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Dziouba est né à Mykolaïvka (raion de Volnovakha, oblast de Donetsk) dans une famille paysanne de la région minière du Donbass. Son père meurt au front en 1943 et sa mère exerçait la profession d’infirmière. Jusqu’à l’âge de 17 ans, il ne parlait que le russe.
En 1932, sa famille pour fuir la famine, doit quitter son village natal Il poursuit ses études supérieures à l’Institut de littérature Taras Shevchenko de Kiev où il obtient son diplôme de 3e cycle. En 1957, il est rédacteur en chef du Département d’études littéraires et de critique de la revue Vitchyzna (Patrie)1. Son premier recueil intitulé L’homme ordinaire ou le Le Philistin est publié en 1959. Dans ses articles, Dziouba demande aux écrivains soviétiques de décrire la vie réelle plutôt qu’utiliser des termes de propagande En 1959, il devient membre de l’Union des écrivains d’Ukraine1. Il s’est opposé aux restrictions et à la censure appliquée à la littérature, défendant le droit des écrivains à s’exprimer librement et être créatifs ce qui lui a apporté une grande estime chez les jeunes écrivains et lecteurs Il participe aux travaux du Club de la jeunesse créative, créé à Kiev en 1960 et en devient une des principales figures avec Yevhen Sverstiouk et le leader I. Svitlychn.
À l’époque de Khrouchtchev, sa participation à des manifestations contre les arrestations politiques entraîne son licenciement du poste rédacteur en chef du magazine Vitchyzna en 1962 pour des erreurs idéologiques. De 1964 à 1965 Dziouba est consultant littéraire de la maison d’édition Molod (Jeunesse). Son action dissidente la plus connue est son intervention lors de la première du film Les Chevaux de feu de S.Paradjanov où, au lieu de parler du film, il interpelle les auditeurs sur les arrestations secrètes des jeunes intellectuels provoquant la confusion dans la salle Il est arrêté puis rapidement libéré mais cela entraîne son licenciement de la maison d’édition Molod en 1965.
A la fin de 1965, Dziouba écrit son ouvrage Internationalisme ou russification ? qu’il adresse aux autorités communistes ukrainiennes. Cet ouvrage est celui qui reste le plus associé à son nom8. Rempli de références à Lénine, l’ouvrage traite sur des bases marxistesdes problèmes menaçant les relations nationales dans la société socialiste avec la russification forcée de l’Union soviétique.
Le 29 septembre 1966, lors du 25e anniversaire du massacre des juifs et des ukrainiens par les nazis à Babyn Yar, Dziouba se livre à un véritable réquisitoire contre l’anti-sémitisme d’état en URSS et il exhorte les Ukrainiens et les Juifs à lutter ensemble.
Le répit est de courte durée. Véritable succès en Ukraine en publications non officielles, l’ouvrage Internationalisme ou russification ? est rapidement publié aussi à l’étranger. Les interpellations et les perquisitions à son domicile se multiplient. Une commission spéciale du Comité central du Parti communiste d’Ukraine se réunit alors, examine le texte et décide qu’il s’agit de « pamphlets sur la réalité soviétique, la politique nationale du PCUS et la pratique de la construction communiste en URSS ». Les autorités ont accusé Dziouba de saper l’amitié soviétique entre les peuples et d’alimenter la haine entre les peuples ukrainien et russe. Pour cette raison, il est exclu de l’Union des écrivains d’Ukraine en 1972 puis arrêté le 18 avril 1972. A la mi-mars 1973, il est condamné à 5 ans de prison et 5 ans d’exil. Soufrant de tuberculose, il est confiné et isolé dans les locaux du KGB à Kiev. Plus important que son emprisonnement, les autorités veulent que Dziouba renie publiquement ses écrits. Plus tard, il demande pardon et après 18 mois de prison, Dziouba est gracié à la condition d’écrire un ouvrage reniant son précédent. Il est alors embauché et contraint de travailler au journal de l’usine de production en série d’Antonov comme correcteur d’épreuves.
Professionnellement, il continue son travail en publiant de très nombreux ouvrages sur la littérature ukrainienne des 19e et 20e siècle. Après le changement de situation politique en Union soviétique et la transition vers l’Ukraine indépendante, Dziouba devient populaire et publie plus de 350 œuvres littéraires. A la fin des années 1980, il co-fonde le Mouvement populaire d’Ukraine. À partir de 1991, Dziouba est aussi éditeur en chef du magazine Suchasnist. Il a été rédacteur en chef du magazine The Contemporary (Сучасність) et pendant les années 1990, membre des comités de rédaction des magazines scientifiques « Київська старовина », « Слово і час », « Євроатлантика » et autres.
Il sera pendant deux ans, ministre de la Culture d’Ukraine (1992—1994), le second depuis l’indépendance Il fait aussi partie au même moment du groupe d’initiative « 1er décembre ». Dziouba est un partisan de l’indépendance culturelle ukrainienne vis-à-vis du russe et juge que l’indépendance politique ne peut être obtenue sans indépendance culturelle et spirituelle. Toutefois, connaissant l’étroite relation entre les deux cultures, il ne souhaite pas l’interdiction de la culture russe mais plutôt la « réduction de sa domination par l’augmentation du potentiel de la culture nationale ukrainienne et l’assimilation croissante » d’autres cultures européennes et mondiales. Il veut « éliminer son influence dénationalisante sans perdre aucune des réalisations de la culture russe ».
Leo Ganiev
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