Une nouvelle fois la liberté d’expression est prise pour cible sous les feux conjugués de l’obscurantisme et de l’autoritarisme. Nawal el-Saadawi, écrivain, grande figure de la lutte féministe et démocratique en Egypte et dans le monde arabe, a dû fuir son pays depuis le mois de mars 2007. A cause d’une pièce de théâtre qu’elle a écrite plusieurs années auparavant et que son éditeur a republiée en janvier dernier Nawal est accusée de non-respect des principes de l’islam et d’apostasie.
Dans cette pièce, intitulée Dieu démissionne au sommet, elle écrit que Dieu est un esprit et non une femme ou un homme. Sous prétexte d’injure à l’islam, les tribunaux égyptiens et l’université islamique du Caire Al-Azhar lui ont intenté un procès. D’ores et déjà, tous les exemplaires de son ouvrage ont été détruits. Ayant dû quitter l’Egypte en catastrophe, Nawal a également été censurée au Salon du livre de la capitale égyptienne. Plusieurs fois emprisonnée ou menacée pour ses prises de position courageuses, pour la démocratie ou contre l’intégrisme, Nawal el-Saadawi, notre sœur de combat, est un exemple de lutte pour la liberté et les droits fondamentaux. Elle a participé plusieurs fois aux universités de Ni putes ni soumises, et se bat dans son pays et dans tout le monde arabe pour que l’égalité entre les hommes et les femmes puisse enfin voir le jour. Elle se bat également contre la pauvreté et la dictature.
Le combat de Nawal pour l’émancipation illustre la condition des femmes en Egypte et dans de nombreux pays : humiliées, rabaissées, ignorées ! Cette traque honteuse touche une femme médecin écrivaine qui a offert aux lettres arabes quarante-cinq ouvrages : romans, pièces de théâtre, nouvelles, autobiographie et œuvres scientifiques et intellectuelles traduits en plus de trente langues dans le monde. Nawal el-Saadawi a coutume de dire : « La condition féminine est une question mondiale, économique, raciale, politique et d’Etat. Il faut que nous militions ensemble pour la liberté de l’être humain, qu’il soit homme ou femme. » Le procès inique fait à Nawal est une atteinte flagrante à la liberté d’expression. Il est de notre devoir de la soutenir dans sa lutte pour la liberté, pour notre liberté à tous et toutes. Parce que le combat de Nawal est universel, parce qu’il est un appel à l’égalité et à la démocratie, la tentative de musellement à son encontre est une atteinte profonde aux valeurs démocratiques.
Défendre Nawal, c’est aussi défendre toutes les associations de femmes et de démocrates qui se battent en Egypte pour Nawal el-Saadawi. Pour toutes ces raisons, pour l’idée même que nous nous faisons d’un XXIe siècle des lumières, un siècle qui ne plie pas sous le joug des intégrismes religieux et des autoritarismes politiques, je vous invite à nous rejoindre et à soutenir Nawal el-Saadawi. A travers Nawal, et à ses côtés, nous nous battons pour la démocratie et la liberté d’expression.
Manifestation samedi 23 juin à 18 heures au parvis des Droits de l’homme place du Trocadéro à Paris.