À la mi-août, le Premier ministre indien, Narendra Modi,, a annoncé la création d’un groupe de travail sur l’âge minimum d’accès au mariage. Il pourrait ainsi être repoussé de 18 à 21 ans pour les femmes. La mesure pourrait être prise afin de “réduire le taux de mortalité maternelle à l’accouchement et en couches, et de lutter contre la malnutrition”, rapporte l’Indian Express. Actuellement, l’âge minimum est fixé à 18 ans pour les femmes et à 21 ans pour les hommes.
Mais Abhijit Das, un administrateur du Centre pour la santé et la justice sociale, se demande dans les colonnes de The Wire si l’Inde a besoin d’une nouvelle législation sur le mariage. La mesure, qui date de l’Hindu Marriage Act (1955) et a été renforcée par la loi interdisant le mariage de mineurs en 2006, “est rarement appliquée de façon stricte” parce que les parents “font comme bon leur semble”. Ces mariages sont “célébrés avec la bénédiction des notables de la société”, pointe-il.
Une loi pas “favorable à la jeunesse”
Il analyse les éventuelles “complications” qui pourraient se produire avec cette possible loi qui n’est pas “favorable à la jeunesse”. Avec ce changement, “les femmes entre 18 et 21 ans seront censées rester vierges jusqu’à leur mariage”, explique-t-il.
“Elles seront contraintes de renoncer aux relations sexuelles jusque-là, et celles qui ne se plieront pas à la norme s’exposeront au déshonneur. Leurs partenaires, eux, risqueront d’être accusés de viol.”
Puisque l’âge légal pour se marier est différent selon qu’il s’agit d’une femme ou d’un homme, la solution pourrait donc être de baisser le seuil minimum des hommes. Mais, là encore, “cela n’apparaît pas comme une mesure adaptée à la situation”, selon lui.
Une augmentation des mariages d’enfants
Les discussions autour de cette proposition de loi arrivent dans un contexte d’augmentation du nombre de mariages d’enfants. “D’après le ministère pour la Protection de la femme et de l’enfant, pendant le confinement,, qui a duré de la fin de mars à juin, 5 584 appels ont été reçus à travers le pays pour signaler des mariages de mineurs”, rapporte Scroll.in.
Un membre d’une organisation de protection des enfants raconte qu’il recevait moitié moins d’appels avant le confinement. “En ce moment, on peut célébrer les mariages chez soi, avec moins de 10 invités, c’est bien pratique”, explique-t-il au site indépendant indien.
Écoles fermées, exode des migrants de l’intérieur hors des villes ou encore manque de sécurité financière : Scroll.in cite la pauvreté comme principal facteur à l’origine de cette hausse.
Ces dernières années, le nombre de signalements de mariages de mineures a augmenté grâce à une plus grande sensibilisation, notamment d’autres enfants ou de voisins, souligne pour sa part The Straits Times..
Anne-Laure Juif
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