En l’honneur des droits de l’Homme et de la dignité humaine et aussi pour éradiquer les conflits et leurs causes profondes dans l’Union, le gouvernement d’unité nationale vise à construire une union démocratique prospère et fédérale où tous les groupes ethniques appartenant à l’Union peuvent vivre ensemble pacifiquement. Cet objectif est clairement énoncé dans la Charte démocratique fédérale.
La souveraineté appartient aux Etats membres et aux peuples des Etats membres, comme le proclament les principes directeurs pour l’établissement d’une union démocratique fédérale.
Toute personne dans l’Union jouit pleinement des droits fondamentaux de l’Homme. Tous les groupes ethniques originaires de l’Union jouissent pleinement des droits individuels détenus par les personnes individuelles et des droits collectifs détenus par les groupes ethniques. Tous les citoyens qui prêtent allégeance à l’Union, quelle que soit leur origine ethnique, sont considérés comme jouissant pleinement des droits des citoyens. Le gouvernement d’union nationale ne tolérera aucune forme de discrimination.
Le gouvernement d’union nationale considère les politiques susmentionnées comme une base pour traiter les questions liées aux Rohingyas dans l’État de Rakhine. Nous sommes convaincus que des délibérations approfondies, qui tiennent compte des positions de toutes les parties prenantes dans l’État de Rakhine, de leurs antécédents historiques et des lois nationales et internationales, permettront à tous de trouver des solutions communes dans le respect des droits de l’homme de chacun.
Actuellement, l’élimination de la dictature militaire est devenue l’objectif commun de tout le peuple en raison des violences commises par le Conseil militaire illégitime. C’est aussi la période de la résistance nationale contre la dictature militaire. La solidarité de tout le peuple est maintenant à son meilleur niveau. Nous sommes convaincus que nous pouvons reconstruire une Union qui répond aux besoins de tous ceux qui, dans le pays, ont un intérêt dans son avenir.
Après avoir consulté les nombreuses parties prenantes de l’Etat de Rakhine, y compris les groupes rohingyas et les représentants des réfugiés des camps de personnes déplacées, le gouvernement d’unité nationale indique clairement comment il cherchera à appliquer ces principes pour le bien de tous dans l’État de Rakhine.
Le gouvernement d’unité nationale comprend bien la violence et les violations flagrantes des droits de l’homme infligées aux Rohingyas par les militaires voyous, ainsi que les déplacements massifs, des centaines de milliers de personnes ayant fui leur foyer pendant les conflits dans l’État de Rakhine au cours des dernières décennies. Nous sommes profondément attristés par cette situation. L’ensemble du peuple birman compatit à la détresse des Rohingyas, car tous subissent aujourd’hui les atrocités et les violences perpétrées par les militaires.
S’efforcer de faire en sorte que les auteurs de ces actes répondent de leurs actes n’est pas seulement une façon de rendre justice, c’est aussi un moyen de dissuasion contre de futures atrocités. C’est pourquoi nous considérons qu’il s’agit d’une tâche prioritaire. La réparation et la justice seront garanties dans la future Constitution de l’Union fédérale démocratique.
Nous rechercherons activement la justice et la responsabilité pour tous les crimes commis par les militaires contre les Rohingyas et tous les autres peuples du Myanmar au cours de notre histoire. Nous avons l’intention, si nécessaire, d’engager des procédures pour que la Cour pénale internationale soit compétente pour les crimes commis au Myanmar contre les Rohingyas et d’autres communautés.
Nous considérons que les 88 recommandations énoncées dans le rapport final de la Commission consultative sur l’État de Rakhine présidée par le Dr Kofi Annan doivent jouer un rôle crucial dans le règlement des affaires dans l’État de Rakhine. Ces recommandations sont fondées sur des solutions aux causes profondes de la violence. Cependant, au cours des quatre dernières années, beaucoup de choses ont changé pour aggraver la situation dans l’État de Rakhine pour tous les groupes ethniques qui y vivent. En utilisant ces recommandations ainsi que d’autres recommandations pertinentes comme resources, nous croyons sincèrement que nous pouvons travailler ensemble avec tous les habitants de l’État de Rakhine pour tracer une nouvelle voie vers un avenir démocratique, inclusif et prospère.
Nous tenons également à souligner l’importance des questions juridiques dans la résolution de la question de Rakhine. Nous tiendrons compte des opinions et des points de vue de l’ensemble de la population du pays, y compris ceux de l’État de Rakhine, pour rédiger une nouvelle Constitution qui puisse résoudre les nombreux problèmes causés par la Constitution de 2008. Les opinions et les idées de tous peuvent contribuer à ce processus. Tous les habitants du pays, y compris toutes les parties prenantes de l’État de Rakhine, sont invités à participer au processus de rédaction de la nouvelle Constitution. Ce dialogue est essentiel pour créer un avenir commun pour le pays.
Le processus d’abrogation, d’amendement et de promulgation des lois, y compris la loi sur la citoyenneté de 1982, par la nouvelle Constitution, lorsque la rédaction sera terminée, sera bénéfique pour résoudre le conflit dans l’État de Rakhine. Cette nouvelle loi sur la citoyenneté doit fonder la citoyenneté sur la naissance au Myanmar ou la naissance n’importe où en tant qu’enfant de citoyens du Myanmar.
Nous nous engageons en outre à abolir le processus de délivrance des cartes de vérification nationale, un processus que les militaires ont utilisé contre les Rohingyas et d’autres groupes ethniques de manière coercitive et avec des violations des droits de l’Homme. Les Rohingyas ont droit à la citoyenneté en vertu de lois qui seront conformes aux normes fondamentales des droits de l’homme et aux principes démocratiques fédéraux.
Le rapatriement volontaire, sûr et digne des Rohingyas qui ont fui l’État de Rakhine vers les pays voisins en raison de la violence de Tatmadaw [l’armée] est une question cruciale. Nous réaffirmons les accords signés avec les pays voisins pour le processus de rapatriement. Nous sommes prêts à coopérer avec toutes les parties prenantes de bonne volonté dans le cadre d’un programme spécial visant à mettre en œuvre ce processus. Nous nous engageons à rapatrier les Rohingyas dès que le rapatriement pourra se faire volontairement, en toute sécurité et dans la dignité.
Le gouvernement d’unité nationale est un gouvernement dont le devoir premier est de combattre la dictature militaire illégale. Tout en nous concentrant sur cette tâche, nous planifions également l’avenir. Nous pensons qu’il sera bénéfique pour la construction de la future union fédérale démocratique d’écouter toutes les parties prenantes dans un esprit de collaboration.
Par conséquent, nous invitons les Rohingyas à se joindre à nous et à d’autres pour participer à cette révolution de printemps contre la dictature militaire de toutes les manières possibles.
Le 3 juin 2021
Gouvernement d’unité nationale de la République de l’Union du Myanmar (GUG / NUG)