Les débats et les esprits de l’assemblée européenne de préparation (AEP) du IVe Forum social européen (FSE) ont été marqués par la crise politique que traverse l’Union européenne. La victoire du « non » à la Constitution, au printemps dernier, en France et aux Pays- Bas, en avait été le premier signe. Les résultats des récentes élections en Allemagne en sont la confirmation.
Mais si le libéralisme est désavoué, l’Union européenne et les gouvernements poursuivent le démantèlement des acquis sociaux, leur politique sécuritaire et répressive, leur volonté de construire une Europe militaire et impérialiste. Dans ce contexte, un large accord s’est dessiné sur la nécessité d’opposer au libéralisme en Europe une réponse à la hauteur des enjeux. Pour cela, il faut que les mouvements sociaux européens parviennent à lancer de larges mobilisations qui dépassent les frontières nationales et remportent des victoires décisives. Parmi les urgences, il y a la lutte contre la directive Bolkestein, dont il faut empêcher l’application.
À la différence du FSE de Londres, qui n’avait pas permis de donner au mouvement altermondialiste européen le profil nécessaire dans la bataille contre la Constitution européenne, le prochain FSE, qui aura lieu à Athènes du 6 au 9 avril 2006, devrait mettre au premier plan la question de la construction européenne, les questions sociales et l’élaboration d’une alternative d’ensemble au libéralisme.
En marge de l’AEP, deux réunions ont eu lieu pour débattre d’initiatives permettant de traduire, sur le plan politique, les potentialités ouvertes par le rejet du Traité constitutionnel et le résultat des élections en Allemagne.
La première avait pour objectif de discuter d’un projet de déclaration/pétition européenne, permettant l’expression d’une volonté politique la plus large et la plus unitaire possible à l’échelle européenne, de toutes les forces politiques, syndicales et associatives se reconnaissant dans les exigences portées par la campagne du « non » en France. La discussion a permis d’avancer à la fois sur l’utilité et le contenu d’une telle déclaration qui devrait être finalisée courant octobre.
La deuxième réunion, à l’initiative d’organisations italiennes, portait sur la nécessité d’élaborer une charte pour une Europe sociale, démocratique, féministe et écologiste. Cette charte pourrait être adoptée dans le cadre du prochain FSE d’Athènes par les organisations et associations qui s’y reconnaissent. Une première réunion se tiendra courant novembre à Florence pour initier le processus d’élaboration, avec comme idée d’y impliquer le maximum des forces partie prenante des FSE, et de faire en sorte que la discussion de cette charte irrigue les débats qui se tiendront lors du forum d’Athènes.
Le prochain FSE devrait également permettre des pas en avant significatifs sur les questions féministes. La mise en place d’un espace féministe auto-organisé et d’une journée des femmes doit constituer une nouvelle étape, après le FSE de Paris-Saint-Denis, pour consolider le réseau féministe européen et permettre d’avancer dans l’élaboration d’une alternative féministe.
L’assemblée d’Istanbul a aussi été l’occasion de discuter des forums sociaux mondiaux, dans la préparation desquels la dynamique des forums sociaux continentaux, et en particulier celle du Forum social européen, doit trouver sa place. En 2006, le Forum social mondial sera polycentrique et se déploiera dans trois lieux différents, à Bamako au Mali, à Caracas au Venezuela et à Karachi au Pakistan. Après Mumbai, l’enjeu est donc bien de renforcer l’extension géographique du processus des forums sociaux tout en continuant à apporter des réponses à l’échelle de la planète, face à la déferlante de l’offensive libérale et conservatrice.
La préparation du FSE d’Athènes est donc en bonne voie. Reste à y associer le maximum d’organisations et d’associations qui peuvent contribuer, par leurs propositions, à la définition du programme. Reste également à régler la question de l’articulation entre les débats thématiques, qui doivent permettre d’avancer dans la consolidation des réseaux susceptibles de susciter et d’organiser des mobilisations à l’échelle européenne, et des événements centraux, qui conféreront à ce forum son unité et sa visibilité. Ce sera l’objet de la prochaine AEP qui se tiendra à Vienne en janvier prochain.
Europe Solidaire Sans Frontières


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