Le paysage idyllique qu’offre la côte néo-calédonienne aux abords de la mer de Corail change radicalement au sommet d’une colline à la pointe sud de l’île principale. Se révèle alors une terre rouge parsemée de cheminées d’usine et de camions géants parcourant un terrain lunaire, écrit le New York Times :
“Il s’agit de la mine Goro […] qui contiendrait jusqu’à un quart des réserves mondiales de nickel’.”
Et dont Tesla est devenu le principal client fin septembre 2021. Le fabricant automobile a en effet comme projet de prendre le contrôle de sa chaîne d’approvisionnement pour s’assurer que les minéraux utilisés pour ses batteries de voiture sont extraits de manière écologiquement et socialement responsable.
Promesses
Il s’agit d’un paradoxe inconfortable pour les constructeurs comme Tesla, indique le journal :
“Alors que les consommateurs sont attirés par les véhicules électriques en raison de leur réputation de propreté, le processus d’extraction d’ingrédients essentiels comme le nickel est sale, destructeur et souvent politiquement lourd.”
À cause de l’exploitation de ses mines de nickel, qui “a débuté peu après la colonisation de la Nouvelle-Calédonie en 1853” et qui “est intimement liée à l’exploitation de son peuple autochtone kanak”, la Nouvelle-Calédonie est l’un des plus gros émetteurs de carbone par habitant au monde, observe le New York Times.
Prony Resources, le consortium local qui a pris possession des installations de Goro en 2021, promet de réduire de moitié ses émissions de carbone d’ici 2030 et de devenir carboneutre 10 ans plus tard.
Si ces promesses sont tenues, l’approche de Tesla ouvrirait la voie à l’établissement de normes mondiales pour les véhicules électriques et offrirait aux constructeurs automobiles occidentaux un moyen de contourner la Chine, qui domine la production de batteries électriques, dit le New York Times. Mais si le projet de Tesla et Prony Resources échoue, ‘‘Goro servira de mise en garde sur la difficulté d’atteindre une véritable durabilité’’.
“Réussir l’exploit du nickel vert”
D’après le journal, ‘‘si un endroit peut réussir l’exploit du nickel vert, c’est bien la Nouvelle-Calédonie’’, en raison des normes européennes en matière d’environnement et de travail. ‘‘Nous avons des coûts de production très élevés en Nouvelle-Calédonie, c’est vrai, mais nous respectons les droits de l’homme, respectons les droits des populations locales et respectons l’environnement’’, a assuré au quotidien le président du territoire, Louis Mapou.
Le projet devra pourtant composer avec une opposition locale. En 2021, des centaines de Kanaks avaient barricadé la route menant à Goro avec des pneus et véhicules en feu. ‘‘Depuis le début, nous nous sommes opposés à cette mine’’, a déclaré l’un d’eux, André Vama. Lors des cinq premières années de son exploitation, qui a commencé en 2010, l’installation a été à l’origine de cinq déversements de produits chimiques.
Autre nuage à l’horizon, Tesla pourrait se retirer de Goro un jour, s’il trouve une façon d’utiliser d’autres métaux dans ses batteries, a affirmé au quotidien un cadre de Tesla, Drew Baglino :
“Ça n’a pas besoin d’être du nickel ou du cobalt. Il y a toujours d’autres options.”
The New York Times
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