Ira ? Ira pas ? Depuis des semaines, le président des Philippines, Rodrigo Duterte, dont le mandat prend fin en juin prochain, ne cesse de changer d’avis : empêché par la Constitution de briguer un second mandat, il avait annoncé se présenter à la vice-présidence avant d’y renoncer et de se lancer dans la course aux sénatoriales… Une candidature qu’il a finalement retirée le 14 décembre, rapporte le Philippine Daily Inquirer en citant James Jimenez, le porte-parole de la Commission électorale.
The President has filed his withdrawal from the Senatorial elections. pic.twitter.com/f8TJekehqQ
— James Jimenez (@jabjimenez) December 14, 2021
Officiellement, Rodrigo Duterte, 76 ans, aspire, “après quarante ans au service de ses concitoyens”, à passer davantage de temps avec sa famille. En se retirant de la course au Sénat, a précisé la présidence dans un communiqué repris par le site Rappler, il pourra entièrement se consacrer, lors des derniers mois de son mandat, à la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Peu avant l’annonce de la décision de Rodrigo Duterte, un très proche conseiller et son successeur désigné, le sénateur Christopher “Bong” Go, avait lui aussi formalisé sa décision de se retirer de la course à la présidence, relève Rappler. Un rival de moins pour Ferdinand Marcos Jr, qui est aujourd’hui en tête des intentions de vote. Le fils de l’ancien dictateur a, en outre, formé un “ticket” avec Sara Duterte-Carpio, la fille du président sortant.
Ce jeu d’alliances fait dire à certains que Rodrigo Duterte aurait passé un accord avec le candidat favori pour ne pas être poursuivi, tant aux Philippines que devant la Cour pénale internationale (CPI). Car, quand en mai dernier Rodrigo Duterte avait laissé entendre qu’il pourrait se présenter à la vice-présidence, Rappler y avait vu “un moyen de ne pas avoir à rendre de comptes après son départ de Malacañang [la présidence] en 2022”.
En septembre, la CPI a donné son feu vert à l’ouverture d’une enquête sur les milliers d’assassinats commis dans le cadre de “la guerre contre la drogue” lancée par le président dès son arrivée au pouvoir. Les chiffres officiels font état de 6 000 morts, tandis que des organisations de défense des droits de l’homme estiment que le bilan avoisine les 20 000 victimes.
Courrier International
Abonnez-vous à la Lettre de nouveautés du site ESSF et recevez par courriel la liste des articles parus, en français ou en anglais.