C’est un revers pour le géant pétrolier et une victoire pour l’environnement en Afrique du Sud. La justice sud-africaine a interdit mardi 28 décembre à Shell “de poursuivre l’exploration sismique sur la Côte Sauvage, le géant pétrolier ayant bafoué les droits constitutionnels des communautés indigènes concernées”, rapporte le Mail & Guardian.
Le projet de prospection sismique de pétrole et de gaz de la compagnie anglo-néerlandaise aurait causé “d’importants et durables dégâts à la vie marine”, selon les défenseurs de l’environnement. Il aurait eu “un impact sur les moyens de subsistance et les droits coutumiers et institutionnels” des communautés de pêcheurs locales, souligne le quotidien sud-africain. Les frais de justice des plaignants, des habitants de cette côte largement préservée sur l’océan Indien, seront payés par le ministère de l’Énergie sud-africain et par Shell.
Le groupe estimait que le forage sous-marin ne présentait aucun danger et que les accusations contraires n’étaient que “pures spéculations”. Shell avait tenté de “minimiser” le “préjudice spirituel subi”, considéré comme “purement subjectif”.
Sinegugu Zukulu, de la communauté Amadiba, “gardienne de l’environnement de la région”, soutenait au contraire que “les terres concernées étaient au cœur de l’identité de sa communauté”, poursuit le journal.
Une relation spirituelle protégée par la loi
Shell “n’a pas pris en compte les petits pêcheurs artisanaux du long de la côte”, alors que la compagnie avait “manifestement le devoir de le faire”, a estimé le tribunal de Makhanda, dans la province du Cap-Oriental. Le juge a expliqué que “s’il était peut-être compréhensible que les pratiques culturelles des communautés locales et leur relation spirituelle avec la mer puissent être ‘étrangères’ aux étrangers, elles n’en sont pas moins protégées par la loi”.
La défense salue une “victoire extraordinaire pour les communautés qui se battent depuis des décennies pour leurs droits fonciers coutumiers et leurs droits de pêche”. Pour l’avocat Wilmien Wicomb :
"Aujourd’hui, elles ont pu se dresser contre Shell et dire : ‘Vous nous avez ignorés à vos risques et périls.’”
L’étude sismique, qui a débuté le 2 décembre, portait “sur une zone de plus de 6 000 km2, soit la quasi-totalité du littoral du Cap-Oriental”, et devait se poursuivre jusqu’en avril.
Mail & Guardian
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