Des experts des Nations unies se sont adressés le 11 janvier au gouvernement du Kazakhstan pour lui demander de ne pas faire un emploi abusif du mot “terrorisme”. Ils l’invitent à “autoriser la constitution d’une commission indépendante fondée sur les principes des droits de l’homme pour enquêter sur l’usage de la force par l’État contre des manifestants”, rapporte le site américain The Diplomat.
Ces experts, rapporteurs spéciaux et membres de commissions spécialisées dans les droits de l’homme expriment leur inquiétude face aux ordres de “tirer pour tuer” émis par le président, Kassym-Jomart Tokaïev. Les préoccupations concernent aussi l’usage très large fait du mot “terrorisme”, dans la foulée des manifestations. Bien que les données fiables manquent, les affrontements survenus lors de celles-ci auraient fait plus de 160 victimes civiles ainsi que 18 morts parmi les policiers, entre le 2 et le 9 janvier.
“Un mauvais usage du mot ‘terrorisme’ affaiblit la sécurité de tous et amoindrit ce terme, qui a pourtant un sens spécifique en droit international”, écrivent les experts, qui redoutent que la désignation des manifestants en tant que terroristes ne soit qu’un moyen d’utiliser la législation permettant de tirer : “Mettre un tel frein à la liberté d’expression et d’assemblée” est absolument contraire au droit international, soulignent-ils.
Les corps ont été récupérés
Cette déclaration conteste directement celles du gouvernement, “qui a amplement nié avoir employé la force contre des manifestants et juré ne l’avoir fait que contre des ‘terroristes’”, note le webzine.
Mais aucune preuve de cette menace n’a été fournie, ni aucune indication sur le nom des groupes terroristes prétendument impliqués ni leurs éventuels liens avec l’étranger, poursuit The Diplomat. Près de 10 000 personnes auraient été arrêtées, mais leurs noms restent pour la plupart inconnus. Quant aux quelque 160 morts, leurs corps auraient été récupérés.
“Bizarrement, Tokaïev a indiqué que les ‘terroristes’ auraient récupéré leurs corps dans les morgues et dans les rues – une bonne raison pour ne pas pouvoir fournir de preuve.”
Les experts en appellent aux autorités pour qu’elles “cessent leur usage sans retenue de la force, dont des moyens létaux, contre les manifestants”.
The Diplomat
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