Le Premier ministre malaisien, Muhyiddin Yassin, a sauvé son gouvernement grâce à l’intervention royale. Selon les informations du quotidien de Singapour The Straits Times, Yassin a déclaré mercredi 4 août avoir obtenu l’assentiment du roi Abdullah Shah pour organiser un vote de confiance quand le Parlement se réunira à nouveau… en septembre prochain. Une intervention in extremis car, la veille, 11 parlementaires avaient annoncé retirer leur soutien à la coalition gouvernementale Perikatan Nasional.
Désormais, les chefs de l’opposition contestent ce sursis et exigent que le gouvernement se soumette à un vote de confiance plus rapidement, poursuit le quotidien de Singapour.
Des pouvoirs spéciaux grâce au Covid-19
Entré en fonction en mars 2020, après la démission surprise du Premier ministre Mahathir Mohamad, Muhyiddin Yassin appuie son gouvernement sur une coalition instable. Pour ses opposants, il doit sa survie aux pouvoirs spéciaux qu’il s’est octroyés en janvier dernier pour tenter de juguler la pandémie de Covid-19. La Malaisie a enregistré plus de 20 000 nouveaux cas ce jeudi 5 août.
Trois périodes de confinement n’ont pas permis de juguler l’épidémie et l’émergence du variant Delta à partir du printemps a contribué à aggraver la situation. Malgré un système de santé parmi les plus avancés de la région, les hôpitaux demeurent sous tension.
Comble de l’exaspération pour l’opposition, la session parlementaire ouverte le 26 juillet – la première depuis sept mois – a été suspendue au bout de quatre jours seulement, officiellement à la suite de la découverte de cas de Covid parmi les membres de l’Assemblée, raconte Nikkei Asia. En réaction, des parlementaires de l’opposition accompagnés de manifestants ont tenté malgré tout d’entrer dans le bâtiment du Parlement lors d’une marche le 2 août, avant d’être rapidement bloqué par les forces de police, précise le site Internet.
Selon des propos rapportés par Nikkei Asia, l’ancien ministre de la jeunesse Syed Saddiq Syed Abdul Rahman a estimé que le gouvernement actuel était “le plus corrompu et le plus moralement défaillant depuis l’indépendance du pays, en 1957”. Selon lui,
“la fermeture du Parlement n’est rien d’autre qu’une insulte à la démocratie malaisienne, à notre Constitution et à l’institution parlementaire.”
Une débâcle politique profonde
Pour Malay Mail, la “débâcle politique” actuelle n’est pas près de s’achever. “Peu importe que le Premier ministre, Muhyiddin Yassin, perde ou non la confiance du parlement, le désastre politique à des racines plus profondes.” Selon l’éditorialiste, si le Premier ministre venait à perdre sa majorité, aucun des candidats potentiels n’arriverait à rallier autour de son nom suffisamment de soutiens.
Autre handicap, souligne l’article, les formations politiques malaisiennes ne cessent de se diviser en sous-clans au nom du soutien à un gouvernement. Elles prennent alors le risque de devenir “inaudibles et non reconnaissables”, créant la confusion chez les électeurs. L’identité et les idées des principaux partis “sont gommées pour rester au pouvoir”. À deux ans des élections législatives, l’instabilité règne en Malaisie. Dans un article d’opinion, Nikkei Asia avance que cette situation pourrait durer car aucune formation politique n’est capable de proposer un “nouveau départ” à la nouvelle génération d’électeurs.
Courrier International
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