Hommage à Rossana Rossanda, place Santi Apostoli, Rome, 24 septembre 2020
On dit que, durant longtemps, à Il Manifesto, journal communiste historique, on entendait la rengaine suivante : « Valentino est-il là ? Luigi écrit-il ? Que dit Rossana ? ». Ce trio était composé de Valentino Parlato, Luigi Pintor et Rossana Rossanda. La dernière des trois nous a quitté hier à 96 ans, après une longue vie dans le camp de la gauche et des idéaux communistes pour lesquels elle a combattu. Toujours battue finalement.
Pour de nombreuses générations, Rossana Rossanda a été une bonne enseignante, quelqu’un de qui on apprenait toujours, même quand on n’était pas d’accord avec elle. Car il est évident qu’elle a toujours défendu ses idées de manière sérieuse, avec de la retenue, de l’intelligence et un regard large. Ce regard si incisif et sévère, si dense par la vie passée dans la longue ascension que connut la société italienne après la seconde guerre mondiale et postérieurement meurtrie par la courbe descendante et la défaite, tant personnelle que collective, accumulée durant les dernières décennies du siècle passé.
La ragazza del secolo scorso – titre de ses mémoires parues en 2005 [aux Editions Einaudi] – s’arrêtant en 1969, année de la naissance de Il Manifesto, son legs le plus précieux, et de son expulsion du Parti communiste italien (PCI) – fut longtemps attendu, mais identifié à sa défaite personnelle. Et la vie de Rossana Rossanda s’inscrit pleinement dans l’histoire de ce siècle qu’elle a vécu depuis 1924, l’année de sa naissance à Pola (Croatie, auparavant en Yougoslavie, ultérieurement en Italie). De là à Venise, après le tremblement de terre de 1929, et postérieurement à Milan, où elle étudie les lettres, mais rencontre le marxisme de Antoni Banfi, un maître très important pour elle, qui certainement « n’a pas connu le communisme à la maison ». Banfi « était le contraire du déterminisme auquel on réduit Marx, le contraire d’une théologie ». Il transmet à Rossana Rossanda une pensée critique et non ossifiée et c’est avec cette pensée qu’après l’apprentissage de la Résistance – comme petite estafette entre Milan et Côme, où elle avait été évacuée, et d’où en train elle peut faire circuler des paquets et des messages clandestins – elle entre au PCI, dans ces sections « où l’on descendait pour dessiner l’autre histoire, cette sortie victorieuse de la Résistance qui n’a pas vaincu ». Le parti communiste que connaît Rossana est le parti « lourd » qui va s’affaiblir dans les années 1970 et 1980, mais alors peuplé d’hommes et de femmes pour qui « leurs propres affaires cessaient de leur paraître imprévues ou désespérantes et prenaient un sens propre dans un cadre mondial d’avances et de reculs ».
Ensuite, il y avait les groupes dirigeants, les responsables élus, dont elle fera aussi partie, mais elle appartenait à « ceux du sous-sol, qui passaient de maison en maison pour recueillir les bulletins d’adhésion et formaient une autre société à l’intérieur de la société ». « Le pays à l’intérieur du pays », dont parlera dans les années 1970 Pier Paolo Pasolini, qui marque une histoire difficile à comprendre avec les yeux d’aujourd’hui, mais qui laisse sa trace dans l’imaginaire et dans les vécus de ceux qui, comme Rossana, se disposent à réaliser leur intervention directe dans le monde. Confiante dans le futur, comme toute sa génération, qu’elle soit communiste ou socialiste.
Dès lors, elle commence en 1947 le « travail politique », premièrement en se chargeant de l’Association pour les relations culturelles entre l’Italie et l’Union soviétique (un destin sarcastique, si nous prenons en considération ce qui se passera ensuite), ultérieurement un peu de travail ouvrier aux portes de l’entreprise Autobianchi (Milan), et finalement le destin naturel pour qui s’inscrit à l’Université à 17 ans grâce à une moyenne de huit et à ses dons intellectuels : « Je devais sortir la Maison de la culture des ruines de 1948 », écrit-elle dans ses mémoires.
Avec la défaite des forces de gauche et la victoire décisive de la Démocratie chrétienne, l’année 1948 constitue un coup très dur pour ceux qui pensaient pouvoir diriger le pays après les débâcles de la guerre et la nécessité de la reconstruction. Le PCI réussit à surmonter cette défaite et, à Milan, les sous-sols des sections populaires et le travail dans les fabriques alimentent un chemin ambitieux et sans doute décisif. Aussi parce que le cadre que choisit le PCI avec Rossanda est celui de l’unité avec toute la gauche et avec les laïcs.
Dans cette Maison de la culture, on lisait tout, Brecht avec Enrico Rame, le frère de Franca, Vittorio Gasman y passait et « Strehler était de la maison ». On dessine par conséquent le profil politique et culturel déjà tracé par Banfi et par le critique d’art Marangoni à l’université. Immergée dans le bouillon de la culture communiste marquée par le jdanovisme, qui soufflait depuis Moscou, et par le réalisme socialiste, avec une intervention directe du Parti dans la culture et dans l’art, Rossana construisait par contre une pensée autonome, libre, bien que toujours respectueuse de la maison commune dans laquelle elle militait et qu’elle respectait. Un dédoublement qui marquera sa biographie et qui constitue, au fond, le tissu d’une âme inquiète à la recherche d’une recomposition de la divergence intérieure.
Le fil est coupé en 1956 avec le rapport Khrouchtchev sur les crimes de Staline, une tentative déjà tardive du régime soviétique de récupérer un chemin d’innovations et de réformes. Et ultérieurement l’occupation soviétique de Budapest et la répression sanglante du soulèvement hongrois. A ce moment, Rossana écrit elle-même : « L’âge de l’innocence était terminé ». « Franco Fortini m’a télégraphié : ‘J’espère que les ouvriers vous casseront la figure’ ». Fidèle au parti, elle garde la Maison de la culture toujours ouverte, elle n’échappe pas à la confrontation, « mais dans le parti rien ne fut plus comme avant ». « Les communistes qui se font haïr se trompent toujours ». C’est à cette époque, à l’âge de 32 ans, qu’arrivèrent ses premiers cheveux blancs, trait distinctif d’une existence, signe d’une sagesse immortalisée dans un visage fils d’une douleur aiguë, personnelle et politique.
Quelque chose se brise, mais la vie politique continue, tout comme le travail culturel. Dans ces années, on discute avec Sartre et Adorno, Feltrinelli lance son docteur Jivago, aussi pour « le faire payer à l’URSS ». La décennie la plus intéressante est sur le point de commencer, les habitudes et les idées changent, une nouvelle génération politique fait irruption sur la scène avec puissance. Rossana s’en rend compte, le PCI – immergé dans ses rituels bureaucratiques et dans les sourds affrontements de son appareil – beaucoup moins. Mais c’est toujours le grand parti des ouvriers et du peuple, qui fait un grand bond politique en 1963 et à nouveau en 1968. Rossana est élue députée dans la législature, qui voit se former le gouvernement de centre-gauche dirigé par Aldo Moro, elle devient responsable nationale à la culture, on lui confie les relations avec les intellectuels. Elle déménage à Rome, elle connaît le groupe dirigeant, elle a une relation pas banale avec Palmiro Togliatti.
Ils se débarrasseront tacitement de l’URSS et affrontent la décennie des transformations avec un débat riche, bien qu’en dernière instance incapable de marquer réellement ce temps : « À la fin, dans les années 1960, il nous est arrivé à moi et à de nombreux camarades la même chose qu’au lézard à qui le chat a mordu la queue : elle recommence à grandir ».
Au sein du PCI, Rossana est une dirigeante, mais elle est considérée comme telle à grande peine, la « plus jeune parmi les hommes du PCI ». La condition de femme dans un environnement d’hommes est lourde, mais elle est nommée membre du mythique Comité central. Elle travaille avec quelques jeunes, dont les noms sont destinés à occuper des postes de premier plan : Achille Occhetto, Sandro Curzi, Lucio Magri, « la resplendissante Luciana Castellina », mais aussi Alfredo Reichlin ou Sergio Garavini. Certains d’entre eux marqueront l’histoire des années 1980 et 1990, souvent fustigés et critiqués par Rossanda. Ainsi, celle-ci s’opposera à la décision d’Occhetto de changer le nom du PCI et ne s’est jamais enthousiasmée pour Rifondazione Comunista, initialement dirigée par Garavini.
Le travail culturel l’enthousiasme, elle tente de récupérer des relations avec le parti, en tentant de fermer la « station de l’art prolétarien ». Elle se meut entre Cesare Luporini et Galvano Della Volpe, entre Lucio Colletti – quand celui-ci était encore marxiste – et un Louis Althusser, « robuste sportif en tweed », l’unique voix du PCF qui s’avérait intéressant.
Mais les fréquentes conversations de Togliatti, qui avait « une longue queue du passé », confirmaient que le PCI n’était pas celui de Rossanda. Certes, « Le Meilleur » (surnom de Palmiro Togliatti à cette époque) lui permit de publier dans Rinascitala fameuse lettre écrite en 1926 par Antonio Gramsci, dans laquelle le secrétaire du PCI critiquait le PCUS pour la manière dont celui-ci avait traité Trotsky, accompagné d’une réponse de Togliatti : « J’ai aussi la note que Gramsci m’a laissée comme réponse. Publions tout ». Et tout fut publié, même s’il ne resta pas trace de ce débat dans l’histoire du PCI, rien ne se produisit.
Il faut procéder par recoupements. Après la mort de Togliatti, en 1964, s’ouvre une guerre interne, pas tellement pour la succession – dont, après la transition de Luigi Longo, tous imaginaient qu’elle devait être confiée à Enrico Berlinguer – mais plutôt pour la ligne politique. D’une part, il y avait la proposition de Gianfranco Amendola et Giorgio Napolitano en faveur de l’unification avec le Parti socialiste italien (PSI), une manière de dire qu’il fallait s’inscrire dans le cadre politique du centre-gauche ; d’autre part, l’idée du « nouveau modèle de développement », défendue par Pietro Ingrao, plus attentive aux nouveaux mouvements et à la conflictualité ouvrière. Avec Magri, Pintor, Aldo Natoli et d’autres, Rossana choisit Ingrao, qui néanmoins « ne fonctionna jamais comme le chef d’un courant, ne calcula pas ses mouvements, ne fit pas bouger ses fantassins, et ne les défendit pas quand ils étaient mangés ». Et Ingrao perdit la partie, avec tous ses partisans qui furent marginalisés, sans aucune perspective dans le parti, « écartés de toute fonction dans l’appareil central ou périphérique ».
Le PCI semble un éléphant assommé, il ne profite pas de la période 1967-1969, il est immobile et, lors de la seconde invasion, celle de la Tchécoslovaquie, tout en condamnant l’URSS, il se borne à parler de « tragique erreur ». Lors du congrès de 1968, Rossanda intervient parmi les très rares délégués opposés à la majorité du parti : « Nous sommes réunis ici, alors que l’armée d’un pays qui se dit socialiste occupe un autre pays socialiste ». La délégation soviétique, avec d’autres – dont la vietnamienne – quitte la salle. Berlinguer dit à Rossanda derrière la tribune : « Tu as mal fait, tu ne sais pas comment ils sont. Ce sont des bandits ». Et ce « ils », c’était les Soviétiques. Mais la rupture est faite et, quand Pintor, Castellina, Magri, Parlato, Eliseo Milani et d’autres décident de relancer, de faire ce que tout intellectuel désire faire, c’est-à-dire créer une revue… le parti décide que la ligne rouge a été franchie. L’expulsion des dissidents est votée, ils doivent se chercher un autre lieu, car il a été décidé qu’aucun débat interne ne peut être toléré. Même Pietro Ingrao vote pour l’expulsion des dissidents, appuyés par Beppe Chiarante, Cesare Luporini, Achille Occhetto ou Sergio Garavini. « Nous n’étions plus des leurs, des nôtres ». Il Manifesto naît, avec pour titre du premier numéro de la revue « Prague est seule ». Rossando était aussi seule, mais animée à ce moment par une forte confiance dans un futur qui sera toujours marqué par ce qui était arrivé auparavant.
Au sein de Il Manifesto, la vie se déroule avec plus de clarté, en regardant vers cette vie précédente. « Que dit Rossanda ? », cette question renvoie à la valeur intellectuelle de la femme, à la clarté des coordonnées, au respect d’une idéologie qui réside précisément dans l’histoire mainstream, mais la corrige, la retouche, lui demande une issue distincte, capable de se rénover et de se reverdir.
L’histoire de Il Manifesto dirigé par Rossana et celle des membres de sa génération est, en effet, cette histoire. Ce sera la tentative du parti politique Il Manifesto, comme l’un des divers groupes de la nouvelle gauche. Ce sera postérieurement l’alliance avec le PDUP [Partito de Unità Proletaria per il Comunismo], dont le dirigeant sera Luigi Magri, Mais tout cela se produit avec le regard toujours tourné vers la maison commune, vers l’histoire de ce qui fut, attentif à tout mouvement qui pourrait signaler un changement de trajectoire, une rectification.
Précisément, par l’intensité de cette relation avec ce monde et cette pensée, Rossana élabore son autre grande contribution à la compréhension de l’histoire contemporaine, lorsqu’elle insère les avatars des Brigate Rosse (BR) dans l’« album de famille » de la gauche communiste.
Les BR ne ressemblaient pas à ETA ou à l’Armée républicaine irlandaise (IRA), ni à la Rote Armée Fraktion (RAF) allemande ou aux guérillas latino-américaines. Elles sont, par contre – écrit Rossanda dans la préface à l’entretien avec Mario Moretti [principal dirigeant de cette organisation armée] réalisée avec Carla Mosca – « un produit des cultures et des états d’âme d’un pays industriellement avancé et nettement de gauche ». Elles sont l’expression du Nord industriel, convaincues que le Parti communiste était « l’ensemble d’un ‘peuple communiste’, distinct de la ligne du secrétariat, de la direction, de son comité central ».
Il n’en sera pas ainsi, bien que durant une phase les forces se touchent et s’adulent. Avec cette idée que le PCI serait quelque chose de distinct, selon qu’on le regardait depuis la tête ou depuis la base, au fond les expériences de la nouvelle gauche échouent aussi. Pour qu’il arrive quelque chose de nouveau, il fait attendre le mouvement d’Occhetto, auquel Il Manifesto et Rossanda en particulier s’opposent avec force, mais sans s’engager dans l’aventure de Rifondazione Comunista. Tout comme Ingrao, dont l’intention de maintenir « dans le tourbillon » [expression qu’il utilisera pour justifier son adhésion au PDS de Occhetto, après la liquidation du vieux PCI par ce dernier] deviendra célèbre. Mais cette histoire sera celle d’un tourbillon, qui les emportera tous – les orthodoxes et les critiques -, un mouvement de dissolution de l’ensemble, qui se nourrira d’erreurs, d’illusions, d’erreurs de jugement, d’arrogances, d’inadéquations… Sur tout cela, Rossana écrira toujours tout au long des années dans des articles, des réflexions et des interventions. Mais toujours avec le regard de quelqu’un qui a déjà connu la défaite et sait qu’on ne peut rien faire à ce propos, avec un plus de désenchantement quand, avec les camarades de toujours et avec la Rivista del Manifesto, dirigée par Lucio Magri, elle tenta de donner vie, en se tournant vers Rifondazione Comunista et d’autres âmes de la gauche, à une gauche alternative plus large et unitaire au côté des Démocrates de gauche, qui naviguaient déjà alors à toute voile vers le blairisme. Nous sommes aux débuts des années 2000 et cette nouvelle tentative échoue aussi.
Vu de la fin, cela paraît une histoire très triste, comme la mort par suicide assisté de Lucio Magri, qu’elle accompagne en Suisse, amie et solidaire jusqu’à la fin. Lorsqu’en 2010 elle présente le livre El sastre de Ulm [El Viejo Topo, 2009] lors d’un débat tenu à la Chambre des députés, une sorte de réunion avec notamment Alfredo Reichlin et Mario Tronti, elle reconnaîtra un mérite à Magri : avoir réaffirmé l’importance de 1917 comme ligne de partage non réductible à un désastre. Mais elle lui reprochera d’avoir fait trop de concessions dans son livre à l’URSS et de nombreuses concessions au togliattisme, y compris à la ligne prônée par Berlinguer du compromis historique. Quelque chose à quoi elle s’opposa toujours : « Ce fut une grave erreur », affirmait Rossanda, vu qu’à cette époque en Europe non seulement le risque d’une dictature n’existait pas, mais que l’on constatait des phénomènes d’effritement des dictatures existantes, comme dans les cas du Portugal et de l’Espagne.
Lors de cette séance, elle proposa à nouveau ce que nous avons tenté de résumer dans les lignes précédentes : le déclin du PCI ne commence pas avec le compromis historique ou avec la phase qui suivit, entre le séquestre de Moro et la défaite de la FIAT ; il commence au milieu des années 1960 – « les années décisives de l’histoire italienne d’après-guerre » – quand, face au dégel de la société, le PCI « se montre indécis », il ne sait pas aider les étudiants en 1968, il s’accomode de son déclin ouvrier jusqu’à la défaite des années 1970.
Depuis 1971, date de la naissance du journal Il Manifesto, jusqu’à la rupture avec ce périodique – jamais réellement explicitée ou racontée d’une manière compréhensible -, Rossanda a cherché à récupérer de la défaite, à aligner un parcours culturel et humain qui s’était consumé. Il Manifesto fut un compagnon décisif pour la politisation et la participation politique de générations entières, y compris dans les erreurs et les incompréhensions. De ce périodique, par-delà le maintien d’un point de vue rigoureux sur des questions se rapportant à la classe ouvrière, au rôle de la gauche, aux avatars du communisme et du socialisme ou au débat international – l’édition spéciale de Il Manifesto publiée après le coup d’Etat polonais contre Solidarnosc fut mémorable – Rossanda a toujours maintenu aussi une vision consistante des garanties constitutionnelles, s’engageant en première ligne contre le montage du procès du 7 avril, en défendant Toni Negri et en restant désillusionnée devant sa fuite (comme le rappelle Toni Negri lui-même dans son autobiographie). Et elle s’engagea à fond dans la défense de Enzo Tortora [condamné injustement par la justice italienne, sans garanties juridiques], en donnant publiquement, en 1984, son suffrage à l’ancien présentateur de télévision, candidat sur la liste des radicaux [le Partito radicale, défenseur de nombreuses causes ignorées par la gauche traditionnelle, et plus particulièrement les droits civils] pour les élections européennes de cette année.
Il est impossible de reconstruire la quantité des interventions et des prises de positions de Rossana Rossanda. Il reste seulement le souvenir d’un morceau du 20e siècle qu’elle nous laisse après avoir vécu le choix d’un camp exclusif et décisif. « Un choix de raison. Il se peut que le fait d’avoir souffert dans ma propre enfance le fait d’avoir été arrachée à mes parents à cause du tremblement de terre de 1929 ait déterminé une intolérance à mener une vie dirigée par d’autres, une intolérance qui ne m’a pas abandonnée. Ce n’est pas une théorie, c’est une partie de moi-même. Comment supporter que la majorité de ceux qui naissent n’aient même pas la possibilité de penser qui ils sont, ce qu’ils feront avec eux-mêmes, l’aventure humaine brûlante abandonnée ».
Rossana Rossanda va nous manquer tellement.
Salvatore Cannavò