Le réseau social Parler a fait sa réapparition sur Internet lundi 15 février, un mois après avoir été banni par Apple, Google et Amazon pour son rôle dans la préparation de l’assaut contre le Capitole du 6 janvier 2021.
Le 11 janvier, Amazon avait décidé de ne plus héberger le serveur de Parler qui, affirmait-il, “faisait courir un risque réel à la sécurité publique”, rappelle Business Insider. Google et Apple l’avaient également retiré de leurs magasins d’applications en ligne, privant d’accès les 15 millions d’utilisateurs de “l’une des applications à la croissance la plus rapide aux États-Unis”, relève le New York Times.
Le retour de Parler “apparaît comme une victoire des petites entreprises qui défient la domination de la Big Tech”, poursuit le plus grand quotidien américain. Qui ajoute :
“Le blocage de Parler par les géants du numérique est devenu la grande affaire des conservateurs se plaignant d’être censurés et un test pour l’ouverture d’Internet.”
La plateforme a annoncé lundi avoir fait peau neuve, avec “une technologie durable et indépendante, ne reposant pas sur la prétendue ‘Big Tech’”.
Après son éviction du réseau, Parler avait trouvé de l’aide auprès de l’entreprise russe DDoS-Guard, faisant craindre l’ingérence de Moscou. Pour enregistrer son nom de domaine, Parler avait approché Epik, une entreprise de Seattle connue pour avoir “aidé d’autres sites radicaux” comme le site néonazi Daily Stormer, souligne le New York Times.
“Indésirable”
Son nouvel hébergeur est finalement l’entreprise californienne de services de stockage en ligne SkySilk, qui indique qu’elle “soutiendra Parler dans ses efforts pour devenir un espace public non partisan”, rapporte CNN.
La réapparition de Parler met en cause l’idée que la Big Tech pourrait “décider et maintenir hors ligne une présence indésirable, souligne le site spécialisé Techcrunch, mais le retour de Parler n’est pas tout à fait un triomphe.”
Car malgré son nouveau design, le site n’a pas redonné accès aux archives de ses utilisateurs. Le site spécialisé dans la technologie Engadget note que le site est “plus fonctionnel qu’avant”, mais cliquer sur les liens pour télécharger l’application mobile “ne donne rien, car ni Apple ni Google n’ont autorisé l’entreprise à revenir sur leurs magasins d’applications respectifs”. Dans un premier temps, seuls les abonnés pourront accéder au réseau social qui ne sera ouvert aux nouveaux utilisateurs que la semaine prochaine, relève le Guardian.
La crainte d’être “déplateformé”
Comment se comportera le nouveau Parler ? Né en 2018, la plateforme avait attiré les “conservateurs américains en désaccord avec les règles de modération des autres réseaux sociaux”, rappelle le quotidien britannique. Sa nouvelle page d’accueil proclame : “Parlez librement et exprimez-vous ouvertement, sans craindre d’être ‘déplateformé’ pour vos opinions.” Le site, “devenu particulièrement populaire auprès des partisans de Trump l’an dernier”, rappelle le Washington Post, était “devenu l’espace de discussion” concernant les prétendues fraudes après l’échec de Donald Trump aux élections. Mais c’est après l’assaut du Capitole, “lorsque les utilisateurs de Parler ont glorifié l’émeute”, que le site a été censuré.
“Discours civil”
Parler est financé par Rebekah Mercer, dont la famille a été l’une des plus généreuses donatrices de la campagne de Trump en 2016, note Business Insider. Après avoir débarqué son cofondateur et PDG John Matze en janvier, Parler a un nouveau patron, Mark Meckler, “fondateur des Tea Party Patriots, ces fervents adversaires de l’Obamacare [le programme pour une sécurité sociale américaine] et grands fans du traitement du Covid-19 à l’hydroxychloroquine”, souligne Techcrunch.
Le site de la chaîne Fox Business n’oublie pas de donner la parole au nouveau PDG, qui assure : “Parler a été conçu pour offrir une plateforme qui protège la liberté d’expression et valorise la vie privée et le discours civil.” Jusqu’à la prochaine émeute ?
Courrier International
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