Aux États-Unis, les défenseurs des droits des travailleurs ont depuis quelques semaines les yeux tournés vers l’entrepôt d’Amazon de Bessemer, en Alabama, devenu un champ de bataille syndical. ‘‘Jusqu’au 30 mars, près de 6 000 travailleurs d’Amazon votent sur une décision potentiellement révolutionnaire : créer le premier entrepôt syndiqué de l’entreprise en Amérique’’, rapporte NPR.
Syndicats et travailleurs tentent depuis des années de mobiliser les employés des entrepôts d’Amazon dans tout le pays, souligne la radio publique américaine, et, pour la première fois, un vote est organisé sur l’un des sites du géant du commerce électronique.
Le syndicat Retail, Wholesale and Department Store (RWDSU) affirme que plus de 3 000 employés de Bessemer ont déjà accepté d’être représentés.
Amazon contre-attaque
Redoutant que la syndicalisation ne l’empêche d’automatiser davantage ses installations, Amazon est sur le pied de guerre pour empêcher que le syndicat prenne pied à Bessemer, écrit le Washington Post. D’anciens dirigeants du groupe ont indiqué au quotidien que les efforts de syndicalisation en Alabama pourraient faire boule de neige. La multinationale redoute de devoir adopter des règles qu’elle juge restrictives et qui limiteront sa capacité d’embaucher et de mettre à pied rapidement des travailleurs pour s’adapter à la demande.
Selon le Washington Post, l’entreprise a donc pris des mesures antisyndicales déjà éprouvées aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni :
La société plaide sa cause antisyndicale avec des banderoles dans l’entrepôt et même des dépliants déposés dans les toilettes.
De plus, le deuxième employeur privé américain a mis fin aux rencontres avec le syndicat dès le début de la période de vote et a installé une tente à côté de celle du syndicat pour recevoir les bulletins de vote postaux.
Selon le site Payday Report, Amazon offre même des primes d’au moins 2 000 dollars [environ 1 680 euros] aux employés insatisfaits de leurs conditions de travail qui souhaiteraient quitter leur emploi. Sur son site web antisyndical, la compagnie, signale le Washington Post, ‘‘prétend à tort que les travailleurs devront payer des cotisations syndicales en Alabama’’, ce qui n’est pourtant pas requis dans cet État.
Quoi qu’il en soit, signale Business Insider, la campagne syndicale en Alabama ‘‘semble avoir déclenché un effet domino’’. Un porte-parole du syndicat, Chelsea Connor, a ainsi confié au Washington Post que plus de 1 000 employés d’Amazon à travers les États-Unis ont contacté son organisation ‘‘pour obtenir des informations sur la syndicalisation de leurs lieux de travail’’.
Coup de pouce de Joe Biden
Notant la mobilisation des travailleurs en Alabama, le président américain Joe Biden a déclaré le 1er mars :
“Ce n’est pas à moi de décider si quelqu’un doit adhérer à un syndicat. Mais laissez-moi être encore plus clair : ce n’est pas non plus à l’employeur de le décider.”
“Je n’en croyais pas mes yeux qu’il ait dit quelque chose, a déclaré au New York Times Darryl Richardson, qui travaille dans l’entrepôt d’Amazon de Bessemer et qui milite pour l’introduction d’un syndicat. C’est important, cela a rassuré ceux qui craignent de perdre leur emploi.”
Martin Gauthier
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