Il y a urgence. Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies alerte sur la situation au Tigré après avoir réalisé la première évaluation complète de la situation depuis le début du conflit. “Au moins 2 millions de personnes” dans cette région du nord de l’Éthiopie en proie à une guerre opposant depuis quinze mois forces rebelles et gouvernementales “souffrent d’une pénurie extrême de nourriture”, rapporte le Guardian. “Trente-sept pour cent de la population souffrent de grave insécurité alimentaire, ce qui signifie qu’ils ont parfois manqué de nourriture et sont restés un jour ou plus sans manger.”
Selon l’agence des Nations unies chargée des programmes d’aide d’urgence, “les familles ‘épuisent tous les moyens pour se nourrir’, 13 % des enfants de la région de moins de 5 ans et près des deux tiers des femmes enceintes et allaitantes souffrent de malnutrition”, détaille le quotidien britannique.
“Sombre bilan”
Pour le directeur régional du PAM pour l’Afrique de l’Est, Michael Dunford, “ce sombre bilan confirme à nouveau que les habitants du nord de l’Éthiopie ont besoin d’une aide humanitaire renforcée et qu’ils en ont besoin maintenant”.
Kiros, mère célibataire de six enfants dans la banlieue de Mekele, capitale du Tigré, explique aux rapporteurs :
“Avant le conflit, on mangeait trois fois par jour, mais maintenant, même une fois par jour, c’est difficile. On se contente de dormir en espérant ne pas mourir.”
Le rapport du PAM a été établi à partir d’entretiens réalisés auprès de 980 ménages dans des zones accessibles du Tigré, de la mi-novembre à la mi-décembre, mais les chercheurs “n’ont pas pu se rendre dans les zones de combat”.
L’aide humanitaire est bloquée
Les besoins alimentaires sont encore plus aigus aujourd’hui, alors qu’“aucun convoi d’aide n’a atteint le Tigré depuis plus de six semaines”. Les combats ont débordé dans les régions voisines d’Afar et d’Amhara, et “le PAM estime que 9 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire humanitaire”.
Depuis six mois, le Tigré et ses 6 millions d’habitants sont soumis à ce que l’ONU appelle un “blocus de facto”. Addis-Abeba, accusé de bloquer l’acheminement de l’aide internationale, rejette la faute sur les rebelles.
Mercredi 26 janvier, le Comité international de la Croix-Rouge a réussi à envoyer des fournitures médicales à Mekele, dont des réserves d’insuline pour un mois, ce qui n’avait pas été possible depuis septembre. Selon le directeur de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le gouvernement d’Abiy Ahmed fait “vivre un ‘enfer’ au Tigré en refusant l’entrée de médicaments”.
The Guardian
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