des 650 propositions sur lesquelles tout l’arc des forces s’est accordé. Je veux ici contribuer à la réflexion sur une réorganisation du mouvement, en partageant quelques convictions sur l’outil politique dont nous avons besoin pour grandir et gagner.
L’enjeu : un nouvel écosystème politique
Depuis plusieurs années, ce que nous cherchons et expérimentons, c’est un modèle d’organisation qui nous sorte des anciennes formes partidaires, trop pyramidales et tournées vers elles-mêmes. Les luttes opposant des tendances internes, autour d’élus et d’hommes d’appareil – et bien moins souvent de femmes… -, davantage centrés sur leurs propres intérêts que sur le rayonnement dans la société française, ont essoré bien des partis. Les formes classiques de militantisme ont elles aussi trouvé leurs limites. Pour schématiser, les décisions du bureau politique redescendant en tracts à distribuer sur les marchés ne peut plus être l’alpha et l’oméga d’un mouvement de masse du XXIe siècle. Le désamour des Français à l’égard des partis, l’essor des réseaux sociaux, la volonté grandissante de chaque individu de pouvoir compter ou encore l’atomisation des lieux de sociabilité comme les grandes usines ou les centres de tri postal d’autrefois sont autant de réalités contemporaines qui imposent de nouvelles pratiques pour militer, convaincre, agréger.
La forme gazeuse de la LFI fut sans doute une tentative de répondre à cette nécessité de faire du neuf. La LFI a eu le mérite de tester des pratiques en rupture avec le fonctionnement des partis traditionnels. Plus souple, tourné vers l’action, très offensif sur les réseaux sociaux, débarrassé des batailles internes de Congrès, notre mouvement a su épouser une part des exigences de notre temps. La centralité accordée à l’élection présidentielle a permis de franchir des caps importants. En effet, si l’on regarde le bilan, force est de constater que la LFI a conquis un leadership à gauche et su passer de 17 à 75 députés.
Le fonctionnement adopté s’est surtout révélé performant en période de campagne présidentielle, avec son impact sur les législatives. Le bilan est moins positif aux élections intermédiaires et dans les périodes hors élection. Les scores aux municipales et régionales sont notamment très en-deçà de la présidentielle. Et la vie du mouvement n’a pas trouvé son rythme de croisière pour stabiliser les équipes militantes et faire vivre, à chaque échelon, l’élaboration collective. Les lieux de la prise de décision restent flous, l’espace du débat stratégique n’est pas identifié, la partition entre le local et le national mériterait d’être redéfinie.
Le gazeux a l’avantage de permettre d’agir vite, d’opérer facilement des tournants. Un atout dans une situation aussi instable et mouvante que la nôtre, avec un paysage politique en recomposition. Mais les formes lâches possèdent aussi de sérieux défauts. Reposant de fait sur un petit noyau de dirigeants, elles permettent difficilement d’agréger des cadres, d’en former de nouveaux pour animer un mouvement véritablement implanté sur tout le territoire et de profiter de la diversité des regards contenus dans le mouvement, celle qui permet d’affiner une orientation et de fidéliser des cadres militants ailleurs qu’au siège. Sans identification claire des processus de décision, le gazeux désoriente et rend plus facile les procès en légitimité des décisions prises – même si la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, « clé de voûte » de la FI, a jusqu’ici joué en grande partie un rôle de légitimation. En outre, permettre la maîtrise et la compréhension des choix opérés, c’est aussi mieux résister à la décrue de l’engagement militant lorsque la situation nous est moins favorable. C’est pourquoi je suis convaincue que nous devons franchir une nouvelle étape organisationnelle.
Il nous faut dégager l’équilibre qui permet de garder de la réactivité, une capacité à prendre des initiatives rapidement, tout en assurant une meilleure collégialité aux décisions et une place plus grande à l’échelon local. Le temps de co-élaboration permet d’embarquer plus largement, d’éviter certains départs et d’être plus fort, plus éclairé dans les options choisies. En un mot : plus efficace dans la durée. Dans cette perspective, un petit groupe unifié et déterminé au sommet de la FI ne suffira pas. Il nous faut disposer de centaines de cadres sur tout le territoire. Voir plus grand, plus large, suppose de faire vivre le pluralisme.
Notre richesse réside à la fois dans notre capacité à faire bloc face aux adversaires ET dans notre diversité. Tenir la tension entre les deux est indispensable. Restés unis et groupés contre les droites et les attaques, afficher notre cohérence, il me semble que nous sommes sur ce point assez performants. S’il faut continuer à préserver et à affirmer notre socle commun, ayons conscience que notre vitalité réside aussi dans notre diversité. Ne pas être d’accord sur tout, à tout instant, n’est pas forcément un drame, ni même un signe de faiblesse. Plus nous serons une grande force, plus des nuances voire quelques divergences apparaîtront. Il en va d’ailleurs de notre capacité à intégrer toujours plus de profils différents, de cultures politiques diverses. L’ampleur prise par notre mouvement et les attentes à notre égard nous obligent à accroître notre ancrage territorial et à faire vivre le pluralisme, qui représentent à mon sens deux marges de progression essentielles.
La méthode : consensus et pluralisme
L’une des questions majeures de tout mouvement politique, c’est : où sont prises les décisions ? Celles-ci concernent aussi bien des enjeux d’orientation que des questions financières. Ce qui est recherché, c’est la légitimité des décisions et la possibilité de peser sur elles. En la matière, nous avons souvent tendance à vouloir reproduire les schémas que l’on connait. Inventer de nouvelles modalités de légitimation des décisions et d’intervention sur les choix n’est pas simple. Il faut chercher d’autres façons de faire, assumer d’expérimenter.
À mon sens, l’alliage du consensus et du pluralisme doit nous guider. Toutes les décisions n’ont pas besoin d’être l’objet d’un vote pour être légitimes. Non, il n’est pas nécessaire de chercher systématiquement à dégager une majorité, il est possible d’avancer par la recherche de consensus. C’est l’un des acquis du mouvement altermondialiste de nous avoir appris à ne pas toujours vouloir « figer » des majorités et des minorités, qui risquent de s’ancrer dans la durée sans que cela soit constructif politiquement.
Souvent le consensus est associé à quelque chose de mou, de mesuré, de falot. C’est une erreur, il peut être porteur de décisions tranchées et de dynamiques collectives. Nous l’avons d’ailleurs vécu dans le groupe parlementaire des 17 pendant cinq ans, et je ne crois pas que nous ayons produit de l’eau tiède… ! Je ne dis pas qu’à tout moment le consensus fonctionne ou qu’il n’ait pas ses travers – il peut favoriser ceux qui parlent le plus fort, qui ont le plus de temps et d’expérience. En cas de francs désaccords et/ou si un nombre suffisamment important de personnes le demandent, le vote m’apparait comme un recours, à l’instar du tirage au sort sur certaines décisions impliquant des choix de personnes. Mais commencer par rechercher le consensus, c’est construire une culture politique qui unifie.
Le corollaire du consensus, c’est d’assurer le pluralisme. Car si le consensus fonctionne sur la base de l’écrasement des différences, le mouvement ne peut que se rabougrir intellectuellement et humainement. La diversité des points de vue doit pouvoir s’exprimer, les capacités d’argumentation et la maîtrise de la dialectique doivent être encouragées. Il faut donc des espaces qui le permettentet une culture politique qui favorise l’écoute des autres, de ceux qui n’ont pas la même sensibilité, le même avis, la même idée sur tel ou tel sujet. Sinon, les expressions critiques n’ont pas d’autres solutions que d’être tues – mais à quel prix dans la durée ? – ou de passer par des prises de position à l’extérieur. L’organisation a besoin d’une pensée en mouvement, d’affiner sans cesse les objectifs de son action, dont font partie le discours et les prises de position à la dimension performative. À tous les étages la FI doit être un lieu de réflexion programmatique et stratégique.
En période électorale, l’efficacité suppose de rester soudés. Ce n’est pas le temps du débat interne, de la nuance, de l’échange contradictoire : c’est celui où l’on tape sur un même clou. Mais pour taper sur le bon clou au moment de l’élection, pour être suffisamment nombreux à le faire, encore faut-il avoir eu la meilleure discussion collective entre deux élections et tissé une toile militante suffisamment solide, ancrée sur l’ensemble du territoire, en résonnance avec les mouvements sociaux, écologistes, féministes, etc. et la production intellectuelle, culturelle, scientifique. Pour que tout le monde reste uni et soudé pendant les mois de campagne, encore faut-il que le reste du temps il y ait eu de l’espace pour l’échange d’idées. C’est en tout cas l’idée que je me fais d’un mouvement vivant qui, loin de prétendre détenir la vérité une fois pour toute, cherche inlassablement à préciser et enrichir ses positions. Cette dynamique de création est, à mon sens, celle qui est la plus efficace pour entraîner dans la durée et en profondeur dans le pays.
Une direction collégiale identifiée, des moyens pour l’action locale
C’est ainsi qu’il nous faut à la fois repenser les lieux de la décision et ceux de la discussion, qui doivent évidemment être reliés, du local au national.
Notre mouvement ne peut se passer d’une direction identifiée qui pourrait combiner trois niveaux de légitimité : les élus, les Groupes d’Action, les forces du mouvement social et culturel qui s’engagent en notre sein – je pense en particulier aux personnalités qui ont intégré le Parlement de l’Union populaire pendant la présidentielle. Cette instance pourrait donc être composée de trois collèges, chacun d’entre eux étant chargés de désigner ses représentants. J’insiste ici sur un point : si les députés occupent aujourd’hui une place de choix dans le mouvement, il me semble que l’implication des membres des collectifs locaux et de personnalités issues du monde associatif, syndical, artistique, des quartiers populaires, est décisive dans l’orientation globale de LFI. Une organisation a besoin de prendre son souffle dans toutes ses composantes, et pas d’être seulement gouvernée par ses élus. Cette instance aurait vocation à coordonner le travail du mouvement qui resterait structuré autour de pôles, animés par des militants bénévoles et/ou salariés, chargés de tâches précises – programme, formation, communication, élections… Le lien entre le « haut » et le « bas » de l’organisation et le pluralisme pourraient être renforcés par des assemblées de type « Convention », plus régulières et incluant de façon systématique une part de débats stratégiques.
Les « groupes d’action » rassemblent des militants et sympathisants aux attentes diverses. La discordance des temps et des aspirations militantes est une donnée qu’il faut intégrer. Certains, certaines, ne peuvent ou ne souhaitent donner du temps qu’en période de campagne électorale. D’autres, ou les mêmes, veulent bien coller des affiches, tracter mais n’ont aucune envie de participer à des débats internes ou à une réflexion théorique. Mais d’autres encore, et nous devons les encourager, cherchent à participer à la vie du mouvement de façon plus ample qu’en agissant concrètement au moment des campagnes. La dimension de réflexion, d’échanges et de formation des Groupes d’Action mériterait d’être encouragée. C’est pourquoi la règle selon laquelle on peut créer un autre GA dès qu’un désaccord apparaît me semble devoir être revisitée. En effet, le débat d’idées, si l’on admet qu’il est utile de le mener plutôt que de le nier ou de l’empêcher, ne peut se mener qu’à la condition de regrouper des collectifs militants, pas forcément de façon structurelle et quotidienne mais de les réunir régulièrement, même s’ils ont des désaccords entre eux. N’est-ce d’ailleurs pas la condition pour tenter de dénouer lesdits désaccords ? N’est-ce pas la façon de faire vivre le pluralisme à l’échelle locale ? Par ailleurs, renforcer les temps d’échanges nationaux sur les questions stratégiques et mettre en œuvre une formation interne structurée fera grandir notre mouvement. Les militants participent de la bataille culturelle, via les rencontres qu’ils déploient ou leurs interactions sur les réseaux sociaux. Aussi est-il indispensable qu’ils soient amenés à affûter leur réflexion, par des ateliers de formation qui les outilleront, par du débat qui aide à forger sa propre pensée.
En outre, si les GA constituent des regroupements à échelle humaine, ils interagissent souvent dans des territoires où existe une vie politique, où se déploie un mouvement social : il est nécessaire que la FI existe aussi à cette échelle, celle d’une ville, d’une agglomération, d’un « pays », d’un département voire d’une région. Des expériences ont été menées ces dernières années avec succès à certains endroits, souvent sous la forme de coordination de GA. Nous devrions examiner les plus porteuses et voir comment on peut les développer davantage.
Nous le savons, de nombreux groupes locaux expriment le besoin de moyens financiers pour se développer. Comment être une grande organisation de masse à vocation majoritaire si le rayonnement local est rendu difficile par un manque de moyens, ceux-ci étant privilégiés pour l’activité nationale et la présidentielle ? Je rappelle que seules les cotisations passant par une association de financement sont dé-fiscalisables. C’est pourquoi laisser aux GA le soin de financer par eux-mêmes l’essentiel de leurs actions nous privent de moyens d’agir, et donc de mobiliser dans la société, de favoriser l’auto-organisation populaire et de progresser électoralement. Ne pourrait-on pas réfléchir à un système plus accessible et pro-actif de cotisations volontaires utilisant la défiscalisation, et donc passant par le national, et dont une partie reviendrait à un échelon local ?
Tout ceci souligne le rôle décisif du pôle de suivi des GA qui doit être renforcé au siège de la FI – le suivi par un-e député-e n’est assurément pas le plus performant pour des raisons de disponibilité des parlementaires…
L’articulation avec la Nupes
Si la FI doit être fer de lance, elle doit se garder d’agir de façon hégémonique avec les partenaires de la Nupes. En même temps que se réagencent le fonctionnement de la FI, le chantier des modalités de vie de la Nupes s’inventent. Et c’est crucial ! La Nupes est une construction politique que nous voulons durable car elle s’organise autour d’un programme qui permettrait, s’il était mis en œuvre, de prendre à bras-le-corps les méga-crises sociales et écologiques auxquelles nous sommes confrontés. Parce que la Nupes est candidate au pouvoir, sa construction, son affirmation à toutes les échelles est déterminante.
Il faut avancer ensemble, dans le respect des diverses composantes – et tenons bien aux deux termes, respecter les partenaires ET avancer. D’ores et déjà, trois espaces sont constitués : le Parlement de la Nupes, l’intergroupe des députés et « l’inter-orga » (réunion de représentants des organisations de la Nupes). D’autres espaces pourraient être imaginés, comme des assemblées locales de la Nupes, qui ont été lancées ici et là, notamment sous l’impulsion de Jean-Luc Mélenchon, ou un club de réflexion propre à la Nupes, qui permettrait de poursuivre le travail de fond, de produire de nouvelles idées dans un cadre d’emblée pluraliste. Plus nous aurons d’espaces de production en commun, plus nous serons reliés et forts.
Localement, l’échelle de la circonscription me paraît cohérent pour s’organiser dans la mesure où notre période d’instabilité politique pose l’éventualité d’une dissolution de l’Assemblée nationale. Même si elle ne se produisait pas, il est judicieux de conforter ce qui a marché. Dans de nombreuses circonscriptions, les campagnes autour des candidat.es Nupes aux législatives ont permis de faire se rencontrer et agir ensemble des militant.es venus de traditions politiques diverses et aussi de nouveaux venus en politiques, engagés directement en faveur du rassemblement sans passer par l’une de ses composantes. Dans toutes ces circonscriptions, il faut que ces forces continuent à converger, fut-ce en se subdivisant à des échelles cohérentes en fonction du territoire. Il me semble que ces assemblées de circonscriptions devraient se doter d’une équipe d’animation pluraliste.
Je veux insister aussi sur le Parlement de la Nupes. Nous avons collectivement besoin d’un tel poumon, de cette ouverture sur la société. C’est fondamental, comme l’ont notamment plaidé avec justesse Cédric Durand et Razmig Keucheyan (2). Or le Parlement a d’abord été celui de la campagne de Jean-Luc Mélenchon. Il a jouté à ce moment-là un rôle d’élargissement avec l’implication dans la campagne de figures du mouvement associatif, syndical, culturel, intellectuel. Ce Parlement a été élargi pour les élections législatives avec la Nupes mais la rapidité avec laquelle nous avons ajusté sa composition en vue des élections législatives n’a pas permis de le faire vivre concrètement, et avec le juste équilibre permettant à toutes les composantes de s’y sentir chez soi. Mais jeter le bébé avec l’eau du bain serait une folie. Parce que nous avons besoin d’une instance qui dépasse nos seules organisations politiques. Parce que nous savons que tant de syndicalistes, artistes, intellectuels, associatifs possèdent une expertise décisive pour avancer. Et enfin parce que certains d’entre eux, nombreux, n’accepteront de participer à de l’initiative politique que dans un cadre Nupes.
Pour l’emporter dans la course de vitesse engagée avec la macronie et l’extrême droite, il faut emporter la dynamique dans la société (3). Ce n’est donc pas simplement un compromis entre les forces existantes que nous devons trouver mais une proposition politique et des incarnations qui parlent au « peuple de gauche » et à tous ceux qui, écœurés de la politique et aujourd’hui abstentionnistes, sont sensibles aux idées émancipatrices. Comment le faire sans s’ouvrir, et donc sans ouvrir nos cadres d’invention et d’action ? L’heure est venue de franchir cette nouvelle étape.
C.A.
Notes
[1] Voir l’interview de Manuel Bompard dans Regards « Une force d’alternative prête à gouverner demain » : http://www.regards.fr/actu/article/manuel-bompard-une-force-d-alternative-prete-a-gouverner-demain<
[2] Voir la tribune de Cédric Durand et Razmig Keucheyan dans Libération : https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/la-nupes-doit-faire-entrer-le-mouvement-social-au-parlement-20220624_RPPF4AMNX5AQ5HCSMSRX5GUEJM/
[3] Voir mon texte « Consolider la Nupes » : https://blogs.mediapart.fr/clementine-autain/blog/120722/consolider-la-nupes?fbclid=IwAR1zMt_wzazRGeGPRkFJ5caRyoSmDRRRw2IdDYLOulV2X-u-vR8fQxYM73w