La situation demeurait tendue “dans” le centre-ville de Bangkok vendredi en fin de journée, manifestants et policiers se faisant face. Malgré le durcissement de l’état d’urgence décrété jeudi à l’aube et l’interdiction de manifester, des milliers de personnes ont convergé en fin de journée dans le centre-ville de la capitale.
La police a fait usage de canons à eaux au croisement de Pathumwan, dans un quartier très commerçant de la capitale thaïlandaise, détaille The Bangkok Post :
“Les jets d’eau, certains colorés en bleu, ont été propulsés depuis des camions stationnés derrière des centaines de policiers antiémeutes, avançant face à la foule […]. Selon certains manifestants, l’eau contenait des produits chimiques irritants pour les yeux.”
Situation is escalating now - pic.twitter.com/VGIK8veikT
— Florian Witulski (@vaitor) October 16, 2020
51 arrestations
De nombreux manifestants tenaient des parapluies devant eux, une tactique de protection apprise de leurs homologues hongkongais, écrit The Bangkok Post.
À 20 heures, les organisateurs ont invité les manifestants à rentrer chez eux et à revenir à un autre moment, explique The Nikkei Asia. La foule présente était estimée à 4 000 personnes, selon le magazine.
Le rassemblement visait à contester la décision prise la veille de renforcer l’état d’urgence, en place depuis mars dernier du fait de la crise sanitaire. Les manifestants demandent également la démission du Premier ministre Prayuth Chan-ocha et la libération des militants arrêtés ces derniers jours.
Au moins 51 d’entre eux ont en effet été arrêtés ces quatre derniers jours, selon l’Organisation des avocats pour les droits de l’homme, détaille The Bangkok Post.
Depuis juillet dernier, les étudiants thaïlandais organisent régulièrement des rassemblements demandant des réformes constitutionnelles et la fin de l’autoritarisme.
Vers la loi martiale ?
Vendredi matin, à la sortie de la réunion du gouvernement qui venait de confirmer la décision de renforcer l’état d’urgence pour une durée de trente jours, le Premier ministre a lancé :
Je ne démissionne pas.
Prayuth, explique Nikkei Asia, a prévenu, par ailleurs, qu’un couvre-feu pourrait être imposé au regard de la situation “critique”.
Quand on lui a demandé s’il envisageait d’avoir recours à la loi martiale, le général, à la tête du coup d’État de mai 2014, a indiqué que c’était une éventualité en précisant :
“Nous n’avons pas encore atteint ce point. Ce n’est pas nécessaire pour le moment.”
BBC et Change.org censurés
Jeudi soir déjà, une manifestation pacifique avait attiré 5 000 personnes. Signe que les manifestants n’étaient pas près de baisser les bras, estime The Nikkei Asia. Les scènes dans le centre-ville de Bangkok vendredi soir viennent confirmer cette analyse.
Par ailleurs, la censure des médias rendue possibles par le décret adopté jeudi a permis, selon Nikkei Asia, de couper partiellement la diffusion de la BBC notamment, ainsi que de la chaîne de télévision Voice TV, favorable aux revendications prodémocratie.
“L’accès au site Change.org, qui permet de créer des pétitions en ligne, a également été coupé au moment du lancement d’une campagne pour rassembler des signatures demandant à l’Allemagne de déclarer le roi Maha Vajiralongkorn persona non grata, indique The Nikkei Asia. Le roi, actuellement en Thaïlande où il a prévu de rester plusieurs semaines, a passé la plupart de son temps en Allemagne” depuis le début de son règne en 2016.
Courrier International
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