Huit semaines après l’assaut du Capitole, rien ne va plus au sein de l’extrême droite américaine, rapporte le New York Times : “Dans les groupes et milices qui ont joué ce jour-là un rôle de premier plan, l’heure est aux divisions et aux règlements de compte.”
Chez les Proud Boys, groupuscule d’extrême droite qui se targue de défendre les valeurs occidentales, la guerre est ouverte entre les différentes branches du mouvement. “Les Proud Boys de Saint Louis ont ainsi récemment déclaré sur la messagerie cryptée Telegram que le groupe avait besoin d’un nouveau leadership et d’une nouvelle direction, se faisant l’écho de six autres branches locales désireuses de rompre avec l’organisation nationale”, souligne le quotidien new-yorkais, en expliquant que cette scission est née de la révélation, fin janvier, que le leader national des Proud Boys, Enrique Tarrio, avait un passé d’informateur pour le FBI.
Querelle au sommet
Du côté des Oath Keepers [littéralement “gardiens du serment”], une milice qui recrute notamment parmi les anciens militaires et les représentants des forces de l’ordre, les mêmes divisions sont à l’œuvre, tout comme au sein de “l’organisation nationaliste blanche Groyper Army, qui recrute notamment sur les campus, et dont les deux leaders, Nick Fuentes et Patrick Casey, sont en conflit ouvert depuis le 6 janvier”. Patrick Casey accuse Nick Fuentes de mettre en danger les militants de l’organisation en les poussant à continuer leurs activités au grand jour ; “Nick Fuentes estime que c’est le moment d’aller encore plus loin.”
Pour le spécialiste des milices Devin Burghart, interrogé par le New York Times, on assiste actuellement “à une phase de recomposition” de l’extrême droite, une conséquence notamment de la répression qui s’est abattue sur ces groupes après les émeutes du Capitole.
Au total, “plus de 300 militants ont été inculpés dans l’invasion du Capitole, et parmi ceux qui sont accusés des plus graves délits, 26 d’entre eux font partie des Proud Boys ou des Oath Keepers”, rappelle le journal.
“Les rats se dispersent”
Pour Daryl Johnson, un autre expert des milices d’extrême droite interviewé par le journal, les déchirements actuels pourraient conduire “à un durcissement et à une radicalisation encore plus forte”. Il met en garde :
“Quand ces groupes se retrouvent dans le collimateur de la police et de la justice, cela ne fait que disperser les rats, mais cela ne permet pas d’éliminer les nuisibles.”
The New York Times
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