La Birmanie s’est réveillée lundi matin dans un climat de tensions accrues. Alors qu’un appel à la grève générale a été lancé dimanche, de nombreux “commerces locaux et chaînes internationales” ont “fermé leurs portes” à travers le pays, en signe de protestation contre le coup d’État militaire, rapporte le Bangkok Post.
Des foules massives de manifestants ont aussi commencé à affluer dans plusieurs villes du pays, rapporte le Guardian. Malgré les barrages routiers mis en place autour de l’ambassade des États-Unis à Rangoun (la plus grande ville du pays), plus d’un millier de protestataires se sont rassemblés devant l’institution, tandis que 20 camions militaires étaient arrivés à proximité du site.
Face à cette journée de mobilisation qui pourrait être l’une des plus importantes qu’a connue la Birmanie récemment, la junte birmane a averti dimanche soir les manifestants qu’elle n’hésiterait pas à “recourir à la force létale si les protestataires confrontaient les forces de sécurité”, souligne CNN.
Deux manifestants ont été tués samedi à Mandalay après que la police a ouvert le feu pour disperser la foule, tandis qu’ont été organisées dimanche les funérailles de la jeune manifestante ayant succombé à ses blessures après avoir été touchée à la tête le 9 février.
La manifestation des “5-2”
Malgré ces violences et ces nouvelles menaces, les manifestants ne semblaient pas prêts lundi matin à se résigner. D’autant que beaucoup voient dans cette journée de manifestation un puissant symbole : “Dans un pays où les dates sont interprétées comme des signes de bon augure, les manifestants ont remarqué l’importance de la date du 22.2.2021, la comparant aux manifestations du 8 août 1988, pendant lesquelles la génération précédente avait organisé des manifestations anti-militaires qui avaient été réprimées dans le sang”, remarque le Bangkok Post.
La manifestation a d’ailleurs déjà acquis le nom de mobilisation des “5-2”, en référence à la date du 22 février 2021. Des millions de personnes pourraient y participer, selon Al Jazira.
Cette journée de rassemblement et de grève a été lancée par un groupe appelé Mouvement de Désobéissance Civil, dont l’ambition est de parvenir à une “Révolution de printemps”. “On ne sait pas exactement qui est derrière cette grève mais l’appel intervient deux jours seulement après la formation du Comité de grève générale, comprenant des groupes militants qui ont été à l’avant-garde des manifestations jusqu’à présent, formés notamment de syndicats étudiants, de groupes professionnels et de partis politiques”, remarque Frontier Myanmar.
“Leur message est un peu plus radical que celui de nombreux manifestants qui ont tendance à surtout appeler au retour de la démocratie et à la libération d’Aung San Suu Kyi et d’autres prisonniers politiques”. Le Comité de grève générale souhaite, lui, “l’abolition de la constitution de 2008” et “la fin de la dictature”, note le journal.
Noémie Taylor-Rosner
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