Dans quelques jours aura lieu, malgré la non-participation du peuple kanak, de la plupart des membres des autres communautés océaniennes et même d’une partie des caldoches. le référendum de sortie des accords de Nouméa. Autant dire que ce référendum n’a aucun sens et qu’il sera nul et non avenu. Le gouvernement et les représentants de l’état colonial font planer la menace de troubles et envoient des renforts militaires. Connaissent-ils d’autres réponses ?
Autant dire que le peuple kanak qui a su éviter la disparition, qui a su retrouver son unité, aura besoin plus que jamais de la solidarité de toutes et tous. Or c’est là que le bât blesse. Depuis des semaines nous savons que tous les moyens seront utilisés pour empêcher l’indépendance de Kanaky-Nouvelle-Calédonie : la propagande de la peur ( peur de la violence, peur de l’isolement et difficultés économiques, des « menaces extérieures » de la Chine, voire de l’Australie ou des Etats-Unis !), choix unilatéral de la date du référendum sans tenir compte de l’avis de toutes organisations représentatives du peuple kanak, particulièrement touché par la pandémie et en pleine période de deuil, intimidations militaires...
Cependant les manifestations de soutien sont rares : un appel de solidarité de quelques centaines de signataires, quelques tribunes dans la presse et des rassemblements de rue extrêmement, souvent confidentiels. Autant dire que la mobilisation a été faible et les appels des organisations du peuple kanak peu relayés même par des militants mobilisés sur d’autres sujets sociaux, antiracistes ou des droits humains. Pourquoi ?
Probablement parce que nous n’avons toujours pas intégré que ce qui se joue là-bas ce n’est pas « simplement » le sort d’un territoire de moins de 20000 Km2 et peuplé d’un peu plus de 270 000 habitants, mais la survie de l’impérialisme français. Que représenterait, en effet, le capitalisme français, à l’échelle mondiale, sans ses dernières colonies du Pacifique, des Caraïbes, de l’Océan indien qui font de la France, en terme de domaine maritime, la deuxième puissance maritime mondiale, présente dans tous les Océans. Que représenterait-il également sans le domaine réservé des anciennes colonies d’Afrique et les nombreuses interventions militaire de la France, sans les ventes d’armes ? Sans entretenir la racisme et la xénophobie, prenant racine dans l’idéologie coloniale. Comment ferait alors l’Etat français alors pour maintenir ici « la paix sociale » et la remise en cause globale du capitalisme.
Les représentants de l’Etat, eux, l’ont bien compris, lorsque Macron déclare « la France ne serait pas la même sans la Nouvelle-Calédonie » et ajoute que la Nouvelle-Calédonie joue un rôle essentiel dans l’axe indo-pacifique de la France !
Alain Castan