Elle n’a pas souhaité s’exprimer à son arrivée à l’aéroport militaire de Villacoublay, dans les Yvelines, et le chef de l’Etat n’a pas non plus pris la parole devant les caméras. “Les Français se réjouissent avec moi de vous revoir enfin chère Sophie Pétronin. Bienvenue chez vous !”, écrit-il sut Twitter.
Celle qui était la dernière otage française dans le monde et l’opposant malien Soumaïla Cissé avaient été transférés jeudi soir à Bamako à bord d’un avion de l’armée malienne.
Deux otages italiens, Nicola Chiacchio et le missionnaire Pier Luigi Maccalli, qui étaient également détenus dans le nord du pays, théâtre d’une insurrection djihadiste, ont eux aussi été libérés, selon la présidence malienne.
Elle a indiqué sans plus de précision que ces libérations avaient été obtenues grâce aux efforts des services de sécurité maliens et à des partenaires internationaux.
Les autorités maliennes et françaises n’ont jamais confirmé, ni démenti que des négociations étaient en cours.
Peu après l’annonce de sa libération, le président français avait remercié “tout particulièrement les autorités maliennes pour cette libération” et les avait assurées “de l’entière volonté de la France de soutenir le Mali dans la lutte qu’il mène avec persévérance contre le terrorisme au Sahel”.
“JE N’Y CROYAIS PLUS”, DIT SON FILS
Âgée de 75 ans, Sophie Pétronin, qui dirigeait une petite ONG franco-suisse d’aide aux enfants souffrant de malnutrition, a été enlevée le 24 décembre 2016 à Gao, dans le nord du Mali.
Dans une vidéo diffusée en juin 2018, la dernière en date, elle était apparue très fatiguée et avait interpellé Emmanuel Macron, lui reprochant de l’avoir “oubliée”.
En novembre de la même année, ses ravisseurs avaient publié un communiqué faisant état d’une “dégradation de sa santé” en rejeté la faute sur le gouvernement français dont, selon eux, “l’obstination” a “empêché” la clôture de cette “affaire”.
Le 1er avril dernier, on apprenait que les autorités françaises détenaient une “preuve de vie” de Sophie Pétronin remontant à “début mars”, selon son fils, Sébastien Chadaud-Pétronin.
Ce dernier était parti mardi pour Bamako dans l’espoir d’une libération prochaine de sa mère. “Ça fait quatre ans que je dis que j’y crois et je suis un grand menteur parce qu’il y a un paquet de fois où je n’y croyais pas. Et puis là, je n’y croyais plus”, a-t-il réagi jeudi soir au micro de France Info.
Opposant populaire, Soumaïla Cissé, qui fut ministre des Finances entre 1993 et 2000, avait été enlevé pour sa part en mars alors qu’il faisait campagne dans la région de Tombouctou, dans le nord du pays.
UN SUCCÈS POUR LE NOUVEAU POUVOIR MALIEN
L’annonce par la présidence du Mali de la libération des deux ex-otages a mis fin à plusieurs journées de tensions où des informations contradictoires ont circulé sur leur sort.
L’espoir d’une libération prochaine a pris forme lundi quand plusieurs sources au sein des services de sécurité ainsi qu’une source diplomatique ont indiqué que les autorités maliennes s’apprêtaient à relâcher des dizaines de combattants djihadistes présumés dans le cadre d’un échange avec Sophie Pétronin et Soumaïla Cissé.
La libération des quatre otages est un succès majeur pour les nouvelles autorités provisoires du Mali.
Le Mali, théâtre en août d’un coup d’Etat militaire contre Ibrahim Boubacar Keïta, est dirigé aujourd’hui par un conseil de transition présidé par Bah Ndaw. Le colonel Assimi Goïta, qui a dirigé le putsch du 18 août, est resté au sein de l’exécutif en tant que vice-président chargé des questions de sécurité et de défense.
Reuters Staff
Bureau de Paris, avec Paul Lorgerie, Tiemoko Diallo, Souleymane Ag Anara et Cheick Diouara à Bamako, Tangi Salaün à Paris ; version française Jean-Philippe Lefief, édité par Henri-Pierre André