RUSSIE - Vladimir Poutine a promis ce mercredi 21 avril à ses rivaux occidentaux une riposte “dure” en cas de provocations, dans un grand discours que l’opposition a voulu perturber par des manifestations pour la libération d’Alexeï Navalny, pendant lesquelles plus de 1200 personnes ont été arrêtées.
L’allocution du président et ces actions de protestation interviennent en pleines tensions russo-occidentales sur le sort de cet opposant emprisonné et en grève de la faim, mais aussi en raison d’un déploiement militaire russe très important aux frontières de l’Ukraine.
Des milliers de personnes ont défié l’interdiction de se rassembler, en particulier à Moscou et à Saint-Pétersbourg où des foules importantes se sont réunies, sans pour autant atteindre l’ampleur de la mobilisation du début d’année, après l’arrestation de Navalny. Son état de santé inquiète fortement ses partisans, après qu’il a été placé dans un hôpital pour détenus tuberculeux après trois semaines de grève de la faim.
Ambiance parfois électrique
La réponse policière aux manifestations apparaissait plus mesurée qu’en janvier sauf à Saint-Pétersbourg où, dans une ambiance parfois électrique, près de 500 interpellations avaient été comptées à 20H00 GMT par l’ONG spécialisée OVD-Info. Plus de 1200 arrestations ont au total été recensées sur l’ensemble du territoire russe.
Vladimir Poutine a, quant à lui, dans son grand discours annuel, adressé une mise en garde à ses adversaires étrangers avec lesquels il croise le fer sur de multiples dossiers.“Les organisateurs de provocations menaçant notre sécurité le regretteront comme jamais ils n’ont eu à regretter quelque chose”, a-t-il prévenu. “J’espère que personne n’aura l’idée de franchir une ligne rouge”, a-t-il encore dit, promettant une riposte “asymétrique, rapide et dure”.
La Russie, du fait du conflit en Ukraine, de la répression de l’opposition, d’accusations de cyberattaques et d’ingérences est sous le coup de multiples sanctions occidentales.
Mais le seul dossier international précis abordé par le président russe a été celui d’une tentative de “coup d’État et d’assassinat du président du Bélarus”, dénoncée le weekend dernier par les services de sécurité des deux pays qui y ont vu la main d’opposants soutenus par les États-Unis. Et il n’a pas répondu aux appels occidentaux à retirer les dizaines de milliers de soldats russes déployés aux frontières de l’Ukraine, nourrissant la crainte d’un conflit d’ampleur.
Mouvement “extrémiste” ?
La crise économique et sanitaire due au Covid-19 a figuré en bonne place du discours, d’autant que des législatives sont prévues pour septembre. Poutine a promis d’“assurer la croissance des revenus des citoyens” en berne depuis des années, sous l’effet des sanctions et désormais aussi de la pandémie.
A l’approche des élections, Vladimir Poutine reste populaire, mais son parti, considéré comme corrompu, ne l’est guère. Sans surprise, il n’a pas évoqué l’opposant, qui a cessé de s’alimenter le 31 mars pour protester contre ses conditions de détention.
Les Occidentaux réclament sa libération et la vérité sur son empoisonnement en août 2020 et dans lequel les services secrets seraient impliqués. Des experts de l’ONU ont dit mercredi craindre pour sa vie et réclamé de “lui permettre d’être évacué à l’étranger pour un traitement médical urgent”. Ses proches, qui considèrent qu’il risque un arrêt cardiaque, réclament pour leur part une hospitalisation à Moscou.
Les autorités russes se montrent aussi toujours déterminées à mettre fin au mouvement en faveur d’Alexeï Navalny. La semaine prochaine, la justice doit examiner une demande de classer ses organisations en tant qu’“extrémistes”, ce qui exposerait leurs militants à des peines de prison.
AFP