M. Paty était décapité par un assaillant extrémiste le 16 octobre 2020 près de l’école où il enseignait à Conflans-Sainte-Honorine, dans la région parisienne, suite à une campagne sur les réseaux sociaux fondée sur des récits déformés concernant ses efforts pour enseigner la liberté d’expression à l’aide de caricatures.
« Son assassinat était une attaque contre les droits culturels, la liberté d’expression, la liberté académique et la liberté de religion ou de conviction, ainsi que son propre droit à la vie », ont déclaré Karima Bennoune, Rapporteuse spéciale des Nations Unies dans le domaine des droits culturels et Ahmed Shaheed, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté de religion ou de conviction.
« Son meurtre a eu lieu dans un contexte d’attaques croissantes contre la séparation de la religion et de l’État, déclenchées en particulier par des acteurs fondamentalistes de la société civile », ils ont declaré. Par conséquent, selon les experts de l’ONU, « les meilleures moyens d’honorer la mémoire de M. Paty consistent à défendre précisément ces droits humains, à lutter contre le fondamentalisme, à respecter le pluralisme, et à garantir la sécurité de ceux et celles qui encouragent un débat académique réfléchi à ces fins ».
Les experts ont exprimé leur solidarité « avec la famille de M. Paty et ses collègues enseignant(e)s qui poursuivent son œuvre en promouvant l’enseignement des droits humains et la pensée critique, notamment par le recours à la culture, y compris sur des sujets jugés controversés ou liés à la religion ou la conviction. »
Lors de cet anniversaire, les experts de l’ONU ont rendu également hommage à d’autres personnes qui ont été prises pour cible cette année, notamment pour leur pratique et leur défense des droits culturels, comme le chanteur folklorique afghan Fawad Andarabi, qui a été traîné hors de son domicile dans un village au nord de Kaboul et tué par des combattants talibans le 28 septembre, peu après qu’un porte-parole des talibans ait déclaré que « la musique est interdite dans l’islam. »
« Tous les États et la communauté internationale doivent faire davantage pour assurer la sécurité de ceux et celles qui exercent et défendent les droits culturels et les valeurs démocratiques, notamment par l’expression artistique, l’éducation et la dissidence culturelle » ont declaré les experts.
Les gouvernements doivent veiller à ce que les auteurs des crimes contre les defenseur(e)s de ces droits soient traduits en justice, conformément au droit international. Il est également essentiel de commémorer ces victimes et de lutter efficacement contre les idéologies fondamentalistes et extrémistes telles que celles qui ont motivé leurs meurtres, conformément aux normes internationales. Les États doivent reconnaître et soutenir le rôle positif du débat et de la dissidence à travers les expressions culturelles et créatives, et protéger ceux qui s’y adonnent, ils ont declaré.
« M. Paty voulait utiliser la culture pour enseigner les droits humains, même si cela était difficile et dangereux », ont declaré les experts. « Sa voix a peut-être été réduite au silence, mais ses convictions devraient continuer à nous inciter à redoubler d’efforts au niveau international pour créer et préserver des espaces d’expression et de débat. Ce sont des composantes essentielles de la vie culturelle et qui font partie des efforts de promotion des droits humains en particulier dans un contexte de diversité croissante. »
Karima Bennoune
Rapporteuse spéciale des Nations Unies dans le domaine des droits culturels
Ahmed Shaheed
Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction
Karima Bennoune a été nommée Rapporteuse spéciale des Nations Unies dans le domaine des droits culturels en octobre 2015. Karima Bennoune a grandi en Algérie et aux Etats-Unis. Elle est professeure de droit et chercheuse pour le programme Martin Luther King, Jr. Hall à la faculté de droit Davis de l’Université de Californie, où elle enseigne les droits humains et le droit international.
Le 1er novembre 2016, M. Ahmed Shaheed a pris ses fonctions de Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction. Il est directeur adjoint du Centre des droits de l’homme de l’Université d’Essex. Il a été le premier Rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme sur la situation des droits de l’homme dans la République islamique d’Iran depuis la fin du mandat précédent de la Commission des droits de l’homme en 2002. Diplomate de carrière, il a été deux fois Ministre des affaires étrangères des Maldives. Il a encadré les efforts d’adhésion des Maldives aux normes internationales en matière de droits de l’homme entre 2003 et 2011.
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