Les célébrations du nouvel an bouddhique au Cambodge ont un goût amer. La traditionnelle grande fête annuelle durant laquelle familles et amis se retrouvent plusieurs jours, parfois après avoir sillonné le pays, est cette année marquée par l’annonce soudaine d’un confinement strict dans la capitale, Phnom Penh, et la province voisine de Kandal. La décision, annoncée dans la soirée du 14 avril, a pour but de faire face à une troisième vague de Covid-19.
Le confinement devrait durer deux semaines jusqu’au 28 avril prochain, explique The Phnom Penh Post. Durant cette période, il est interdit de sortir de chez soi, sauf pour les courses nécessaires. Les déplacements sont limités à trois par semaine et autorisés pour deux membres d’un même foyer.
Ruée dans les magasins
Dès 17 heures, les habitants de Phnom Penh se sont rués devant les distributeurs de billets et dans les magasins et marchés, anticipant une mesure qui n’a été officiellement annoncée que plus tard.
Dans le supermarché Super Duper du quartier de Toul Tom Poung, on ne trouvait plus de caddie et la queue s’allongeait jusque dans les allées du magasin, a constaté Khmer Times. Même situation de l’autre côté de la rue, à Asia Express, pris d’assaut par des membres de la diaspora chinoise.
Interrogé par Khmer Times, Chann Borima, le fondateur de Nham24, un service de livraison, décrit un afflux de commandes :
“Nous recevons de nombreuses demandes de livraison d’épicerie et les magasins ont du mal à répondre. Nos livreurs travaillent dur pour s’assurer que les personnes auront assez de provisions.”
Horm Kaka, chauffeur de tuk-tuk, a aussi été assailli par les clients et n’a pas eu le temps de faire une pause : “C’est fou. Tout le monde a peur. Personne ne sait ce qui va se passer ce soir, mais tout le monde est sorti faire des courses.”
De son côté, une étudiante, Sreynich Buth, détaille : “C’est difficile de savoir ce qui se passe. Beaucoup de rumeurs circulent sur Internet, notamment avec des partages d’anciens discours du Premier ministre, Hun Sen, suscitant la peur. Il n’est pas nécessaire de paniquer avant que nous n’ayons un avis officiel.”
Une fuite sur les réseaux sociaux
Le porte-parole du ministère de la Santé a tenté d’appeler la population à rester calme : “Faites confiance aux mesures prises par le gouvernement. Nous n’allons pas vous enfermer au point que vous n’ayez pas accès à de la nourriture.”
Khmer Times explique dans un autre article que des fuites non autorisées d’extraits du discours du Premier ministre ont circulé sur les réseaux sociaux et ont entraîné un sentiment de panique. Dans son annonce officielle diffusée deux heures plus tard, le Premier ministre a garanti qu’il n’y aurait pas de pénurie de nourriture, de riz, de viande et de légumes.
Le gouverneur de la capitale doit veiller à fournir du riz et de la nourriture de base aux plus pauvres. L’interdiction de vendre de l’alcool a également été déclarée dans tout le pays pour éviter des rassemblements.
Selon les chiffres du ministère de la Santé repris dans The Phnom Penh Post, le pays a enregistré en vingt-quatre heures 344 nouveaux cas. Le nombre total de morts s’élève à 36.
Courrier International
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