Le Sri Lanka fait face à une crise alimentaire et à des pénuries sans précédent. Et la situation pourrait s’aggraver d’ici le mois de mars, prévient le quotidien sri lankais Daily Mirror. En cause : les mauvaises récoltes, liées au fait que “les agriculteurs n’ont pas pu se procurer d’engrais”, explique le Daily Mirror.
En 2021, le gouvernement sri lankais avait brutalement décidé de passer à une agriculture 100 % biologique et avait interdit l’importation de produits chimiques agricoles. L’objectif était en fait d’économiser des devises étrangères, dont le pays manque cruellement. “Par conséquent, on constate une pénurie de riz, d’autres cultures et de légumes.”
“Manque de planification”
Selon les spécialistes, les récoltes devraient diminuer de 50 %, et les pénuries seront inévitables. “Cette situation est survenue car il n’existait pas de plan pour la culture biologique. Une agriculture biologique aurait pu être un succès avec un plan étape par étape, mais le manque de planification a ruiné toute l’industrie agricole”, estime K. B. Goonaratne, ancien directeur du département pour l’Agriculture, cité par le Daily Mirror.
Le gouvernement va donc devoir importer des milliers de tonnes de riz. Cela devra prendre six mois et n’apportera aucune solution à la pénurie qui se profile au mois de mars. “Les gens vont mourir de faim. Le gouvernement n’a pas de solution à offrir avant que la pénurie ne se manifeste”, poursuit K. B. Goonaratne. Parallèlement, des conteneurs de nourriture sont bloqués au port depuis le début du mois de janvier, les marchandises n’ayant pas été payées par le gouvernement.
“L’association des propriétaires de boulangeries s’est plainte de ne pouvoir les faire fonctionner, car il est difficile de se procurer le blé nécessaire au quotidien”, ajoute le quotidien anglophone. Sur 7 000 boulangeries, 2 000 ont cessé leurs opérations en raison des pénuries de blé.
Inflation record
L’inflation sur les produits alimentaires a atteint un record de 21,5 % le mois dernier. “Au cours des derniers mois, le Sri Lanka a plongé dans une crise de la dette et des devises étrangères aggravée par l’absence de touristes étrangers en raison de la pandémie de coronavirus”, rappelle la BBC.
“Le Sri Lanka doit rembourser environ 4,5 milliards de dollars cette année”, poursuit l’article. Le pays, dont les réserves de devises étrangères sont particulièrement faibles, risque de se retrouver en défaut de paiement, mais il a jusque-là refusé de se tourner vers le Fonds monétaire international. Au début du mois de janvier, le président sri lankais, Gotabaya Rajapaksa, a néanmoins “demandé à la Chine de restructurer le paiement de la dette”.
Au cours de la dernière décennie, la Chine a prêté au Sri Lanka plus de 5 milliards de dollars pour des projets comprenant des routes, un aéroport et des ports. Les critiques jugent que cet argent a été investi dans des projets inutiles et à faible rendement.
Courrier International
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