Une fois de plus, les fans de K-pop ont montré leur impressionnante force de frappe. Depuis plusieurs jours, cette communauté tentaculaire se mobilise contre une parodie de BTS, le plus célèbre boys band de pop sud-coréenne, critiquée pour les clichés racistes sur lesquels elle repose. Le 10 avril, la chaîne de télévision chilienne Mega a diffusé ce sketch sur le groupe coréen, qui a provoqué “une levée de boucliers internationale”, comme le relève le New York Times.
This is disgusting and I'm so ashamed of this.
This is not humor at all, and its not even funny. It's disrespectful in so many levels that I can't understand how someone approved this.
Chilean ARMYS says sorry.
The whole translation if you want it + #RacismIsNotComedy pic.twitter.com/gJvAHy8hC6— ᵈ²Gangster🍪Shooky⁷ (@FancyShooky) April 11, 2021
Au cours de l’émission Mi Barrio, des comédiens ont fait la satire du groupe sud-coréen. Ils se sont moqués de la langue coréenne et ont associé les membres du groupe au dictateur nord-coréen Kim Jong-un. Invités à se présenter, les acteurs qui jouaient le rôle des membres du groupe ont donné leurs noms : “Kim Jong-uno”, “Kim Jong-dos”, “Kim Jong-tres”, “Kim Jong-cuatro” et “Juan Carlos”. L’un d’eux a ensuite s’est ensuite exprimé dans un charabia accentué censé mimer la langue coréenne.
Les nombreux fans de BTS ont rapidement pris la défense du groupe. Ils ont fait le lien entre ces blagues et les problèmes plus larges de racisme antiasiatique qui ont éclaté depuis que le coronavirus a fait surface en Chine. Un tollé qui montre l’influence des nombreux fans de ce genre musical et illustre la sensibilité grandissante des internautes sur les questions de racisme, notamment antiasiatique.
Mobilisation récurrente
Mi Barrio est vite devenu la cible d’une campagne antiraciste plus large. Le hashtag #RacismIsNotComedy est arrivé premier des tendances sur Twitter aux États-Unis dans la soirée du dimanche 11 avril. Un réseau social où le groupe compte plus de 34 millions d’abonnés.
Les fans de K-pop n’en sont pas à leur coup d’essai. L’année dernière, ils s’étaient déjà coordonnés pour piéger Donald Trump en réservant une grande partie des billets pour l’un de ses meetings de campagne, sans s’y rendre, le laissant devant une salle à moitié vide. En juin 2020, ils avaient aussi inondé la police américaine et l’extrême droite de messages parodiques pour protester contre le racisme et les violences policières aux États-Unis, en soutien du mouvement Black Lives Matter.
Cette fois, un compte Twitter de fans chiliens de BTS, suivi par 150 000 personnes, a même incité ses abonnés à enregistrer une plainte officielle contre Mi Barrio auprès du Conseil national de la télévision du pays, en demandant au régulateur de “veiller à ce que les attitudes et stéréotypes racistes soient éliminés de la télévision chilienne”.
Dans une déclaration publiée sur son compte Instagram dimanche, Mi Barrio s’est montré conciliant, présentant ses excuses. “Nous voulons exprimer notre empathie absolue avec ceux qui auraient pu se sentir affectés par la séquence et nous vous demandons pardon. […] Nous continuerons à nous améliorer, à apprendre, à écouter et à rester fermes dans notre intention : apporter du divertissement aux familles.”
BTS n’a pas officiellement commenté l’épisode chilien, mais s’était exprimé en mars sur l’augmentation des attaques contre les Asiatiques, déclarant :
“Nous nous souvenons de moments où nous avons subi des discriminations en tant qu’Asiatiques. Nous avons enduré des jurons sans raison et nous avons été moqués pour notre apparence. On nous a même demandé pourquoi des Asiatiques parlaient en anglais.”
“Nous nous opposons à la discrimination raciale. Nous condamnons la violence. Vous, moi et nous avons tous le droit d’être respectés, conclut le message. Nous ferons front ensemble.”
The New York Times
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