Le favori du président philippin Rodrigo Duterte pour la présidentielle de mai prochain a annoncé son retrait de la course électorale. Le sénateur Bong Go avait pourtant été désigné directement par le président sortant, précise Nikkei Asia.
Cette décision rebat les cartes et donne un avantage supplémentaire à la candidature de Ferdinand Marcos Jr. Cela devrait inciter fortement l’opposition à s’unir face aux fils de l’ancien dictateur Ferdinand Marcos qui a dirigé le pays de 1962 à 1986, estime Nikkei Asia.
Pour le professeur de droit et de politique à l’université Ateneo de Manille, Antonio La Vina :
“Les partisans de Duterte n’ont plus d’autre choix que de soutenir Marcos”
Marcos et Duterte, amis de circonstances
“Dans l’ensemble, Ferdinand Marcos Jr a soutenu les politiques de Duterte telle que la guerre contre la drogue et son pivot vers la Chine. Il est associé avec la fille du président Sara Duterte, candidate à la vice-présidence. Même si les deux principales positions donnent lieu à des élections séparées, ils forment un duo extrêmement solide, au vu de leurs bons scores dans les sondages d’intention de vote,” détaille Nikkei Asia.
Face à un Marcos ultrafavori, les candidats de l’opposition et du centre doivent s’organiser. Antoino La Vina s’interroge :
“Ont-ils une chance de l’emporter seul ou doivent-ils s’unir ? Ils ont jusqu’à janvier ou février pour donner une nouvelle dynamique à leur campagne.”
Rodrigo Duterte cherche une protection
Nikkei Asia rappelle les offensives lancées par Rodrigo Duterte contre Ferdinand Marcos Jr ces dernières semaines. Tout cela ne pourrait avoir été qu’une mise en scène tant Marcos semble avoir été dès le départ le candidat du président sortant. Une thèse défendue dans le magazine par Froilan Calilung, professeur de Sciences politique de l’université de Santo Tomas.
Selon lui, Rodrigo Duterte a besoin d’un allié solide à la présidence. Car au terme de son mandat les portes seront grandes ouvertes pour de possibles poursuites judiciaires contre lui au niveau national et international. La Cour pénale internationale avait notamment été saisie pour les crimes commis dans le cadre de la guerre contre la drogue. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme estime que plus de 8 600 personnes ont été tuées dans ce cadre et des organisations locale des droits de l’homme évoquent un bilan de 30 000 victimes :
“[Rodrigo Duterte] a besoin d’une protection que sa fille Sara ne sera pas complètement à même de lui fournir car le poste de vice président est moins puissant que celui de président. Seul Marcos sera en position pour le faire.”
Nikkei Asia
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