“Depuis des semaines, le monde du chauffeur de taxi moto Tim Tin de Phnom Penh n’a cessé de se réduire jusqu’à n’être plus que son appartement d’une pièce dans le quartier de Meanchey de la capitale cambodgienne”, raconte le Southeast Asia Globe.
Tim Tin a d’abord perdu son travail, enregistrant sa dernière course le 6 avril dernier. Puis sa femme a disparu. Ouvrière dans une usine de textile, un des épicentres de la pandémie de Covid-19, elle a été testée positive comme plus de 250 de ses collègues. Et conduite en quarantaine dans une des salles de réception de mariages du quartier de Koh-Pich. Laissant son mari et leurs deux enfants sans information sur la date de son éventuel retour à leurs côtés, poursuit le journal.
Des revenus au jour le jour
Un confinement strict a été déclaré depuis le 15 avril pour une période de quatorze jours dans la capitale Phnom Penh et la province voisine de Kandal. Le Cambodge avait réussi à maîtriser la pandémie l’année dernière. Mais, le virus s’est rapidement propagé à partir du 20 février, des ressortissantes chinoises ayant payé des pots-de-vin pour sortir de leur hôtel avant le terme de leur quarantaine. Selon les chiffres officiels repris par le site, environ 10 000 personnes ont été infectées et 74 sont mortes.
Sans revenus, Tim Tin n’a aucune idée sur la capacité de sa famille à faire face dans la durée.
“J’espère que tout reprendra un cours normal bientôt afin que tout le monde puisse à nouveau sortir et gagner sa vie. Si cela continue ainsi, les pauvres ne pourront pas survivre sans assistance des autorités. Nous manquons d’argent et de nourriture.”
Les marchés en plein air de la capitale, où l’on s’approvisionne habituellement en nourriture, ont été également fermés le 24 avril. Mesure supplémentaire contre la propagation du virus. Ainsi que les usines de textiles, qui emploient habituellement plus de 500 000 personnes.
Ces mesures interviennent au terme d’une année durant laquelle la pandémie a eu un impact important sur l’économie, précise le mensuel cambodgien Southeast Asia Globe, et sur les revenus des ménages. À défaut de s’être constitué des économies et dans un pays sans minima sociaux, un tel confinement peut conduire à une crise alimentaire. Car ici, on gagne au jour le jour les revenus nécessaires à vivre.
Difficile de savoir encore quel sera l’impact de ce confinement strict. Mais, selon le journal, les organisations de la société civile signalent des témoignages sur les réseaux sociaux de personnes appelant à l’aide et craignant la faim.
Promesses
Les réponses des autorités demeurent sporadiques, signale le journal. Les promesses de fournir du riz, des nouilles, du poisson en boîte et environ 75 dollars d’aide financière ne sont pas toujours tenues.
Tin s’est donc tourné vers les réseaux sociaux :
“Le 18 avril j’ai décidé de demander de l’aide sur Facebook et les gens ont commencé à partager mon post. J’ai reçu un peu d’argent et des boîtes de conserve.”
S’il a entendu parler de distribution de nourriture, personne dans son entourage n’y a eu accès.
“Je ne sais pas quelle est la situation de mes voisins car je n’ose pas entrer chez eux. Mais je pense qu’ils sont comme moi, en manque…”
Southeast Asia Globe
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